Martelly, Merten, G8 proposent, mais le peuple dispose !

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bottom_front_picture2Le vendredi 22 janvier 2016, le Core group puissamment soutenu par Washington a désamorcé la crise explosive qui régnait en Haïti. C’est dans le souci de détourner l’objectif populaire que les puissances exploiteuses envisagèrent une autre possibilité de gérer la crise mais cette fois sans Martelly.

Washington a insisté pour ne pas perdre le contrôle de la situation et dès lors le CEP n’y s’oppose pas et dans un communiqué le président du CEP Pierre-Louis Opont annule sa mascarade du 24 janvier qui également signa la fin de l’influence de Martelly dans les décisions politiques du pays. Aucun argument politique et juridique ne peut jouer en sa faveur maintenant. Comme l’impérialisme ne peut pas admettre que les peuples choisissent eux-mêmes leurs propres destinées, ce revirement est une façon pour eux de chercher encore à empêcher à tout prix la marche irréversible de la lutte populaire.

Ainsi le moment est venu à tous les secteurs politiques de dessiner leurs grandes lignes de proposition et leur stratégie de sortie de crise.

Le Parlement croupion sous l’influence de l’impérialisme américain a entre ses mains 4 propositions de sortie de crise après la fin de mandat de Martelly prévu pour le 7 février prochain. Même Martelly selon les déclarations du député Abel Descollines a également formulé sa proposition jusqu’à la formation d’un gouvernement de consensus. Nous ne pouvons pas oublier celle du cardinal Chibly Langlois que nous avions publié la semaine dernière. Le président du Sénat, Jocelerme Privert ne reste pas indifférent, avec ses collègues sénateurs, le sénat a sa proposition, mais il rentre en pourparlers avec les députés afin que les deux Chambres doivent présenter une proposition commune. Et le gros morceau est celle de l’opposition dénommée groupe des 8 ou G8 qui projette déjà un président provisoire en la personne d’un juge de la cour de Cassation : le juge Jules Cantave. 1

De toutes ces propositions laquelle va gagner le gros lot. Il doit avoir un jury qui prendra en charge ces propositions pour les analyser et rendre une conclusion. N’est-ce pas un moyen de donner le soin Washington de décider laquelle il va accepter pour continuer sa domination dans le pays. En réalité à qui on propose ces projets de sortie de crise ? au peuple haïtien ou à leur patron à Washington ?

Déjà Kenneth Merten le Coordonnateur spécial des États-Unis pour Haïti n’a-t-il pas approuvé la possibilité d’un gouvernement de transition quand il déclara qu’« Haïti est susceptible d’installer un gouvernement intérimaire pour transférer le pouvoir à un nouveau président »

Et de continuer pour dire : « De manière réaliste […] Nous pouvons être à la recherche d’un certain genre de solution temporaire jusqu’à ce qu’il y ait un transfert à un nouveau Président élu. Notre crainte, est que nous entrions dans une situation qui est ouverte sans fin […] Dans notre analyse, c’est une étape dangereuse ne pas franchir » et pour ajouter ensuite « ce qui est une mauvaise chose, c’est de voir la population dans les rues avec des perturbations et de l’intimidation, ce qui est inacceptable à nos yeux. Nous suivons très attentivement la situation. Nous sommes très préoccupés, nous espérons que le dialogue entre les candidats, le Président et le Président du Sénat et d’autres, puisse parvenir à une solution ».

Certes nous pouvons le constater nettement le problème des Etats-Unis n’est autre que le peuple haïtien qui est mobilisé pour défendre sa patrie pillée, vilipendée par les puissances impérialistes et leurs agents.

Par ailleurs le Chancelier des Bahamas, Fred Mitchell, depuis Quito en Équateur où il participe au sommet annuel de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a exprimé ses sérieuses préoccupations devant la détérioration de la sécurité en Haïti « Les Bahamas souhaitent que les élections puissent se dérouler dès que possible et qu’une transition ordonnée, pacifique et démocratique soit organisée d’une administration à l’autre. Les Bahamas continuent à surveiller les événements en Haïti avec de graves préoccupations et continuera à travailler au sein de la Caricom et dans un contexte plus large de l’hémisphère, pour soutenir la démocratie en Haïti »

