Nord’Est et Ouest : Mobilisation des Ouvriers !

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Plusieurs organisations syndicales, sociales, paysannes, professionnelles et marchandes réunies sous l’appellation de Plateforme Genre du Nord’Est (PGNE)

Travayè ak ouvriye travay twò di
Jis jounen jodi yo toujou nan di
Espòt Sendika a yo

A l’occasion de la fête du travail et de l’agriculture, travailleurs et travailleuses, ouvriers et ouvrières ont organisé plusieurs activités à travers tout le pays. Conférence, marche, sit-in, colloques et d’autres formes de mobilisation ont été prévus pour dénoncer les hauts responsables de cet Etat manfouben ki pa janm pete nan koton ba yo santi, le cynisme monumental de ces patrons aux agencements réfractaires de l’industrie de sous-traitance et des autre entreprises. La cuisante problématique liée à la question du salaire minimum qui défraie la chronique depuis belles lurettes, est loin de les interpeller.

«  Ouvriers et ouvrières, ne vous attentez pas à une augmentation du salaire minimum pour cette année. L’Etat n’est pas prêt à adopter de pareilles dispositions et les patrons non plus n’ont pas cette possibilité ». Kouman mouche a fè konn tout detay sa a yo ? Se patwon yo ki di l sa ? Ces embrouillaminis à l’emporte pièce provenaient du plus haut responsable du pays qui ne s’est pas gêné de cracher son mépris monumental en plein visage de ceux et celles qui constituent le moteur de l’économie en Haïti. Et qui paradoxalement triment à l’instar d’esclaves du capitalisme moderne.

Réponse au président

« Le chef de l’Etat ne s’est même pas informé qu’une loi sur le salaire minimum a été votée depuis 2009 traitait clairement de l’augmentation du salaire minimum à chaque fois que l’inflation grimpe à plus de 10%. Loin d’être un cadeau tombé du ciel de la bonté des patrons mesquins et couards, ce fut le résultat probant de cette interminable mobilisation de ces rudes ouvriers des usines de sous-traitance ». C’est ce qu’a fait savoir le syndicaliste Fignolé St Cyr, Secrétaire Général de la Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH).

Certes, les dirigeants de syndicats jaunes, entièrement acquis à la cause des patrons exploiteurs impénitents font tout pour boycotter le mouvement des ouvriers. Cependant, et d’une façon toute particulière d’autres investissent toute leur énergie au service de cette cause qu’ils estiment si nobles. C’est ce qui justifie que depuis plusieurs années les ouvriers et ouvrières du textile des zones franches notamment de la Sonapi (Rte de l’Aéroport) à Port-au-Prince à Caracol et à Ouanaminthe dans le Nord’Est gagnent quotidiennement les rues, pancartes en mains pour revendiquer une augmentation de salaire allant jusqu’à 1000.00 gourdes pour une journée de dur labeur.

Mobilisation de l’Ouest au Nord’Est

A la faveur de la ferme détermination des syndicats proches des ouvriers, l’on peut dire que tout n’est pas perdu pour autant. Car, depuis le dimanche 29 avril plusieurs rencontres ont été organisées en vue de parvenir à une véritable mobilisation pour le 1er mai. Ainsi, le lundi 30 suivant, plusieurs dirigeants d’organisations syndicales, sociales, paysannes, professionnelles, de marchandes réunis sous l’appellation de Plateforme Genre du Nord’Est (PGNE) ont tenu conjointement une conférence à Majestic Guest House pour fixer clairement leur position sur plusieurs dossiers notamment celui du salaire minimum, de la dégradation de l’agriculture particulièrement dans ledit département, du niveau de chômage grandissant et bien d’autres encore qui prennent la subsistance de la population haïtienne.

L’un des objectifs majeurs de cet entretien avec la presse consistait à exhorter les autorités injustes de l’Etat ainsi que les patrons récalcitrants de cette oligarchie de la sous-traitance à leur accorder un salaire de 1000.00 gourdes, qui pourtant ne représente pas grand-chose par rapport au taux de l’inflation. En outre personne n’a oublié de fustiger les dilapidateurs des fonds Petro Caribe qui continuent de se la couler en douce tandis que parallèlement, c’est aux masses défavorisées d’en faire les frais insoutenables.

A l’issue de cette conférence, la syndicaliste Yanick Etienne a retracé l’historique de la lutte syndicale depuis la féroce dictature des Duvalier jusqu’à aujourd’hui encore. «  Je ne saurais intervenir sur le dossier de la lutte syndicale en Haïti sans vous rappeler les persécutions endurées par nos membres. Duvalier père s’opposait catégoriquement à de telles initiatives. Pour manifester publiquement son hostilité il a même intimé l’ordre à ses sbires de nous persécuter partout où nous serions. Fort de ces martyrs nous ne saurions laisser aucun apprenti dictateur nous ravir ces droits acquis par suite de hauts luttes et aussi de sacrifices même de sang », a fait savoir Madame Etienne.

