Pleins feux sur : Fritz Joassaint

« Un guitariste avant-coureur » | (P-au-P- ?)

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De gauche à droite: Fritz Joassaint guitariste ; Max Piquion Piano, la chanteuse Toto Bissainthe, Antoine Osselin batterie et le bassiste Ferdinand Dor (Photo Credit Serge Dor et Roland Guillaume).

Un autre musicien qui a fait ses premiers pas dans la broussaille des sonorités multiples qui ont caractérisé les sixties. Pourtant c’est à la fanfare de l’institution Saint Louis de Gonzague que Fito s’est initié à la musique ; cultivant la clarinette mi bémol comme instrument. Frivolité juvénile, puisque c’est la guitare qui est devenue son exécutant de prédilection. Lorsque constituant ce tiercé de guitaristes en herbe avec Tit Pascal, Reynold Charles et Joassaint, qui se sont appliqués en autodidacte à explorer la musique brésilienne basée sur le formidable microsillon de Charlie Parker et de Stan Getz. Lequel est resté un relais marquant dans la marche évolutive des trois amis  aspirant-guitaristes. Notamment, la méthode Tarega.

Bien que, Fito ait continué à se mettre à l’épreuve à travers des études approfondies. Particulièrement sous les directives du célèbre Dormélas Philippe qui lui a inculqué les nuances et effets complémentaires de la guitare électronique. C’est pourtant Tit qui de par sa satiété et de son flair va tenir le flambeau. Entre temps, c’est la vogue musicale ye-ye ; diffuse de rock, twist, samba nova et autres tendances d’outre-mer font rififi dans le paysage sonore local. Dans cette lignée, c’est avec les « Six As de Pétion ville » que Joassaint a initié ses pas d’artiste ; prospectant les avenues d’une carrière de musicien. Pourtant ses parents ont d’autres idées pour leur rejeton qui entre temps est le condisciple du morveux dictateur du pays,  J.C. Duvalier à Saint Louis Gonzague.

Avec « Les Diplomates », Fito s’est attelé à se faire des perspectives.

Prenant du galon, Fito est arrivé à se frayer une place au sein du fameux « Ibo Combo », toujours flanqué de Tit Pascal comme complément soliste. Avec le «  I.C », il a pris son jeu à un palier supplémentaire dans un ensemble dont il fallait savoir le faire pour y être admis. Pourvoyant son jeu fleuri de subtilités harmoniques au gré d’accords condensés. Après la dissolution de ce groupe, il co -fonde « Les Diplomates », tout juste avant l’euphorie mini-jazz avec lequel il est installé maestro. Emmenant une équipe compétente composée de : Ricot Mazarin et Peddy (chant), Millery (basse), C. Bichotte (sax), Lopez (batterie), Gaston (tambour), Enock (guitare acc.), et Fritz qui instille sa versatilité comme guitariste soliste. Dans un ensemble qui allait marquer le coup d’envoi de la génération mini. Puisque presque tous les membres sont allés se caser dans un groupe de cette tendance.

Avec « Les Diplomates », Fito s’est attelé à se faire des perspectives. Offrant même ce groupe comme podium à Ansy Dérose qui y trouve un accompagnement adéquat pour ses spectacles avec Joassaint comme chef d’orchestre. A une époque où les guitaristes émergeants se nomment : Tit Pascal, Wagner Frank, Denis et Dernst Emile, Michel Corvington, Michel Laraque, Frantz Courtois et autres, Fritz Joassaint fort de son talent et de ses connections se place en première lignée. Et de ce fait, toujours disponible pour les vedettes en quête de réplique. Dans cette optique, il a été sollicité pour accompagner Toto Bissainthe lors d’une tournée au pays, de même qu’en France. Bien qu’il fallait malheureusement mettre une sourdine à tout ça. Car, Fito devait tout laisser pour aller entamer des études universitaires à Chicago.

Pourtant là bas,  entre les études de génie électrique à l’Université d’Illinois, Fritz Joassaint n’est pas resté inactif. Profitant de l’opportunité pour s’acquérir des liaisons, tout en mettant son ouvrage à l’heure dans des ‘’jam sessions’’ de circonstance. Ce qui l’a autorisé à faire partie d’un quartet ayant accompagné le génial Aznavour à Chicago. Il fait aussi office de bassiste pour accompagner Hervé Villard l’interprète de ‘’Capri, c’est fini’’, lors d’une tournée dans les Antilles. Dans la foulée, ses études bouclées, il revient définitivement au pays en 1972. Dans l’atmosphère du 1er anniversaire de ‘’baby doc’’ son ami personnel comme président. Le temps de la ‘’jeunesse au pouvoir’’, avec la légion des fidèles : Jeannot Montès, Tipouch Douyon, Fanfan Courtois, de bien d’autres ; incluant Guy Durosier qui vient aussi s’y mêler.

Quant à Fito, il fait aussi partie de ce cercle restreint dans l’entourage du président. Bien entendu, avec ses bagages d’ingénieur de transmission et de musicien chevronné. Pourvoyant ses conseils salutaires et techniques étant qu’expert en la matière. Installant à cet effet une salle d’audition au Palais national pour satisfaire les randonnées musicales du dictateur. Comme entrepreneur, il établit à la même époque son propre studio de sonorisation à l’étage du restaurent ‘’Le Carillon’’, situé dans l’enceinte du Bicentenaire. Enregistrant pour des groupes et artistes tels : « Guy Durosier et son System », « Septent », « Tropic », « Ambassadeurs », « Bossa Combo », Ansy Dérose et autant d’autres. Il s’est aussi mué en promoteur de spectacles et de pourvoyeur de sonorisation, fondant la société de communication ELECTROCOM S.A en 1974.

C’est ainsi qu’il a été instrumentaire dans la tournée en Haïti d’artistes comme : Ron Carter, Luuis Bonfa, Rhoda Scott et entre autres, George Benson engagé spécialement pour ‘’baby doc’’ ; et qui a fait don de sa guitare G5 à Joassaint, fabriquée spécialement pour George par Gibson. Mais, marqué par son histoire avec son ami d’enfance Tit Pascal, Fito lui offre cette guitare lors d’un passage au pays, en signe d’amitié. Tout en continuant à se mouvoir dans des ‘’gigs’’ d’occasion. Comme pour démontrer qu’il tenait encore les secrets des cordes. Car, à cette phase l’entrepreneur avait pris le pas sur l’artiste. Et, en en 1980 Joassaint met un terme à ses randonnées musiciennes, afin de s’adonner exclusivement à sa compagnie de Télécommunications. Et éventuellement, à mettre en place une station de radio et tv : Magik Stéréo dans laquelle il anime des programmes musicaux.

Tout en s’adonnant de plus dans la production, en collaborant avec des artistes de souche classique comme : Micheline L. Denis, Micheline Dalencourt, Nicole St. Victor ainsi que Chœur Voix et Harmonie de l’Orchestre Philharmonique Sainte Trinité entre autres. Puis, armé de ses connections et pratiques du milieu, il est casé dans la Télécommunication par le gouvernement Lavalas. A la même époque où le régime faisait face au mouvement ‘’Grenn nan bouda’’, avec des assaillants qui détruisaient les antennes de retransmission sur les mornes de Boutilliers. En tout cas, dans la foulée Fritz Joassaint a maintenu son parcours d’expert incontournable en communication d’Haïti. Prodiguant les normes et dernières trouvailles techniques à travers les conférences dans un milieu où il a su bien se réinventer.

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