Migration haïtienne : trois options dominicaines

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Des hommes retournent à pied en Haïti après avoir été expulsés par les autorités de l'immigration ce lundi, à Elías Piña (République dominicaine). La République dominicaine poursuivra sa politique d'expulsion des Haïtiens sans papiers, critiquée par les Nations Unies et Amnesty International, qui estiment que le pays est confronté à des « défis sans précédent » en raison de la « situation sans précédent » en Haïti. EFE/ Orlando Barría

Permis de travail pour les personnes employées et mise en place d’un programme de rapatriement ordonné pour les autres. Cela impliquerait de mettre de côté le populisme nationaliste qui sous-tend la politique d’immigration du président Abinader.

Pendant des décennies, les gouvernements de la République dominicaine ont autorisé l’immigration clandestine d’Haïtiens afin de garantir une main-d’œuvre bon marché pour des secteurs clés de l’économie comme l’agriculture et la construction.

Ce processus migratoire désordonné et illégal a toujours été aggravé par la corruption et l’hyperexploitation.

Soyons clairs : aucune force étrangère n’a imposé cela à la République dominicaine ; il s’agissait d’une décision des gouvernements et des hommes d’affaires dominicains pour accéder à une main-d’œuvre bon marché.

Les Haïtiens cherchent à émigrer en raison de la précarité des conditions de vie dans leur pays, et la République dominicaine a été l’une de leurs principales destinations en raison de sa proximité, de la possibilité de traverser la frontière moyennant des pots-de-vin et des opportunités d’emploi qu’elle offre.

Parallèlement, le discours local persiste : les Haïtiens envahissent la République dominicaine, représentent une atteinte à la souveraineté et à l’identité culturelle, et constituent un fardeau en raison des services publics qu’ils utilisent.

En réalité, s’ils ont été autorisés à entrer illégalement et travaillent illégalement, ils vivent ici et ont besoin d’accéder aux services publics de base.

Depuis 2022, face à l’aggravation de l’instabilité en Haïti, le président Luis Abinader utilise la question haïtienne pour obtenir un soutien politique national.

Il est d’ailleurs le premier président dominicain de l’après-Trujillo à agir ainsi. Balaguer a utilisé la question haïtienne spécifiquement pour empêcher José Francisco Peña Gómez de devenir président, et non comme un moyen d’obtenir une approbation politique.

Après avoir annoncé la construction d’un mur, Abinader est passé à la fermeture de la frontière, aux opérations d’expulsion et, plus récemment, à la restriction de l’accès aux services de santé. Car se rendre dans un hôpital public signifie désormais l’expulsion pour les immigrants sans papiers, y compris les femmes enceintes ou ayant récemment accouché.

De larges pans de la société dominicaine soutiennent les mesures d’immigration actuelles, même les plus cruelles, car ils ne veulent pas d’Haïtiens sur le territoire dominicain.

À ce stade, le gouvernement a trois options :

Premièrement, maintenir la politique actuelle du président Abinader d’expulsions (même de personnes malades), restreindre la mobilité des immigrants et les maintenir dans l’expectative par peur (bien que l’on ignore combien sont réellement expulsés pour cause de corruption). L’objectif de cette politique est de faire preuve de fermeté envers la population dominicaine, d’aggraver l’illégalité du système d’immigration dominicain et de susciter un soutien politique national.

Deuxièmement, expulser la grande majorité des immigrants haïtiens sans papiers et promouvoir une véritable politique de rapatriement avec un contrôle maximal pour empêcher le retour des immigrants. De nombreux Dominicains le souhaiteraient, mais l’impact économique serait immense. Le pays se retrouverait sans main-d’œuvre dans des secteurs comme l’agriculture et la construction, et le coût de la main-d’œuvre augmenterait considérablement. Les employeurs qui embauchent de la main-d’œuvre haïtienne bon marché accepteraient-ils cela ?

Troisièmement, promouvoir un programme agile de régularisation de l’immigration avec délivrance de permis de travail pour les personnes employées et mettre en place un programme de rapatriement ordonné pour les autres. Cela impliquerait de mettre de côté le populisme nationaliste qui sous-tend la politique d’immigration du président Abinader.

On verra bien!

 

Acento 21 mai 2025

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