Pleins Feux Sur : Gérard Pierre

« Un artiste aux multiples facettes » | (P-au-P- 14 Février ?)

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Gérard Pierre

Un autre qui a essentiellement vécu dans un environnement imbibé de culture. Spécialement de musique et de sport. Ayant eu le privilège de grandir dans une Port-au-Prince encore vivable. Gérard est né en pleine rue sous un arbre d’acajou à l’avenue Monseigneur Guilloux un jour de Saint Valentin auréolé de soleil. Pendant que sa mère Madeleine Pierre est en route pour sa délivrance. C’est ainsi que Gérard a fleuri au centre même de la ville ; entouré des salles de spectacles : Rex Théâtre, Paramount Ciné, Montparnasse, Palace, Capitole etc. A proximité même du Stade Sylvio Cator qui reste encore le seul champ de foot du pays. Aussi bien que dans le voisinage de l’Hôpital Général, du Palais National, du Champs de Mars et des facultés de médecine, des droits et d’ethnologie. Avec tous ces symboles  d’émancipation, qui va faire croire à un môme qu’il n’est pas le mieux pourvu au monde. De plus, les meutes de ‘’22 Mai’’ et de ‘’22 Septembre’’ n’avaient pas encore pignon sur rue. Ces pauvres paysans arrachés de force de leur terre par les macoutes. Pour venir applaudir les démagogies burlesques de ‘’papadoc’’, sans pouvoir retourner à leur destination. 

Pour dire que l’invasion involontaire des pieds nus qui allaient sonner le glas de Port-au-Prince n’était pas consommé. C’est dans cette ambiance que Gérard a évolué, entre son intérêt pour le football et les arts martiaux. Puisque son frère ainé Wisler Jacques est l’un des caïds de Kung Fu et de  Judo de la ville. A la tête de « La Vérité Judo Club », installée dans l’arrière-cour même de la maison familiale. Parmi ces occupations qui remplissent le quotidien du jeune écolier, s’affirme aussi une passion inaltérable : la musique. Laquelle va de plus en plus s’amplifier avec des proches aussi célèbres que le légendaire Dor, dont les fils Kiki et Papouche sont des amis d’enfance. Avec lesquels il va s’initier très tôt à la guitare sous la supervision de l’illustre Ferdinand Dor. Et puis, jusqu’à coté, entre les rues Oswald Durand et M. Guilloux, se trouve la boutique prêt-à-porter de Paulette Sicot, la sœur du ‘’maestro difficile’’ Webert Sicot qui est aussi très attaché au gamin.

en compagnie des fistons compagnie des fistons Kiki et Papouche Dor avec lesquels il fonde un petit groupe de quartier du nom de « Tatou Combo »

Dans l’intervalle, son agio vocal va s’intensifier par le contact du jacmélien Sergo Pinson amateur des sérénades nocturnes. Reconnu pour avoir le plus vertigineux ‘’pitch’’ du milieu ambiant. De plus, le gamin hâtif va aller en besogne. En se trouvant au Lycée Firmin dès l’âge de 12 ans, après des études primaires à l’école mixte du Sacré Cœur. Avec pour prof de géométrie et de dessin industriel l’insurpassable Ansy Dérose qui va stimuler ses aspirations de vocaliste. Entre temps, l’adolescent Gérard continue d’exceller avec plusieurs cordes à son arc. D’abord comme moniteur de Kung Fu et de Judo, qui lui a valu l’appellation de ‘’Gérard karatéka’’. Ce qui ne correspondait pas à son image de gentilhomme et de baladin. Quant au foot, il est l’un des fers de lance de l’équipe interscolaire du Lycée Alexandre Pétion qu’il a rejoint entre temps. Laquelle a eu le meilleur sur une bonne équipe du Canado Haïtien ; emmenée par le toujours superbe Ponpon Vorbes et Rafa Alexis, Gérald Jean entre autres.