Activités du 1er mai

Au matin du mardi 1er mai, plusieurs activités ont été organisées à travers le pays en vue de commémorer la journée internationale des travailleurs. Dans la capitale haïtienne une marche pacifique a conduit les travailleurs et travailleuses du textile jusqu’au Champ de Mars en plein cœur du centre ville. Pendant tout le parcours, ils revendiquaient un salaire de 1000.00 gourdes pour pouvoir faire face à cette inflation galopante. La majeure partie des messages inscrits sur les pancartes enjoignaient les responsables de l’Etat à se hisser à la hauteur de leurs taches et aux patrons de faire en sorte que les droits inaliénables des travailleurs soient respectés à la lettre.

Des foires sont organisées un peu partout notamment à Jacmel, ce qui est devenu une tradition, à Port-au-Prince et à Terrier Rouge, sur la route de Frères à Pétion-Ville, par contre, la Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens a préféré réunir ses syndiqués dans un colloque. « Sécurité Sociale, Protection Sociale », tells ont été les deux thématiques qui ont été débattues à l’occasion de ces assises.

Marches à Ouanaminthe

En ce 1er mai, plusieurs organisations syndicales ont choisi de marcher en bande détachée dans les rues de Ouanaminthe. A l’initiative de la Plateforme Genre du Nord’Est (PGNE), partis de la Place d’armes vers les 9,30 en ce mardi 1er mai, les ouvriers syndiqués de la Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH), de SOFEZO, de SOKOWA, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne d’Haïti (JOCH), le Mouvement Socioculturel des Travailleurs Haïtiens (MOSCTAH), le MSAC,  la Fédération des Planteurs du Nord’Est, (FPNE), SYNOTRASCH Batay Ouvriye sont formels.

Pendant près de deux heures de temps, elles ont défilé dans plusieurs rues de cette ville frontalière. A chaque endroit où est logé un bureau ou une institution publique, ce fut pour les organisateurs de délivrer des messages clairs qui expriment leurs revendications  « Nous référant au Code du Travail, le salaire peut être en espèce ou en nature. Pour parvenir à contrer cette inflation qui ne cesse de grimper, nous exigeons un salaire de 1000.00 gourdes. Les couards peuvent être bien étonnés, mais ce n’est qu’une pitance comparativement au cout élevé des ménages. En outre, nous exigeons aussi d’autres formes de compensation en termes d’accompagnements sociaux. Nous pouvons citer en exemple le transport, la nourriture la subvention de l’écolage pour leurs progénitures, la carte d’assurance santé et tant d’autres ». C’est ce qu’a revendiqué Madame Jésula Blanc la Coordonnatrice de PGNE.

Messages et Déclarations

Les messages inscrits sur les pancartes sont clairs et précis. Respekte diyite fanm ! Nou mande bank kredi agrikòl. Nou bat twòp mizè nou fout bouke. Ankouraje fanm antreprenè yo. Palman an dwe voet bon jan lwa pou fanm yo. Pa gen kesyon bourik ap travay pou chwal galonnen. Nou mande kreyasyon anplwa.1 milyon goud pou pwason, Pèp la pa jwenn yon bobori.Nèg kòb Petwo Karibe yo dwe anba kòd. Aba enjistis sosyal. Richès peyi a se nan tè li ye. Nou mande travay irigasyon ak kanalizasyon. Yo di se Nòdès ki pi pòv paske tè yo pa kiltive. Nou pa nan aloral nou mande ateri ! Kota 30% an twò piti ! Nou rele anmwe ! Nou mande konstriksyon mache fwontalyè a plop plop !

D’un autre coté à Port-au-Prince, Télémaque Pierre exige sans condition un salaire minimum de mille gourdes pour tous les ouvriers des usines textiles. Tout en exhortant le gouvernement à honorer ses promesses relatives à la mise à la disposition des ouvriers des bus pour faciliter leur transport le syndicaliste dénonce la présence de Joseph Polycarpe et de son complice Fritz Charles au sein du Conseil Supérieur des Salaires (CSS).

De son coté le Secrétaire général de la CATH qui accompagnait les autres syndicats alliés à Ouanaminthe, a rappelé aux ouvriers que la lutte pour le respect de leurs droits doit être permanente. Monsieur Fignole St-Cyr a du coup revendiqué un salaire minimum de 1000.00 gourdes au profit des ouvriers pour qu’ils puissent espérer une amélioration même partielle de leur conditions de vie.

« Le 1er mai 2018 ramène le 60ème anniversaire de la création d’un syndicat qui regroupait diverses catégories de travailleurs et qui était baptisée Union Intersyndicale Haïtienne. Cette structure allait buter sur le refus de Duvalier père parce qu’elle voulait commémorer le 1er mai en toute autonomie. Les syndicalistes refusaient de se mêler aux éléments des classes dominantes qui se sont toujours opposés catégoriquement au moindre changement en faveur des rudes travailleurs de la classe ouvrière. Après 60 années nous rendons un vibrant hommage à ces pionniers de ce mouvement syndical ». Extrait d’un texte publié par Batay Ouvriye

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