Pleins Feux Sur Jensen Desrosiers

« Un métronome avisé » | Port-au-Prince – 1965

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Jensen Desrosiers

Avec une prédominance confortable dans l’environnement du music-hall, tout au cours de la décade des 1990’s lui ayant façonné une visibilité en guise d’une trajectoire prolixe, Jensen a surtout été élevé dans l’atmosphère culturelle du Centre -Ville de Port-au-Prince. Imbu de toutes les caractéristiques dont peut se munir un urbain accoutumé à toutes les tonalités en vogue. Ce qui allait inévitablement le doter d’une vocation de musicien. En fait, dès l’adolescence il s’emploie à être un travailleur de l’ombre. En choisissant le Tuba à la Fanfare du Collège Frères Adrien à la Place Jérémie au Bas-Peu-de-Chose. Où le prétendant musicien commence à se faire des perceptions. Lesquelles vont l’atermoyer de l’art majeur; lorsqu’il a rejoint comme percussionniste un petit groupe du quartier de Nemours nommé «Konpa Choucoune ».

Lequel groupe reçoit les conseils salutaires du créateur du konpa lui-même. A la prochaine étape, Jensen se paie le luxe de faire des ‘’gigs’’ avec le « Dixie Band ». Jusqu’à son installation à New-York au milieu des années 1980 ; où entre des études de H.S à Brooklyn il persiste dans sa démarche d’être un saltimbanque. C’est à Erasmus High qu’il va faire la rencontre d’un autre aspirant bateleur du nom de ‘Sexy’ Frantzy Larèce, qui s’est rendu compte des capacités artistiques et organisationnelles du nouveau venu. En l’invitant à venir apporter son aptitude dans la coordination des célébrations communautaires du lycée. Cette association va l’emmener à la base ‘’brooklynite’’ qu’anime les frères James et Jean Pierre ‘’captain jean’’ Provilus. Qui de leur côté ne sont nullement enclins aux rythmes du terroir.

Jensen va sortir le grand jeu comme musicien, arrangeur, vocaliste, compositeur qui a mis son empreinte dans viktwa, tisouvni et autres

Préférant plutôt adopter des approches afro-caribéennes. Dans la prospection des : calypso, reggaie, raga, soca, rap, dance-hall, rock ; avec leur groupe aux appellations successives : « Moon Light » puis « The 5 Brothers ». A cette étape, l’ensemble s’est agrandit avec les : Lemy Raymond, King Kino et un jeune immigrant nommé Jensen Desrosiers. Qui va leur conseiller de privilégier les allures et vibrations locales. En explorant le konpa et aussi le zouk encore peu connu dans la diaspora. A même de leur glaner une audience haïtienne ; seule apte à les sortir de l’anonymat. Ce qui les a conduits à l’épisode des « Partners ». Un groupe de jeunes épris de musique qui ont trouvé résidence dans la mansion des Frères Provilus à East 26th à Brooklyn. Apprenant tout un chacun leur canevas respectif ; en mettant à l’épreuve leur versatilité.

C’est dans ce contexte que Jensen s’est éclos au milieu d’études supérieures à Brooklyn College et dans un petit boulot de technicien au journal Haïti Progrès. Entre l’apprentissage vocal et sa passion pour la batterie à laquelle il va s’atteler. Tout en tissant un style autonome, dans la pure tradition des ‘’drummers’’, en se servant de toutes les panoplies percussives avec  efficacité; comme disciple du légendaire Herman Nau et de son idole Tuco Bouzi. Et en cultivant parallèlement ses sujets dans des groupes de gospel et d’autres collaborations avec Carlito Coupé. A cette intersection, il s’inspire des dosages et du modernisme de son contemporain Joël Widmaïer. Et s’affirme en représentant valable de la nouvelle filiation, en figure représentative de cette formation qui peine encore à sortir de l’ombre. Jusqu’au retour de Kino, sorti d’un ‘’stint’’ avec le « Kajou », ce qui va entrainer l’éclatement des « Partners » et conséquemment la naissance du « Phantoms ».

A partir de cette double association, Jensen va sortir des sentiers battus comme leader charismatique des « Phantoms » ; alors que King Kino en est la vedette emblématique. En tant que co-meneurs d’un ensemble qui va vite bruler les étapes avec l’album liminaire :’’ Louvri baryè’’. Lequel va marquer l’ascendance de la bande dans l’arène du show-biz local. Et conjointement à l’émergence du mouvement Lavalas auquel il donne son adhésion. A partir d’un activisme dans le HEAR, instrumentaire de la grande marche contre le FDA ; qui a fait trembler le pont de Brooklyn. A l’entame s’ensuit l’opus : ‘’Fò w pa bouje’’ qui va les imposer comme le plus dominant groupe du milieu ; les mettant aussi sur un piédestal à cause de leur rejet du coup d’état sanglant que venait de subir le président Aristide.

