Pleins Feux Sur : Alegba Jahyile

« Un musicien itinérant » | (Barradères, 1968)

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Alegba Jahyile a permis à de nombreux afficionados musicaux de contourner le ‘’lock-down’’ en prenant d’assaut le fameux Prospect Park de Brooklyn qui a vu un déferlement de riverains dès le printemps dernier.

A force de jeter tout son pavé dans la mare musicale, Alegba Jahyile est devenu dans les contingences du Covid-19, le plus populaire musicien de Brooklyn. Pour s’être constitué au milieu même de cette pandémie, le galvaniseur, le rassembleur qui a permis à de nombreux afficionados musicaux de contourner le ‘’lock-down’’ et se défaire du stress et autres nuisances domestiques, en plus de la claustrophobie. En prenant d’assaut le fameux Prospect Park de Brooklyn qui a vu un déferlement de riverains dès le printemps dernier. Lesquels sont venus pour se délecter de la musique du groupe « Alegba & Friends » qui joue un éventail de rythmes fusionnés. Se rangeant entre le jazz et la musique traditionnelle haïtienne, aux diverses résonances périphériques. Gratifiant à chaque occasion des musiciens de divers horizons, de différents calibres et de multiples tendances qui ont tenu de longues sessions musicales pour un auditoire multi-ethnique bien new-yorkaise.

Après avoir grandi dans un entourage infatué de tant de courants musicaux ; entre les rythmes natifs aux approches urbaines, en passant par la musique congréganiste. C’est à NY, où il a immigré enfant pour retrouver ses parents qu’Alegba a commencé à tisser sa vocation de musicien inné ; d’instrumentiste ‘’touche à tout’’, apprenant tout sur le tas. Jusqu’à son initiation formelle dans les bands the ‘’H.S’’ ; jouant la flûte et le saxophone qu’il a explorés durant ses premiers ‘’stints’’ introductifs. Et qu’il va délaisser à cause de leur sonorité tonitruante qui troublait le voisinage au cours des heures de répétition. Dans cette impasse, il s’est confié aux soins du master Dernst Emile qui lui a inculqué les notions majeures de guitare ; ainsi que d’autres données indispensables à son évolution. Déjà, il fait montre de ses capacités de ‘’show-man’’, d’artiste polyvalent qui s’inspire de toutes les sonorités globales.

au cours de ces dernières années, il a complètement dominé les scènes de Brooklyn.

Puis, s’ensuivent les apprentissages consécutifs, sous la direction du ‘’jazz-man’’ Jean Chardavoine, qui peaufine son talent. Ensuite avec Tido Lavaud, duquel il a appris autant d’éléments liés à la mouvance rasin-fusion, alors que ce dernier résidait au state. C’est fort de ces acquis qu’Alegba est allé à la conquête du show-biz sans frontières. Avec son look de rasta et sa gueule d’asiate, l’image appropriée du cosmopolite au cœur du ‘’melting –pot’’ new-yorkais. En plus d’un passage au ‘’Jazz mobile’’ à Harlem. Tout en se trouvant un nid à Manhattan où il commence à introduire sa musique dans les années 1990 dans les clubs tels que : Roxy’s, Café Créole, S.O.B’s, Casa Blanca etc. Entre les couloirs étroits, Alegba a continué de rouler sa bosse dans le monde. Dans les bistrots de L.I, Queens et Brooklyn où il s’est imposé en tête d’affiche. Sans oublier les autres villes adjacentes qui s’emballent de son répertoire pluriel.

Faisant de la musique un sacerdoce, ce travailleur certifié du département de l’éducation de N.Y (board of ed.), fort d’une vocation de saltimbanque, a pris la peine de rassembler un groupe qui correspond à un vivier d’exploration. Mettant en valeur des artistes de multiples calibres, des plus virtuoses aux plus novices. « Alegba & Friends » est surtout une célébration musicale des divers rythmes du monde, avec toujours un penchant pour le vodou jazz, le konpa, koupe, rasin, le jazz-fusion, rythmes afro, saveur latine, vibrations caribéennes, hip-hop, reggae etc. Comme ça, l’auditoire a toujours l’embarras du choix avec ce vivier transmutant qui ne présente jamais la même formation consécutivement. Puisque maestro Alegba se réserve le droit d’avoir ses propres invités, dépendant de l’orientation du show.

