Des troupes Dominicaines, équipées en parfaite photocopie et en complète sousougraphie des Gis états-uniens, se sont permises – radiyès pèmèt – de débarquer armées jusqu’aux poils du cul sur notre territoire, pour nous signifier que nous n’avions aucun droit ni qualité d’utiliser une partie de l’eau de la rivière Massacre qui, comme chacun ne sait pas, est la propriété personnelle et privée des gros fermiers capitalistes dominicains.
Ceci de Droit Divin, évidemment. Car Dios est Dominicano et Satan Haitiano de mierda. C’est de notoriété publique…
Mais il y a quand même quelques objections contre cette (ir)respectable théorie: D’abord, la rivière Massacre ne coule pas dans le Higuey, ou en banlieue de Ciudad Trujillo – pardon, Santo Domingo de Guzman (je m’emmêle dans mes dates; ça arrive dans les meilleures familles !) – mais hélas Ménélas tètkalbas – ce malheureux rio Masacre, ainsi nommé parce que quelques caballeros espagnols bien intentionnés y exterminèrent une petite trentaine d’affreux boucaniers qui ne pouvaient même pas être andalous comme tout Hijo de alguien qui se respecte (et n’étaient absolument pas Haïtiens, pa fè m di sa m pa di) ce rio de mes deux se trouve couler, par la grâce de Nèg Anlè a, entre Eux et Nous.
Le but stratégique serait simplement d’amener l’Etat néo-trujilliste raciste à la table de négociations pour obtenir le partage de l’eau
Entre la Nanchon et la Nacion.
D’où il appert que Dieu n’est ni Ayisyen, ni Dominicano, mais tous les deux à la fois… si la théologie a quelque rapport avec Sainte Logique bien sûr.
Conséquemment et subséquemment, Nous avons autant droit à l’eau du Massacre qu’Eux.
Epi sa k pa kontan anbake !
Le seul moyen pacifique de résoudre ce problème serait de négocier le partage de l’eau du Massacre entre nos deux pays. Mais la monopolisation de cette eau par les fermiers dominicains et leur Etat, les multiples exactions et crimes anti-Haïtiens impunis, plus l’invasion actuelle par l’armée du pays Panyòl nous prouvent par a + b qu’ils ne veulent pas parler, mais nous imposer leur solution: toute l’eau pour eux et rien pour nous.
Dans une telle situation, il faudrait passer à la guerre. Ceux qui ne veulent pas entendre les plaintes des opprimés et des exploités n’entendent que trop bien le chant des balles.
Ce serait évidemment une guerre limitée. Pas besoin d’aller assiéger Santiago de los Caballeros ou Santo Domingo. Le but stratégique serait simplement d’amener l’Etat néo-trujilliste raciste à la table de négociations pour obtenir le partage de l’eau.
Pour y parvenir, il faudrait 1) rendre la vie impossible à l’armée Panyòl dans la zone arrosée par le Massacre; 2) rendre le business des gros fermiers capitalistes dominicains difficile ou impossible dans la même zone.
Le meilleur moyen de rabaisser le caquet des gwo zouzoun ruraux dominicains ne serait que d’empêcher leurs produits d’arriver aux marchés internes et/ou externes.
L’on rend la vie impossible à une armée en lui tuant du monde en détail et en attaquant sa logistique. Dans le cas qui nous occupe, cela ne serait pas impossible: 3 soldats tués chaque jour, ça fait 3 * 365 = 1095 morts en un an. L’armée Panyòl n’a pas les moyens de tolérer ce niveau de pertes.
Le meilleur moyen de rabaisser le caquet des gwo zouzoun ruraux dominicains ne serait que d’empêcher leurs produits d’arriver aux marchés internes et/ou externes. Cela les priverait de leurs sacro-saints dollars – leur seule et unique raison d’exister et d’emmerder les pauvres des deux côtés de la rivière. S’ils voyaient leurs profits chuter de 30 %, ils ne seraient que trop pressés de causer. Donc : saboter leurs communications – routes, ponts, chemins de fer, matériel roulant et dépôts.
Un bataillon d’infanterie légère de moins de 500 hommes et femmes motivés, entraînés, convenablement armés, connaissant la zone et/ou accompagnés de guides, et bien commandé surtout, pourrait se charger de cela.
Vous aurez remarqué que je ne dis rien de l’aspect le plus important de l’affaire : son côté tactique. Ecrivant de loin, je ne connais pas les conditions sur le terrain, et estime n’avoir rien à dire là-dessus. D’ailleurs, je ne suis pas soldat, ne l’ai jamais été, et suis bien trop vieux pour le devenir.
Mais ayant comme tout le monde un cerveau, je peux voir certaines choses.
Par exemple que les soussoucrates dollaromanes qui prétendent nous gouverner préfèrent faire la guerre contre des citoyens Haïtiens qui ne réclament que le droit de vivre, plutôt qu’aller, comme ce serait leur plus élémentaire devoir, soutenir NOS paysans et NOTRE nanchon contre un envahisseur.
C’est normal : ils forment avec ceux-ci une Association de Malfaiteurs. Pour la Plus Grande Gloire de leur Veau d’Or massacreur, le DOLLAR vert.
André Charlier
New York, ce 29 Avril 2021