Note pour la presse
Quel suivi a été fait sur le dossier des 31 jeunes adolescentes et filles victimes de la traite des personnes le 5 Février dernier ? Un mois après. Pour ce cas classique, tous les indicateurs montrent qu’il s’agit de la traite de personnes (Recrutement, transport, hébergement, tromperie, etc) à des fins d’exploitation sexuelle. Les instruments juridiques internationaux et haïtiens sont assez éclairants, notamment l’article 3 du Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ; également la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, convention ratifiée par le Parlement haïtien et entrée en vigueur suite au le décret du 12 mars 2009. A cet ensemble juridique international s’ajoute l’article premier de la loi haïtienne sur la traite de personnes publiée le 2 juin 2014. Toutes les conditions sont donc réunies pour justifier qu’il s’agit bien d’un cas de traite de personnes à fin d’exploitation sexuelle et d’autres qu’on ne peut guère imaginer.
Le commissaire du gouvernement Me Jean Danton Leger a déclaré « dans la chambre des trafiquants on a trouvé des produits assimilables à la marijuana et de la cocaïne», « des images des trafiquants habitués à abuser des mineures et autres ». Plus d’un mois après, quelle est la situation des victimes? Jusqu’à date, elles n’ont reçu aucun accompagnement tant sur le plan psychologique que social. Elles ont été simplement renvoyées à leurs domiciles deux jours après l’opération policière.
Sur le plan juridique où est passé le dossier ? C’est dans l’indignation totale que l’Observatoire a appris la mise en liberté de 6 des 7 présumés trafiquants écroués par les forces de l’ordre, pris en flagrant délit le dimanche 5 février 2017 dans le cadre d’une opération conjointe menée par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) et la Brigade de Protection des Mineurs (BPM). Cette opération, certes, a permis de protéger 14 mineurs de 13 à 17 ans et 17 jeunes filles majeures âgées entre 18 et 24 ans, de l’esclavage sexuel. Cependant, doit-on l’inscrire déjà sur la liste des dossiers sans suite, couverts d’impunité, entretenant ainsi de graves menaces sur d’autres mineurs-es à travers le pays ?
L’Observatoire Haïtien sur la traite et le trafic croit que des éclaircissements doivent être apportés sur ce dossier par les principaux acteurs concernés dont le Comité National de Lutte Contre la Traite des Personnes et le parquet de Port-au-Prince. Ils doivent se prononcer sur ce qui a été décidé par les autorités judiciaires à l’endroit de ces présumés criminels arrêtés en flagrant délit suivant confirmation du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jean Danton Leger dans sa déclaration à la presse.
L’Observatoire veut rappeler à nouveau que, le rapport du département d’Etat américain en 2015 et 2016 classe Haïti dans la liste des pays qui ne consentent aucun effort pour prévenir, stopper ce phénomène encore moins appréhender et punir les coupables. Les Organisations de la Société Civile et les Institutions étatiques de protection de l’enfant ont conjugué leurs efforts pour l’adoption et la publication de la loi sur la lutte contre la traite des personnes, considérée comme une grande avancée, mais faut-il bien que l’Etat Haïtien prenne les mesures nécessaires pour son application.
Ainsi, ce sera justice.
Pour contact : Leronel Mortimé
Coordonnateur
Observatoire Haïtien sous la traite et le trafic des êtres humains Tel : 38046476
Port-au-Prince 10 Mars 2017