Nuits, longs couteaux, kidnappeurs, PNH et anguilles

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L’inspecteur divisionnaire Garry Desrosiers: porte-parole ou porte-boudin de la PNH?

L’inspiration vient de partout. D’où qu’elle vienne (même du Ciel), il faut la saisir prestement, je fèmen, et en faire bon usage, plein usage. C’est ainsi que la chance m’a souri et facilité une inspirative association entre les kidnappeurs qui écument les quartiers de Port-au-Prince et les Nazis restés tristement célèbres pour leur ténébreuse et épouvantable tuerie passée à l’Histoire sous le nom de « La Nuit des Longs Couteaux ». Vous en souvenez-vous ?

Cette nuit des longs couteaux désigne une série d’assassinats perpétrés par les nazis, entre le 29 juin et le 2 juillet 1934, contre les principaux dirigeants de la SA (Sturmabteilung), une organisation paramilitaire d’extrême-droite aux pratiques barbares, tremplin de la montée au pouvoir d’Hitler. En particulier était visé Ernst Röhm qui avait pour ambition de refondre l’armée allemande autour de la SA qu’il dirigeait. Röhm estimait qu’Hitler avait trahi ses engagements. Après un temps d’hésitation, le Führer décida qu’il était temps de supprimer Röhm (un ami proche du reste) et de neutraliser la SA.

Sur de fausses preuves, les SA sont accusés de projeter un coup d’État. Assuré du soutien de la Gestapo, de l’armée, de la Schutzstaffel (SS) et de la police allemande, Hitler se rend à Munich, le 30 juin 1934, où il fait incarcérer de nombreux membres de la SA. Il arrête personnellement Ernst Röhm. Les prisonniers sont envoyés à Munich, dans la prison de Stadelheim, puis fusillés. Ailleurs en Allemagne, d’autres assassinats sont commis par la SS. Le 2 juillet, Ernst Röhm est abattu dans sa cellule.

J’ai dû faire ce rappel pour en venir à un parallèle entre les nazis aux longs couteaux et les kidnappeurs en Haïti, des psychopathes aux courtes mais combien brutales et bestiales pulsions kidnappantes et parfois homicides. Ils se ressemblent par leur psychopathante cruauté. Mais, alors que les fous d’Hitler ont sévi pendant seulement quatre jours de stricte fusillance, les tueurs-kidnappeurs en Haïti ferraillent et sèment l’épouvante, la mort et le deuil depuis bien longtemps.

Il n’est pas de notre propos de procéder à une énumération des abominables méfaits et crimes commis par ces sales charognards. La presse les dénonce régulièrement et ne cesse d’en appeler – mais en vain – aux autorités concernées. Ainsi, dans son édition du 22 janvier 2020, AlterPresse  a rapporté « 8 cas d’enlèvement et de séquestration de personnes dans le centre-ville de Port-au-Prince : 4 à Delmas, 1 à Léogane, 1 à Clercine (dans la zone de Tabarre), et 1 à Croix-des-Bouquets : tel est le nombre de cas, portés à la connaissance de la Police nationale d’Haïti (PNH), du mercredi 1er au mercredi 22 janvier 2020, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince. » Non ! C’est trop !

Parmi ces cas, figurait celui de l’entrepreneur Clifford Dubois, dont le corps sans vie a été découvert, le vendredi 17 janvier 2020, à Arcachon 32, dans la commune de Carrefour, deux jours après son enlèvement, le mercredi 15 janvier 2020, par des individus armés, à Delmas 27 (au nord-est de Port-au-Prince). C’est ce qu’a rappelé le commissaire Michel-Ange Louis Jeune, porte-parole de la PNH, en conférence de presse, le mercredi 22 janvier 2020.

De la première semaine de janvier 2020 au 22 janvier 2020, la PNH a affirmé avoir procédé à l’arrestation de plus de 30 personnes, avoir saisi plus de 40 armes à feu et « déteinté » 261 véhicules, dans le cadre de l’opération baptisée « toile d’araignée ». Parmi les personnes arrêtées, se trouvaient Juste Chandou Clairjeune, présumé assassin du journaliste Néhémie Joseph (abattu à Mirebalais, le jeudi 10 octobre 2019) ; et Anne Franck, soupçonnée dans l’assassinat, le mardi 7 janvier 2020, à Tabarre 52, de Luccius Antoine, suppléant juge de paix à l’annexe du tribunal de paix de Ganthier. Mais, comme dirait l’autre, où vont-nous ?

Le mercredi 29 janvier 2020, la machine de l’insécurité et du banditisme continuait de sillonner la zone métropolitaine. Des bandits armés avaient enlevé, au cours de la journée, un prêtre dont le nom n’avait pas été révélé par les autorités policières. La nouvelle avait été confirmée par Télé pluriel qui avait, par ailleurs, précisé qu’une responsable d’une banque privée de la capitale, enlevée mardi 28 dernier, avait été libérée contre rançon le lendemain.