A ce carrefour, Jensen va sortir le grand jeu comme musicien, arrangeur, vocaliste, compositeur qui a mis son empreinte dans : viktwa, tisouvni et autres. Mais aussi en artiste polyvalent et batteur auréolé d’un style abondant tout en densité ; sachant infuser du support à l’harmonie, alliant souplesse et spectaculaire. En plus des nuances sonores faites de ponctuations impromptues, d’un jeu stimulant agrémenté d’effets spontanés qui le caractérisent en batteur moderne et modèle. Puis, arrive l’œuvre :’’Rezirèksyon’’, un double cd assez sensationnel qui les a remis sur orbite. Auquel il a contribué les morceaux : je veux t’aimer, lanmou ki kòmande, crazy party, monkonpè, rezireksyon etc. Dans une production qui coïncidé avec le retour de Aristide de l’exil. Et fait du groupe la grande attraction du moment.

Ce qui a eu pour effet de leur donner l’envie de se frotter à la politique, spécialement Jensen et son alter ego Kino, ce qui va altérer la bonne marche du groupe. Lorsqu’ils ont un peu relégué leur engagement artistique à l’arrière-plan. Ce qui s’est produit dans l’enchainement des œuvres : ‘’Granmoun pa jwe’’, ‘’We gonna fly’’, ‘’10 ans déjà’’ auxquelles il concourt les pièces : lavi, egal-ego, manman, misyon enposib, men konpa, asirans lanmou, we gonna fly, tune up kreyòl, respè, konpa y2, koudeta, konfesyon elt. Qui prouvent encore sa capacité à rebondir, malgré une baisse dans la qualité. En plus de ses multiples occupations comme : activiste, producteur, entrepreneur, promoteur, planificateur qui vont aussi l’éloigner de sa vocation musicienne. Et l’habilitent à être ordonnateur du dernier Carnaval du maire Manno Charlemagne à Port-au-Prince.

Et aussi comme co-organisateur du ‘’Haitian Award’’ de la Floride, sous la houlette de la précieuse reine Cynthia Blanc dont personne dans ce milieu n’a pu jusque-là égaler le sens organisationnel. Et d’autres initiatives qui ont propulsé ses zones d’ombre. Telles : ’’Les 32 Titres d’or d’Ansy Dérose’’ ainsi que ‘’Les Adieux de Ansy et Yole Dérose’’ au Brooklyn College dont les recettes ont été dilapidées par un certain Junior Mc Enro, sous sa supervision. Et bien d’autres activités qui vont détourner Jensen de ses fonctions et responsabilités avec le « Phantom ». Pendant que King Kino en proie à des ambitions politiques, fait le va et vient au pays. En plus des crises intestines qui vont déstabiliser le jeu d’ensemble et l’hégémonie du groupe. Ce qui est ressenti dans l’album :’’Fwèt kash’’. Notamment avec la mise à l’arrière-plan du claviériste ‘’Captain Jean’’ dont la marque orchestrale constituait le fond sonore et original du groupe.

Jensen est toujours engagé dans des revendications politico-sociales

C’est ainsi que le « Phantom » va s’alanguir dans les méandres de la dissension et de l’évasion avec le départ de Kino. Et de Jensen qui de son côté fait les allées et venues entre Port-au-Prince, N.Y et la Floride qui est devenue sa base ; en bossant pour Farah Juste dont il devient le directeur musical. Laissant le groupe en lambeaux. Par le temps d’une tentative de rafistolage avec le cd :’’ Okxygèn’’, le glas avait bien sonné pour les ‘’Zombis méchants’’. Balayés, comme leur rival « Zin » par la sonorité des groupes plus modernes. Mais, il n’abjure point ses réflexes d’artiste et continue à défricher d’autres aspects des percussions avec des musiciens d’avant-garde comme Monvelyno Alexis parmi d’autres. Tout en renouant avec les affaires dans le projet du bistrot dansant’’ Tonèl’’, en compagnie du bon ‘’Captain’’ Jean Provilus et du guitariste Lémy Raymond. Entreprise qui a commencé à améliorer l’aspect chaotique de cette périphérie de Brooklyn avec ces activités culturelles et ambiantes. Mais, tout a tourné en eau de boudin.

Entre autres démarches qui lui font souffrir du syndrome de la grosse tête, il devient le lieutenant du candidat à la présidence aux sélections de 2012, Jean Henry Céant ; au grand dépit des lavalassiens authentiques dont il se réclamait. Toujours au four et au moulin, le mec n’en démord pas. D’ailleurs, il a toujours tenu à se distinguer en père responsable pour ses enfants. Toujours engagé dans des revendications politico-sociales qui le placent en potentiel ‘’chef boukman’’ des artères du Kings County. Entretenant toujours ses bases d’activiste en herbe. Aujourd’hui à la merci d’une trajectoire dont il dit lui avoir donné de fiables perspectives à l’aurore d’un âge certain. En gommant ses zones d’ombre à la mesure d’une destination guidée par une tête aguerrie.

C’est dans cette veine qu’il a annoncé la réouverture du ‘’Tonèl’’ pour l’été prochain. Dans le nouvel immeuble à l’enclave des Avenues Flatbush et  Bedford. Pour dire que l’homme a évolué et entend faire triompher ses zones de lumières. Tandis que l’artiste dont l’âme musicienne n’a pas tari s’est dit toujours en chantier d’une œuvre quelconque à venir. Il faut toutefois dire que ses récentes réunions avec le « Phantom » ont prouvé que ses capacités de percussionniste sont restées intactes.

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