Pleins Feux Sur : Roody Roodboy

« Le  prince du rap kreyòl » | (Port-au-Prince, 1988)

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Roody Roodboy

Né Roody Pétuel Dauphin, son père ayant eu l’idée de lui glisser Pétuel comme second prénom ; du fait, qu’il ait pris naissance un 27 Juin, jour du Perpétuel Secours. C’est dans la zone vivace et populaire de Cité Militaire que Roody a grandi. Banlieue rompue de manifestations culturelles, sociales et musicales. Laquelle a représenté le parage de groupes aussi fameux que « Les Ambassadeurs », « Bossa Combo », « Les Deuts » et autres. Suivis par d’autres formations successives qui ont défilé à travers les époques et les vogues. C’est ainsi que l’adolescent Roody a évolué dans une atmosphère infatuée de multiples résonances. Qui ont bien cajolé ses années tendres ; durant lesquelles il fréquente périodiquement les établissements : Dominique Savio, Roger Anglade et le Lycée Toussaint Louverture.

Des étapes entre lesquelles, il mijote son éclosion d’artiste. Pourtant les bouleversements sociaux politiques entamés par la canaille ‘’Grenn nan bounda’’, pour empêcher la célébration du glorieux bicentenaire de notre indépendance en 2004, ayant subséquemment abouti au délabrement actuel du pays, demeurent pour Roody des moments déchirants qui lui ont aussi dérobé son père. Et c’est dans cette circonstance de profonde déchirure qu’il a eu la bonne fortune d’être introduit à la guitare par son oncle Mario Dauphin. Un geste salutaire qui vient à temps pour lui accorder de s’évader dans un univers intime. Puisque depuis lors, il ne s’est point séparé de la guitare. Avec laquelle il s’attelle à s’inculquer une marque musicale. Et de là, les petits couloirs d’apprentissage pour se frayer un profile dans la galerie des sambas contemporains.

Tout en se prévalant d’une orientation konpa-raga hip-hop, dance-hall etc ; avec une prédilection de rapper. Aidé en ce sens par un affinage de guitariste et un gosier pouvant naviguer au-delà du registre diatonique. S’activant pour s’incruster au temple du rap kreyòl où l’ombre de sa majesté Master Dj domine encore. En plus d’autres héritiers de poids tels : Supa Denot, Black Alex, Don Kato, Top Adlerman, pour ne citer que les plus significatifs. Tout en continuant à s’étoffer dans des ‘’jam-sessions’’ impromptus ; donnant voie aux premières prestations solitaires qui allument des adhérents, qui se retrouvent dans ce nouvel apôtre lyrique. Avec son bagage, sa singularité et son showmanship qui l’ont autorisé à faire partie des dix finalistes de la compétition musicale ‘’Digicel Stars’’ en 2008.

Récidivant dans ce concours en 2010, en s’adjugeant cette fois ci la troisième place. Une nomination qui élargit son horizon et lui ouvre de nouvelles perspectives avec le soutien d’une audience qui lui est acquise. En l’impulsant dans d’autres explorations et des escapades qui le dépistent en compagnie de Steve et Herby Azor et l’initiative Brothers Dread Production, dans l’exécution de Mizik Malè’m. Une autre étape intermédiaire qui lui permet d’alourdir son armada, afin de s’infiltrer dans la catégorie soliste. Où l’on ne se bouscule d’ailleurs pas aux portillons, avec seulement les : Jean-Jean Roosvelt, Belo et la princesse régnante des variétés locales, la sophistiquée Rutshelle Guillaume. Lesquels ont réussi au cours de cette dernière décade à émerger à la tête du peloton.

Auquel Roody tient à y souscrire, en jetant le pavé dans la mare compétitive avec son hit : Tranble qui l’auréole de la distinction de ‘Meilleur Nouveau Artiste’ en 2015. S’imposant en peu de temps comme le nouveau prince du rap kreyòl. Tout imprégné de son cachet exclusif, avec un timbre excentrique qui rime et rythme. Et déclenche comme le réveil qui sonne dans ses prêchi-prêcha et ses envolées verbales. Des marques qui le font très demandé. D’où sa collaboration en duet avec La Rutshelle dans Espéciale qui expose deux artistes représentatifs de leur lignée. Sur cet élan, c’est la sortie de son œuvre liminaire :’’ Tranble’’, contenant les morceaux : krazèd fwaye, ou fin gate m, karese m la, fè makak, rest in peace makomè, ou pa gen parèy, zokoko (avec PJ master et Master brain), pa gen 2 (avec Costy Jean), san konsyans etc, qui consolident son ascension.

En plein élan, il se fait toujours accoster par des tenants et prétendants du milieu qui veulent aussi profiter du momentum. D’où sa collaboration avec le groupe « Harmonik » dans Lage m nan cho, le « Vyab » dans le hit One night stand. Et s’est aussi imposé comme le plus actif des showmen locaux durant la pandémie. En causant des émeutes avec des foules excitées quelque- soit l’endroit où il se produisait. Tout en continuant à pondre des morceaux qui font les délices de ses fans tels : yo paka bare m, m’anvi wè peyi m, Oh nah nah, mimi miaw, luv the way, fè bouda w tik tok etc. Ainsi que dans des associations avec J-beats, Carline Desca dans l’aubade mwen pa kyè et, a donné la riposte à « Djakout #1 » dans mache sou kote. Et d’autres intrusions qui l’ont projeté comme le plus acclamé artiste du moment.

Avec Rutshelle, le Rood jouit d’une base d’adhérence sans pareil. Et constitue une sorte d’étalon pour une jeunesse en quête de guides authentiques. C’est-à-dire, ceux qui donnent la preuve de leur réussite à travers leur talent ou leur dur labeur. Même quand à leur corps défendant, ils sont victimes des scories d’un milieu avec lequel ils doivent aussi compter. Et Roody en refusant de jouer pour les kidnappeurs, a prouvé que l’artiste doit être aussi un agent de conscience, pour ne pas dire conscientisation. Et pour cela, il mérite bien le respect des doctes et du public qui demeurent la suprême révérence. La même chose ne peut être dite au sujet de Arly Larivière et du groupe « Enposyb » qui se sont vautrés comme des serpents dans la poussière pour les dollars mal acquis des chefs bandits du phtk.

En plus de cette image de père de famille responsable qu’il véhicule. Qui est tout aussi rafraichissant dans un monde où les valeurs sont avilies et piétinées. Dans la mesure où ce n’est pas du drame ou des gammes pour la galerie. Tout en admettant que les vrais caractères ne sont reconnus qu’après une succession d’épreuves  endurées à travers les hauts et les bas. Ce qui n’est pas le cas pour quelqu’un qui n’est qu’à l’aurore de sa carrière musicale. Nonobstant ‘’ qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années’’. Ce qui pourrait maximalement se refléter dans ses œuvres à venir. Conditions sine qua non pour se maintenir au piédestal de prince du rap kreyòl au pays de Master DJ.

 

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