Peut-on compter sur la cour des comptes?

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Le tollé qui s’est répandu au sujet du vol et du pillage des fonds de Petro Caribe tendrait à nous suggérer que le temps est venu de comprendre que la période des exactions impunies des deniers publics est révolue. Et pourtant…

Tout le monde en parle dans le pays et se sent concerné en toute bonne foi. Plus de trente citoyens ont même déposé des plaintes formelles contre toutes les personnes épinglées dans le rapport de la commission d’enquête spéciale pour association de malfaiteurs, corruption et détournement de fonds publics

Cependant, il est une réalité incontournable ; certes les tactiques peuvent varier selon les circonstances, mais une chose reste certaine : la gabegie organisée passe pour être le produit d’un système pourri en agonie. La nature même du régime en place, ses principales composantes et la profondeur même de ses racines idéologiques sont autant d’éléments qui l’enveloppent et l’encouragent à intensifier ses méthodes corruptrices. En aucun cas, nous ne pouvons combattre un système corrompu par la corruption !

Puisque d’aucuns sont allés jusqu’à mettre en doute la sincérité et l’engagement de l’appareil judiciaire, c’est dire que pour certains cet appareil judiciaire aurait les mains propres. Il peut en toute honnêteté conduire une justice saine, impartiale dans l’intérêt de la nation. Celui qui peut s’imaginer un seul instant qu’un tel scenario est possible, ne comprend rien à la complicité et à l’atmosphère de collusion au sein de l’administration en place, elle qui à tous les échelons contrôle l’appareil d’Etat et particulièrement le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif.

La question importante est de savoir que cette situation faite de corruption requiert des mesures drastiques, fondamentales et structurelles, afin d’y mettre un terme. Quelle mesure doit-on concrètement prendre contre tout ce « beau monde » impliqué, inculpé dans ce vaste scandale de dilapidation des $3.8 milliards des fonds de Petro Caribe pour empêcher la répétition de tels actes ignobles ?

Quelle mesure doit-on concrètement prendre contre tout ce « beau monde » impliqué, inculpé dans ce vaste scandale de dilapidation des $3.8 milliards des fonds de Petro Caribe pour empêcher la répétition de tels actes ignobles ?

Tout d’abord, il nous faut éviter de paraître ridicules, en  tournant la population en dérision. Voyez les Sénateurs de la République ont invité le président de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, Me Arol Elie à leur donner la garantie que le rapport serait approfondi. Curieusement, Elie,  un homme mouillé jusqu’au cou dans cette sordide ambiance de corruption a répondu tout de go, avec toute sa fougue de corrompu, que le tribunal administratif est bel et bien compétent pour approfondir l’enquête sur la gestion des fonds de Petro Caribe volés. On n’en revient pas. Une telle affirmation constitue sans aucun doute la manifestation la plus  évidente, la plus indubitable du bluff  qui se cache derrière ce paravent de vérification, d’analyse et d’examen approfondis de la gestion des fonds de Petro Caribe pillés.

Comment allons-nous faire confiance à une cour pourrie à force de corruption et qui n’est rien d’autre que l’ombre de ce qu’elle va combattre? Dans la même veine, l’ancienne présidente de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA), Nonie H. Mathieu, est impliquée dans une vaste opération de détournement de quelque 37 millions de gourdes. Voilà que c’est elle qui annonce la création d’une commission d’experts haïtiens (sic) avec la participation d’experts étrangers (resic) pour effectuer le travail sur ce dossier de corruption. Quelle ironie et quelle aberration !

Autant de faits réunis qui indiquent clairement que certains accusés seront les acteurs de la tentative de justice et il est à parier qu’ils vont se faire eux-mêmes justice. Une  combine aussi macabre et louche que cynique et criminelle. Une telle conspiration contre la moralité, l’honnêteté, la simple décence exprime clairement qu’on ne peut rien changer en misant sur des pillageurs, vrais ennemis du peuple.

Nous ne pouvons pas continuer à compter sur des promesses vides, des serments creux servis par des acteurs patentés de la corruption. C’est ouvrir la voie à d’autres aventures et garantir une   impunité certaine. Nous ne pouvons pas concevoir le changement dans la prolongation de l’impunité. Il nous faut cesser ce climat de confusion, de démoralisation, de désertion de la morale.

Incroyable mais vrai, l’État haïtien est une vache à lait qui, au lieu de profiter à la nation, reste la propriété privée inclusive d’un petit groupe très restreint de bambocheurs vivant dans l’opulence et dans l’opacité de leurs pratiques criminelles, à la manière d’un gang.

Si nous ne remettons pas en cause ce système agonisant qui sous-tend le programme de corruption, c’est se laver les mains pour les essuyer dans la boue de la corruption. Ce que réclame le pays aujourd’hui, ce sont des hommes et des femmes dignes et dynamiques capables de le conduire sur le droit chemin d’un vrai changement, celui passant par le socialisme.

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