Des ravisseurs ont enlevé et séquestré, le samedi 8 février dernier, cinq fidèles de l’église “Le Phare de la Cité’’, située à Martissant 7. L’un des membres de cette Église, Jean Rubens Eugène, qui apportait aux kidnappeurs rançon réclamée a été tué par ceux-ci. Le corps inerte de ce jeune volontaire a été retrouvé baignant dans son sang, tôt dans la matinée du mardi 11 février 2020, à la 4eme avenue Bolosse, Martissant. Les assassins ? Voilà ce qu’en a dit un responsable de l’Exécutif : Le mardi 11 février dernier, au cours d’une conférence de presse, le Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Jean Roudy Aly, a informé que la Police nationale allait sévir contre les kidnappeurs. De sévissements on attend encore les résultats ; ce sont plutôt des gémissements qui montent de partout du pays tant Roudy sévit avec « la dernière sévérité ».

Au moins une dizaine de cas d’enlèvement ont été enregistrés au cours de ces deux derniers mois. Soulignons que des bandits armés ont tenté d’enlever, la semaine du 20 janvier, une fille du maire principal de la commune de la Croix-des-Bouquets, Rony Colin. On n’en finirait pas d’énumérer les nombreux cas de banditisme-kidnappisme qui affligent et endeuillent les familles haïtiennes. Eh oui ! les langues se délient, on soupçonne qui doivent être les cerveaux malfaisants derrière les actions des malfaiteurs de haut vol qui kidnappent, rançonnent et tuent.

Le placide Directeur Général de la Police nationale d’Haïti Rameau Normil qui a mis en place un nouveau dispositif de sécurité ridiculement baptisé “Rideau de fer”.

Ainsi, Me Elco Saint Armand affirme que : « Tout porte à croire que certains dirigeants et membres de la bourgeoisie font partie des gangs qui rançonnent et détruisent les familles… le silence complice du Directeur Général ai de la Police nationale (PNH) en dit long. Le CSPN qui ne prend, sous la férule de Jean Michel Lapin, aucune mesure pour mettre la main aux collets de ces bandits d’État […] » (RezoNòdwès, 12 février 2020). Alors, que font les autorités ? Au fait, c’est leur façon légère et presque désinvolte de faire face à la situation qui irrite.

Certes, La Police nationale d’Haïti reconnaît une remontée spectaculaire du phénomène de kidnapping, situation sur laquelle s’est penché le Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), le mardi 21 janvier 2020. Mais, ce ne sont que des discours, des propos creux pour tenter de rassurer la population. On finit par imaginer que le CSPN pense que les citoyens du pays sont de gros bébés à qui de temps en temps il faut filer des suçons pour les pacifier.

Ainsi cette perle pacifiante, cette déclaration lénifiante du porte-parole de la Police nationale d’Haïti, Michel-Ange Louis-Jeune Louis Jeune : « Dans un certain temps, vous verrez les résultats des actions de la Police nationale contre le kidnapping et l’insécurité en général. » (sic). Une façon de dire qui rappelle les paroles sibyllines du Christ : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et puis encore un peu de temps, et vous me verrez ».

On remplit le bol de la population de bouden, de mantò, de redites et roudites, de fallacieuses promesses, de bluffs : « La cellule et le service de renseignement de la PNH vont redoubler d’efforts en vue de faire face au climat d’insécurité qui prévaut actuellement dans le pays. » Le soleil qui poudroie, la PNH qui redoubloie

Le 6 février dernier, le Directeur Général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Rameau Normil, a annoncé de nouvelles dispositions en vue de lutter efficacement (sic) contre le kidnapping dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (Ouest). En effet, le Commandant en chef de la PNH a mis en place un nouveau dispositif de sécurité baptisé “Rideau de fer” (sic). Humour normilique, dirais-je, puisque la ‘‘guerre froide’’ n’est plus qu’un mauvais souvenir des rapports en dents de scie entre l’Est et l’Ouest. Non, Rameau, votre rideau de fer (de bambou en fait), vos normilismes ne nous trompent guère.

Le 11 février 2020, le porte-parole adjoint de la Police nationale d’Haïti (PNH), l’inspecteur divisionnaire Garry Desrosiers a informé que l’institution policière travaille en vue de venir à bout (sic) des kidnappeurs qui terrorisent la population au cours de ces derniers jours. Le porte-bouden adjoint de l’institution policière a précisé que « des enquêtes sont en cours (resic) et aucune hypothèse ne sera écartée en ce qui concerne le kidnapping. » Pa di m, ne me dites pas.

Ernst Röhm (à droite, en compagnie de Kurt Daluege à gauche, et Heinrich Himmler, Reichsführer-SS, le maître absolu de la SS, chef de toutes les polices allemandes, dont la Gestapo), principale victime de la Nuit des Longs Couteaux.

