Pleins feux sur : Jean Maurice Mathurin

« Un batteur percutant » | (P-au-P, 1959)

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Debout à partir de la gauche : le batteur Jean-Maurice Mathurin, Isnard Douby, Ronald Smith et Timitou. Assis : Réginald Benjamin et Ernst Vincent

Ayant immigré enfant avec sa famille aux E.U, Ti-Jan pour sa part s’est initié à la                musique dans la fanfare de son High School, en jouant la clarinette. C’est ainsi que dans l’intervalle, il commence à se faire une idée des percussions. En plus que son cousin Mathurin était le batteur du groupe « Baby Jazz ». Pendant que son intérêt pour l’art de l’impulse s’est agrandi, en voyant jouer Herman Nau et Arsène Appolon, deux masters haïtiens de la batterie.   Pourtant, c’est en observant l’extraordinaire Tico Pasquet performer le tube ‘’La tulipe’’, alors que « Les Gypsies » sont établis à NY, que Jean Maurice est tombé à la renverse. Abandonnant pour de bon la clarinette de son High School pour la batterie. A partir de là, il a commencé à se façonner en autodidacte un style plutôt pluriel.

Jetant son dévolu sur tous les instruments percussifs tels : le tambour, le bongo, le      gong, les timbales, la batterie etc. Devenant de ce fait un adhérent persistant ; parcourant durant les fins de semaine les night clubs de la communauté. Toujours muni  d’une paire de baguettes ; espérant qu’un chevalier du trille, qu’il soit Herman (Tabou), Arsène (Skah-Shah), Smith (Shleu-Shleu), Lavelanet (Djet X), Ramponneau puis Tuco Bouzi (Déjean) va lui donner une ‘’passe’’ (Tuco dit-il étant le seul à ne lui avoir pas donné du respect et qu’il fut satisfait de déboulonner lors d’un spectacle entre le « System » et le « Dixie Band », en Haïti, satisfait d’avoir pris sa revanche). C’est ainsi que sur le tas, Ti-Jan s’est bonifié dans l’art de cogner la batterie dans un style libre et percutant. De là, il est repéré par les promoteurs et, entre la ronde des groupes obscurs, il est installé avec le « Delta Express », au sein duquel il s’adonne à maitriser les artilleries d’entrechoquement.

Ti-Jan s’est bonifié dans l’art de cogner la batterie dans un style libre et percutant.

Le déclic s’est produit au cours du printemps 1980. Alors, que le « System Band » venait à peine d’être formé et que soudainement le batteur attitré et membre fondateur Ernst Ramponneau avait décidé de rejoindre le « Skah-Shah », dont le batteur Appolon avait désisté. En conséquence, Ti-Jan est appelé à la rescousse pour remplir ce vide. C’est ainsi qu’en témoin privilégié, j’ai vu un jeune et timide, mais talentueux batteur procédant avec assistance et, montrer de quel bois il se chauffe, pendant que certains n’y croyaient point. Prenant dès le début ses responsabilités en main pour qu’à partir du premier album ’’ Ban m pase’’, personne ne se soit souvenu de qui était là ou aurait dû être à sa place. Car, Jean Maurice Mathurin avait rempli sa mission de métronome du groupe. En prenant dès son éclosion une part prépondérante à sa fulgurante ascension.

Avec son rythmique resplendissant, scintillement de cymbales, roulement de la grosse caisse, ‘’rim-shots’’ etc. Un soutien dominant, son intuition, sa sensibilité, sa créativité et une allure génératrice de tempo qui ont contribué au règne prépondérant du ‘’konpa-makyavèl-siromyèl…’’ dur et doux. Et cela, durant plus d’une décade au cours de laquelle le groupe a causé des émeutes et occupé le top des chartes ; tout en devenant une maquette pour les groupes konpa. Pendant que l’allure Ti-Jan est devenue un modèle calqué par de nombreux suivistes. Ce qui n’est pas resté inaperçu, puisque Mathurin est réclamé pour mettre l’accent dans des œuvres de : Farah Juste ‘’Ban m pase’’, l’album ‘’ « Wanted & Co » de la Guyane Française, The Electrical Haïtian Orchestra, le disque du groupe « Exodus » ; entre quelques collaborations qui l’ont autorisé à mettre en évidence ses facettes multiples. Incluant un disque ‘’en solo’’ sous l’appellation de « Les Gypsies » qui lui a permis de revisiter les fresques de son idole Tico Pasquet.

Cependant, après plus d’une quinzaine d’albums : Ban m pase, Woula wop, Vacances, Jako, Moun moun nan, Lage kò w, Moun sou moun, Lavalas, Dom laj, Anita, César, Jan l pase l pase, Avèg, Viagra, Lan bildig lan, Konbèlann et latriye, les clignotants ont commencé à se refroidir pour un ensemble qui s’est enlisé de plus en plus dans la voie des paradis artificiels. Et Ti-Jan qui de son côté doit être temporairement suppléé par Michel Blaise ; afin de faire face à un cure de désintoxication. Revenant revigoré, cogneur inamovible pour animer le banc arrière  du groupe à coups de baguettes et de motifs. Tout en causant des flots dans la prédominance du konpa moderne. En 2011, après 31 ans sur les charbons ardents et de multiples départs et retours dont : Céran Jr., Harold Joseph, Lesly Douby, Jean Vonsky, Tinès, Réginald, Ronald Smith, T-Mitou (dcd), entre autres. Le groupe s’est finalement désintégré, en perdant tout de son essence, puis supplanté par la nouvelle vague musicale.

Malgré une tentative de regroupement du maestro Isnard en 2014 qui n’a pas fait mouche. Le « System » s’est depuis confiné dans des prestations sporadiques. Et ce 25 Juillet 2020, se prépare à un ‘’Live-Stream’’ à l’occasion de leur 40 ans. Quant à T-Jan, toujours au poste, il s’attend à faire revivre à ses fans ces moments qui ne reviennent pas. C’est ainsi qu’au cours d’un bref entretien téléphonique, je lui ai laissé le mot de la fin :’’ Pour ma part Ed, je te remercie d’avoir pensé à moi, même quand je ne suis plus sous les feux de la rampe. Et c’est rare dans un milieu où tout se fait par émotion ou par intérêt immédiat. Tu sais, je suis arrivé dans le monde du spectacle à l’âge de l’adolescence. Ce qui a fait de moi une cible parfaite pour les malveillances et les influences néfastes. L’amour de la musique m’a beaucoup coûté, et, j’ai passé de mauvais moments. J’ai été humilié et abusé par la confrérie musicale qui a profité de mon innocence pour me faire basculer. Pourtant je reste fier de n’avoir connu que le « System band » le groupe de ma vie, en compagnie de : Harold Joseph, l’homme feeling de la bande, Tinès, T-Mitou, Bigaud ; ainsi que les autres membres qui me sont aussi chers. Mais, aujourd’hui par la grâce de Dieu, je me porte bien dans mon coin paisible de NJ. Je veux aussi profiter de cette opportunité pour m’adresser à ceux et celles que j’ai blessés même sans m’en rendre compte. Je demande qu’ils me pardonnent. Car, je suis en paix avec moi-même’’.

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