Tout en nous réservant toujours sa part personnelle, son’’ showmanship’’, sa flamboyance, son charisme et sa versatilité qui l’autorisent à manier tous les instruments. Tout en se muant en porte-voix pour délivrer des vocalises, ruées et onomatopées convaincantes. Au gré de ses sonorités de caméléon qui le campent en animateur de choc. Et qui font qu’au cours de ces dernières années, il a complètement dominé les scènes de Brooklyn. Prenant d’emblée les bistrots de ‘’down-town’’, Coney Island, Flatbush, Nostrand, Flatlands, Crown Heights, Alegba est partout dans le ‘’King’s County’’. Ainsi que les occasions intimes et collectives qui le convoitent pour son professionnalisme. De plus sa réputation de bon payeur et de maestro généreux attire les musiciens les plus côtés. Alors, imaginez la triste réalité qui s’en est suvi lorsque le covid-19 a fait son irruption disruptive et meurtrière dans nos vies.

Avec le nécessaire ‘’lock down’’ qui a culminé au confinement collectif. N’ayant pas permis aux amateurs des randonnées mondaines et nocturnes de s’adonner à leur train-train habituel. En plus des stigmates et conséquences qui peuvent en résulter. Dès lors, Alegba est encore à la rescousse, en sonnant l’alarme dans la ville qui ne dort jamais. En s’associant au saxophoniste classique Mark Kraszewki et, quelques de ses amis au comble d’un printemps morose et dévastateur, pour offrir en plein air des spectacles musicaux’ jusqu’à son imposition au centre du fameux Prospect Park de Brooklyn. Lorsque son mouvement commence à prendre de l’ampleur. A ce point, c’est une nuée d’adeptes de toutes tendances sociales et ethniques qui le rallient. S’illustrant en vrai motivateur social, galvanisant la foule tout en leur enseignant les pas d’un yanvalou, les vibrations d’un nago, la tonitruance d’un rabòday.

“Dans tout ça, je ne fais que partie de quelque chose qui est plus grande que moi”

Avec à chaque occasion une différente formation qui permet au public d’avoir droit à un répertoire varié. En plus, les consignes salutaires du port de masques et des six mètres de distance sont respectées. En tout cas, l’initiative louable d’Alegba a pu attirer l’attention des médias locaux et ’’mainstream’’. Pour que :’’Associated Press’’, ‘’Brooklyn Reader’’, Brooklyn Daily Eagle’’, ‘’The Bedford Bowery’’ jusqu’au fameux ‘’New York Times’’ aient trouvé nécessaire de faire écho de cette épidémie musicale. Laquelle s’est répandue chaque jour, sur le coup des huit heures pm jusqu’à minuit, avec ‘’Alegba & Friends’’ qui ont pris résidence au Prospect Park, avec une température aidante, pour la délectation d’un public assoiffé de ‘’live music’’. Donnant à des familles entières, très reconnaissantes, un exutoire pour se défouler.

Pourtant, ce succès ne lui a pas donné la grosse tête. Toujours à sa façon humble, il a déclaré au ‘’NY Times’’, aussi surpris de l’impact de son initiative : ’’Dans tout ça, je ne fais que partie de quelque chose qui est plus grande que moi’’. Il est vrai que les temps qui s’annoncent n’encouragent pas aux divertissements. C’est sans doute la raison qui fait que « Alegba & Friends » aient loupé cette année chez moi, la célébration traditionnelle du ‘’Labor Day’’. Emmenant toujours à sa suite des musiciens tels que : Jean Chardavoine, Michel Nemorin, Gashford Guillaume, Pedro César, Jean Raymond Giglio, Chris Fletcher, Patrick Appollon et tant d’autres qui ont fait toujours les délices de l’auditoire de par leur répertoire varié. Quant aux perspectives d’Alegba pour ce sombre hiver à venir ? Pour l’instant, il se met à couvert comme le bon sens l’exige. Après, on verra ! Car, il suffira de lui trouver un tréteau et une audience pour qu’Alegba fasse preuve de ses moyens.

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