Cette prouesse lui a mis dans le collimateur du Racing Club Haïtien, l’équipe de foot la plus chérie du pays. Dans laquelle, il a fait ses débuts de professionnel avant de rejoindre le Victory Athletic Club qui est plutôt dans son entourage. Dans l’intervalle, il boucle ses études classiques pour se retrouver étudiant en comptabilité chez Gérard Armand Joseph. Cependant, son cœur de croque-notes prend toujours le dessus. Persistant dans ses démarches musicales en compagnie des fistons Kiki et Papouche Dor avec lesquels il fonde un petit groupe de quartier du nom de « Tatou Combo », qui performe durant les fins de semaine au ‘’Club Le Poisson’’ et ‘’Le Lambi’’ à Mariani. A la prochaine étape, il rallie dans un bref ‘’stint’’ « Les Formidables » de St. Marc à la place de la future légende ‘’Ti-Manno’’ qui venait de muter au state. Et parallèlement il devient un jeune fonctionnaire à la banque de Chicago ; puis chef-comptable à la compagnie américaine MC Gregor.

Pendant ce temps, l’artiste continue de s’affirmer dans des prestations ‘’en solo’’ de-ci de-là. Incluant une apparition convaincante au ‘’Boulo Show’’ sur Télé-Haïti qui révèle au grand public un chansonnier en devenir et dont la voix imprégnée de ‘’spleen’’ va propulser le chef de file d’une nouvelle filiation d’aspirants crooners tels : Romel, Joël Théodore, Erick Mazarin, Frantz Kam, André Dubuisson, Duval et entre autres, un certain Ed Sainvil. Et conjointement s’impose sous la direction de son ainé Wisler Jacques comme expert des arts martiaux. Un statut qui leur a valu l’attention du président de la république qui exige leur service pour entrainer les unités spéciales du Palais National. Une position qui va déboucher sur le départ de Gérard pour NY au début des années 1980. Où il a continué d’affiner son art ; entre les différentes tâches qui caractérisent la vie d’un jeune immigrant. Comme manager d’un magasin de prêt-à-porter; tout en retrouvant le chemin de l’école.

Notamment au Long Island University où il a appris le business administration. Mais aussi l’art vocal et le piano sous la commande de la Dr. Gloria Cooper ; l’habilitant à la composition. A l’entame, il sort son premier disque en solo : ‘’L’Union’’ dans la ferveur du dechoukaj-1 de 1986. Marqué aussi de profondes déchirures, causées par la mort de sa première femme Marie Jacques Pierre à laquelle il dédie le morceau Jacotte, délivré avec un soul épinglé. Suivi de l’œuvre :’’Lanmou sa a’’ qui le propulse sur les scènes mythiques de la communauté, dont le Wingate, NY Tech, Brooklyn College en compagnie de grandes pointures comme le « Skah-Shah » et autres têtes d’affiche. Sur cette lancée il sort son 3e c.d : ‘’Mwen renmen w’’. A ce carrefour, sa vie est mieux balancée avec le support de sa deuxième épouse Yvrose qui remplit ses jours. Tout en le permettant de mieux colorer ses créations.

Avec un gout poussé pour la chorégraphie et le spectacle s’est obligé de mettre un bémol à ses activités artistiques.

C’est l’époque marquée par l’éclosion d’une lignée d’aspirants chansonniers comme : Hérold Christophe, Ronald Rodrigue, Sidon Joseph, Jean Michel Daudier, Jean Claude Eugene, Michael Ange Bazile parmi d’autres qui vont être balayés par la monoculture ambiante des producteurs et programmateurs de musique dansante. Laissant cette génération comme une espèce en voie d’extinction. Si l’on considère qu’aujourd’hui qu’on a qu’un Jean-Jean Roosevelt pour se ruer solitairement dans ce domaine. C’est dans ce contexte qu’un artiste comme Gérard Pierre qui a du lui-même se produire pour survivre. Avec un gout poussé pour la chorégraphie et le spectacle s’est obligé de mettre un bémol à ses activités artistiques. Préférant se concentrer sur la vie familiale ; aidé en ce sens par Yvrose et leurs enfants qui ont quand même contribué et même prendre part à ses shows. 

Maintenant, trop occupé à être le manager général  de sa compagnie, Gérard n’a pas pour autant mis au rancart son micro, sa guitare et son piano. Au contraire, il continue dans l’ambiance familiale d’être toujours créatif dans sa maison de L.I. La preuve, sa composition ‘’Alleluia’’ propulsée sur les réseaux sociaux et inspirée  par la crise du covid-19 montre que le vin s’est bonifié avec le temps.

1-mouvement insurrectionnel qui a mis fin à la dictature sanguinaire des Duvalier et au départ précipité de ‘’baby-doc’’.

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