Nigeria : plus de 80 lycéennes de Chibok libérées des mains de Boko Haram

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Les 82 lycéennes ont été libérées après plus de trois ans de captivité, en échange de membres présumés de Boko Haram détenus par les autorités.

Plus de 80 lycéennes de Chibok ont été libérées samedi des mains de Boko Haram, après plus de trois ans de captivité aux mains du groupe jihadiste nigérian, a confirmé la présidence nigériane.

« Aujourd’hui, 82 nouvelles filles de Chibok ont été libérées (…), en échange de membres présumés de Boko Haram détenus par les autorités », a précisé la présidence nigériane sur Twitter, confirmant une information d’abord donnée par un ministre, des sources de sécurité et le père de deux filles.

Une source militaire avait d’abord affirmé qu’ »au moins 80 jeunes filles de Chibok » avaient été amenées à Banki, à la frontière avec le Cameroun, dans le nord-est du Nigeria. « Des véhicules sont allés les chercher dans une forêt sans escorte militaire, et les ont ramenées à Banki à 17h30 (1630 GMT). Elles sont logées dans les baraquements militaires et partiront par avion vers Maiduguri (capitale de l’Etat du Borno) demain », avait ajouté cette source.

Enoch Mark, père de deux jeunes filles enlevées, avait témoigné avoir été informé: « Nous avons été tenus au courant par le mouvement Bring Back Our Girls (BBOG, qui manifeste pour la libération des lycéennes depuis leur enlèvement) et par un officiel de l’Etat du Borno. C’est une excellente nouvelle pour nous », avait confié M. Mark. « Les attentes sont grandes », a déclaré samedi soir BBOG dans un communiqué sur Twitter: « Nous nous réjouissons d’entendre de manière officielle que cette nouvelle est confirmée et vraie ».

#Bringbackourgirls

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Vendredi, les ambassades britannique et américaine avaient affirmé avoir reçu un rapport stipulant que Boko Haram planifiait un enlèvement de ressortissants étrangers « le long de l’axe Banki-Kumshe ».

Les ONG, particulièrement actives dans cette zone dévastée par huit ans de conflits, avaient dû suspendre leurs activités dans la zone. Mi-avril, le Nigeria avait fêté avec tristesse le troisième anniversaire de l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles par le groupe jihadiste en 2014.

Relayé par les médias du monde entier, le kidnapping de masse de 276 adolescentes -dont 57 avaient réussi à s’échapper juste après le rapt- avait provoqué une vague d’indignation à laquelle de nombreuses célébrités mondiales avaient participé à coups de hashtags #bringbackourgirls (Ramenez-nous nos filles).

Trois d’entre elles avaient ensuite été retrouvées près de la forêt de Sambisa, l’une d’elle accompagnée de son mari, que l’armée a tout de suite soupçonné d’être un combattant de Boko Haram.

En octobre 2016, 21 autres jeunes filles avaient été libérées, pour certaines avec des enfants nés en captivité, après des négociations entre Boko Haram et le gouvernement, avec l’aide du Comité International de la Croix-Rouge et de la Suisse.

Le porte-parole de la présidence Garba Shehu avait alors affirmé que la libération de 83 autres jeunes filles était en négociations ; mais qu’elles étaient détenues par d’autres factions du groupe. Il avait ajouté que « des pays étrangers » et le CICR poursuivaient leur aide dans les pourparlers. Le CICR n’a pas souhaité commenter cette annonce de libérations.

Les lycéennes de Chibok sont devenues le symbole des dizaines de milliers de personnes encore détenues par Boko Haram, qui utilise le kidnapping de masse comme moyen de recrutement.

« Ecrasement final »

A la veille de Noël, le président Buhari avait annoncé triomphalement « l’écrasement final des terroristes de Boko Haram dans leur dernière enclave » de Sambisa, une forêt de quelque 1.300 km2. La libération des lycéennes était l’une de ses promesses de campagne lors de son élection en 2015.

Mais l’accès au nord-est du pays, immense territoire aux confins du Tchad, du Cameroun et du Niger, reste extrêmement difficile: même si Boko Haram ne contrôle plus de vastes territoires, les attaques et les enlèvements sont quotidiens.

« Boko Haram continue à enlever des femmes, des filles, mais aussi des jeunes garçons pour leur faire subir les pires des supplices: ils sont violés, frappés et forcés à commettre des attentats-suicides », a dénoncé Makmid Kamara, représentant d’Amnesty International pour le Nigeria, lors du troisième anniversaire de leur enlèvement.

« Malheureusement, (…) la plupart de ses enlèvements ne sont pas rapportés dans la presse. De nombreux parents, de nombreuses familles ont abandonné tout espoir de retrouver ceux qu’ils aiment », écrivait M. Kamara en avril. Ce conflit particulièrement sanglant dans la zone du Lac Tchad a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009.

Jeune Afrique 6 mai 2017

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