Pleins Feux Sur Riva Nyri Précil

« Une étoile éclectique » | Brooklyn, NY – 1989

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Riva Nyri Précil

Riva s’est intronisée affichant une allure discrète, mettant aussi le grappin dès l’enfance sur une diversité d’expressions culturelles et artistiques. Lesquelles toutes emplies d’ascétisme spirituel d’origine et d’autres ramifications analogiques qui en ont fait notre artiste féminine la plus syncrétique. Particulièrement la musique dont elle a su faire montre en de multiples aspects, découlant de différentes mais profondes généalogies. Née à Brooklyn d’une mère états-unienne de souche russo-irlandaise, Michelle Karshan, est devenue Haïtienne par association du fait de son union avec un Haïtien et elle a aussi animé une émission de radio dans la communauté. Alors que son père Prival Précil était une figure familière comme journaliste qui par la suite avait choisi de retourner au bercail lors de la première ascension d’Aristide. Entre les aléas des multiples combats, le retour d’exil de ce dernier offre une nouvelle opportunité pour la famille de s’installer en Haïti avec leur petite fille.

D’autant que sa mère Michelle est devenue Attachée de Presses pour les Affaires Etrangères du gouvernement. C’est donc avec précocité que l’enfant Riva est lâchée dans ce grand grenier multi artistique qu’est la culture haïtienne. Et, s’est incidemment initiée au théâtre avec La Troupe Atelier d’Edoision, la danse avec Viviane Gauthier et Artchodanse. Peinture et sculpture sous la direction du légendaire Tiga Garoute. Ce qui l’a autorisée, encore enfant, à dispenser des cours d’art dans ces disciplines à d’autres mômes du coin. Mais, c’est surtout la chanson qui s’est avérée son moyen d’extérioriser ses émotions à la fois vocales et verbales. D’autant qu’elle est tributaire d’une culture globale. Grâce à sa mère, elle s’est très tôt inculquée du jazz vocal sous les influences de monstres sacrés telles : Ella Fitzgerald, Billie Holliday et Sarah Vaughn.

Et une largesse d’esprit familial qui lui a permis aussi jeune d’assister et de s’intéresser aux cérémonies vodouesques. Et de pouvoir pénétrer l’univers des rythmes traditionnels et de leurs complexités. Et d’avoir été dans l’entourage du groupe « Ram », dont la chanteuse vedette Lunise Morse fut son idole. Une expérience vitale pour la jeune Riva qui s’imbibait bien de la richesse culturelle haïtienne. Jusqu’à ce que le mouvement “Grenn nan Bouda” de 2004 qui allait mettre le pays à sac, n’a pas permis aux gens de bonne volonté d’y demeurer. Avec la dislocation des institutions du pays et l’instrumentalisation de la violence qui ont obligé Riva et sa mère à regagner les rives new-yorkaises où elle a fréquenté la Laguardia High School of Music & Performing Arts, se spécialisant dans l’art vocal. Subséquemment, elle a pris le palier supplémentaire au Loyola University of New Orléans, s’attelant à la guitare et au piano et sortant ultimement avec un diplôme en thérapie musicale.

Une étape qui l’a relocalisée au Beth Israël Hospital de NY, où elle a fait sa résidence. Et d’autres itinéraires hardis qui ont débouché sur sa rencontre avec le talentueux musicien et artiste Monvelyno Alexis. De suite une connection s’est établie entre les deux. Une nouvelle idylle romantico-musicale a pris naissance et l’orientation artistique a été en plus partagée. Notamment dans le domaine de la musique conceptuelle ou avant-gardiste, dans laquelle Riva a toujours voulu s’impliquer. Avec son accointance des vibrations planétaires incorporées dans les thématiques des rythmes ancestraux haïtiens ; tout infus d’ornements jazzistiques et d’autres émanations. Que Riva a su amplement transporter de son timbre allégorique et éthérée au gré d’une expression ascétique mais galvanisante. Qui s’est avérée de boussole aux multiples prospections requises. Faisant déceler une collection exquise d’une fusion de modulations, dans la concoction de sa sphère phonique.

Avec Monvelyno Riva elle s’est bien introduite dans les milieux ambiants de NY et de ses environs. Dans des prestations qui ont confirmé sa potentialité. Et éventuellement, la sortie de son premier opus solo “Perle de Culture”, à travers lequel elle a mis en évidence toutes les références acquises, dans quinze morceaux d’attestation : Legba, Danballa, papa loko, Makaya, se bon, kriye bòde, chita la, atibon, Moyiz dezo, twa fèy, batala, nan dòmi, ou fèm, ti zandò, zantray lavi ; établissant sa mission de revalorisatrice des multiples rythmes sacrés et profanes du terroir ayisyen. En plus de sa posture de prima donna qu’elle prend plaisir d’étaler dans ses chants de lamentation. Et de sa façon de maitriser les rythmes les plus solennels : rabòday, yanvalou, maskawon, ibo, petro, mayi, banda elat. Qu’elle imbibe à dessein d’un phrasé aux intonations exquises et de vocalises métaphoriques qui consistent à nous ramener le passé au présent.

Riva s’implante de plus en plus dans les milieux de la culture authentique haïtienne par des voix et voies princières.

Une impulsion nouvelle pour Riva qui s’implante de plus en plus dans les milieux de la culture authentique haïtienne par des voix et voies princières. Toujours en s’en acquittant avec de multiples cordes à son arc. Dans des prestations avec Monvelyno avec leur initiative collective « Bohio ». Promouvant parallèlement sa marque de bijoux d’attraits traditionnels “Love Nyri”. Après s’être préalablement affirmée comme auteure dans ce livre de contes enfantins : ’’Anaëlle et Lasirèn’’ en 2015. Tout en dispensant des cours de danse. Mais surtout en maintenant son caractère de gardienne des traditions inaltérables d’Ayiti ; qu’elle n’entend pas galvauder. Ayant avec son mari décidé de se faire l’étendard d’un ascétisme culturel qui transcende même les aspects de leur vie personnelle, sans démagogie.

Et c’est à partir de ces bases profondes que Riva tient sans cesse à affermir ses repères à la fois multidirectionnels et originaux. Avec une perpétuelle quête de s’innover à la croisée des chemins, en guise d’une versatilité impeccable. Qui l’habilite à contourner tous les genres ; incluant le zouk et le konpa dont elle a animé les bistrots de la ville de Brooklyn, son domaine, et dont elle est devenue la tête d’affiche féminine. Comme elle est capable aussi de galvaniser les grandes salles de spectacles et les espaces en plein air. Tout en assumant avec panache ses rôles de mère, d’artiste divers et compagne d’âmes et d’art. Avec une personnalité exubérante, une générosité à rebrousse- poil, une beauté naturelle et une armada artistique à partager dans toutes ses factures.

Riva persiste dans ses démarches abondantes et vient juste de nous agrémenter d’une nouvelle œuvre “Dodo Titit”, destinée aux enfants ainsi qu’aux les adultes qui se remémoreront des souvenirs indélébiles. Dans une production qui a pour but de perpétuer des traditions qui méritent bien d’être préservées. Et c’est avec savoir-faire que Riva a encore atteint les connaisseurs dans sa trajectoire montante pour la révérence du grand public.

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