Questionné sur la découverte du cadavre du jeune homme Jean Rubens Eugène, à la 4e avenue Bolosse, le 11 février 2020, le porte-mantò adjoint de la PNH, le brillant Gary, a promis d’entrer en contact avec le responsable de police de la juridiction concernée par ce décès. Mais, dans la bouche d’un inspecteur fût-il divisionneur, multiplicateur, soustracteur ou additionneur, les promesses ne sont pas des dettes, contrairement à ce que dit la sagesse haïtienne.

Toujours ce 11 février, le porte-parole de la Police nationale d’Haïti, Michel-Ange Louis-Jeune, sur une station de Radio de la capitale, a confié que le haut commandement de la Police nationale d’Haïti travaille pour contrer la montée des actes de kidnapping dans le pays, traquer les bandits et libérer les victimes des griffes de leurs agresseurs. Vous l’avez sûrement deviné : mille fois sur le métier, l’archange Michel va remettre son ouvrage ; il va ajouter sans cesse, voulant dire qu’il compte ajouter plusieurs malfaiteurs par jour au palmarès de sa traque, et, n’en déplaise au poète, il les effacera tous.

Il est possible que « l’archange Saint-Michel » soit à la veille d’ajouter un « dragon » du kidnapping à ses efforts porte-parolants et effaçants. N’est-ce pas que le journal en ligne Haïti standard titre en grande manchette, ce 13 mars : « Arrestation du sénateur Kédlaire Augustin pour implication présumée dans des actes de kidnapping » ? Le journal poursuit : « La police de Delmas a en effet procédé dans la nuit du 12 mars 2020 à l’arrestation du sénateur PHTK Kédlaire Augustin, à Delmas 75, dans la commune de Delmas. Le sénateur en question était accompagné d’au moins un individu au moment de l’interception du véhicule recherché par les forces de l’ordre à bord duquel se trouvait le sénateur du Nord-Ouest.

Il allait être conduit au commissariat de Delmas 33 pour les suites nécessaires. C’est en arrivant audit commissariat qu’un commissaire du gouvernement dont le nom n’a pas été révélé a ordonné la libération sans condition du sénateur Kédlaire Augustin. Des contacts effectués auprès du sénateur en question se sont révélés vains » (Haïti standard, 13 mars 2020). Étrange vaineté ! Sans s’y attendre, et sans le chercher, la PNH semble avoir trouvé une anguille kidnappante sous une roche PHTK. Ça sent l’anguille de Clifford Brandt à dix lieues à la ronde… ne pensez-vous pas ?            

Le 14 mars, le Bureau du sénat a dit avoir appris avec consternation (sic) et un sentiment de révolte (resic), le traitement infligé au sénateur Kedlaire Augustin par des policiers dans l’après-midi du jeudi 13 mars 2020. En effet, le « digne » sénateur, selon une note publiée par le Bureau du sénat, « a été arrêté, bastonné par des policiers à Puis-Blain, puis conduit au commissariat de Delmas 33 alors qu’il s’était identifié comme sénateur de la république à vingt reprises ». Hélas ! vingt fois, ce n’est jamais suffisant, sénateur, quand on tombe sous les griffes de la PNH (surtout encagoulée).  Anmwe ! Yo bat Kedlaire, yo bat li, wi.

Sans étonnance, on a lu dans les journaux que « Le bureau du sénat de la république condamne avec la dernière rigueur ce comportement inqualifiable d’une patrouille policière oublieuse de sa mission de protéger et servir, et prenant un plaisir malsain à terroriser et molester les honnêtes citoyens, surtout un membre du pouvoir législatif couvert par l’inviolabilité de l’article 114 de la constitution haïtienne. » Qu’on m’apporte mon mouchoir ! Je souffre et pleure à lire comment un ‘‘un honnête’’ et « digne » parlementaire a pu être ainsi sauvagement molesté par des truands d’une sorte de Gestapo haïtienne.

Non, on n’en revient pas, on croit rêver. Mais alors, de quelle consternation le « Bureau » avait-il été frappé, quel sentiment de révolte avait-il jamais éprouvé lors des derniers massacres du quartier de non-droit La Saline ? En effet, « Dans ce bidonville de Port-au-Prince, 71 personnes ont été assassinées, le 13 novembre 2018, par des gangs réputés proches du pouvoir central haïtien » (Le Monde 2 janvier 2020).  Piman gou nan je malere, men, nan je Kedlaire ak lèzòt senatè li boule, n’est-ce pas ?

Alors, Kedlaire, vide ton sac! Et puis, Michel-Ange Louis-Jeune, compte les anguilles. Kedlaire doit en avoir plein son sac…

            Et telefòn ne lâchez pas. Á la revoyure !

14 mars 2020

 

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