Le chef de la mission d’observation électorale de l’Organisation des États américains (OEA) Celso Amorim, pour sa part a fait savoir « J’espère qu’on peut arriver à un consensus minimum qui permettrait d’élire des représentants avec une plus large légitimité »

En prenant soin d’ajouter à la représentante d’AFP en Haïti, Amélie Baron «Le Conseil électoral provisoire a expliqué qu’il s’agissait d’une décision prise pour des raisons sécuritaires. Mais évidemment, même si ça n’a pas été la raison évoquée, je trouve qu’une élection qui ne serait pas compétitive, avec un seul candidat, était très difficile, même si techniquement elle aurait pu être considérée comme correcte. », a répondu M. Amorim la représentante de AFP en Haïti, Amélie Baron

Cependant certains candidats comme Moïse Jean Charles, ne rêvent à rien d’autre que la formation d’une Commission d’épuration des résultats des élections du 25 octobre. Selon lui ce qui est important c’est le respect du vote populaire et non pas le respect de la date constitutionnelle du 7 février pour l’entrée en fonction du nouveau Président. Il n’a aucun problème avec l’occupation du pays et l’ingérence des puissances impérialistes. Il suffit de lui dire qu’il est gagnant ou qu’il sera au second tour. Or pour un de ses lieutenants Dieudonné Saincy, porte-parole de la plate-forme Pitit Dessalin « La mobilisation va continuer, car la solution la crise doit être trouvée avec le peuple » pas seulement avec le peuple, mais par le peuple et pour le peuple. Vu que nul autre que lui n’a le pouvoir de disposer.

Nous publions pour nos lecteurs la Proposition de sortie de crise du G8 :

Considérant que le coup d’État avorté par les urnes du Parti Haïtien Tèt-Kale (PHTK) a entraîné une crise politique majeure menaçant de plonger le pays dans l’anarchie sanglante et le chaos généralisé ;

Considérant que le non-respect par le Conseil Electoral Provisoire (CEP) scélérat de la bande à Pierre-Louis OPONT de la constitution et du décret électoral l’a totalement discrédité et que ses membres sont dénoncés par devant la justice pour leur implication présumée dans des actes de corruption ;

Considérant que le CEP complètement décrié n’a pu, dans les délais constitutionnels, mener à terme le processus électoral ;

Considérant que la crise institutionnelle ainsi créée résulte de la faute de l’exécutif Tèt-Kale qui n’a organisé aucune élection au cours de son quinquennat et du CEP croupion ;

Considérant que cette situation d’exception exige des acteurs politiques un compromis historique en vue de trouver une alternative viable au pouvoir kleptocratique Tèt-Kale ;

Considérant que le nouveau parlement, installé en violation de la constitution et de la loi, fait partie du problème et, à ce titre, ne saurait proposer de solution au pays ;

Considérant que la situation actuelle relative l’impossibilité de remplacer un chef de l’État dont le mandat arrive à terme avant l’élection d’un autre président élu diffère de la situation de la vacance présidentielle et n’est pas prévue par la Loi-mère ;

Considérant la gravité de la crise née de l’organisation des élections de 2015 ;

Considérant les efforts consentis par le G-8 et d’autres acteurs politiques pour faire échouer la tentative d’holdup électoral ;

Considérant la nécessité de régulariser la situation bancale et incomplète du parlement haïtien siégeant avec en son sein certains mal élus ;

Considérant que le G-8 a la responsabilité de travailler avec l’opposition plurielle et les secteurs vitaux du pays afin de bâtir le consensus politique indispensable à la sortie de crise.

Le G-8 propose aux autres acteurs de la société le présent plan de sortie de crise :

1. Il est mis en place, le 7 février 2016, un gouvernement provisoire qui sera formé de la manière suivante :

a) Le président de la Cour de Cassation de la République ou, à son défaut, le Vice-président de cette Cour ou défaut de celui-ci le juge le plus ancien sera investi de la fonction de Président de la République pour le temps de la transition ;

b) Un Premier ministre de consensus sera nommé par le Président Provisoire parmi les personnalités politiques du pays connues pour leur engagement politique, leur compétence et leur sérieux ;

c) Les membres du cabinet ministériel, qui n’excéderont pas quinze ministres, seront choisis par le Président de la République en accord avec le Premier ministre parmi des personnalités politiques connues du pays.

2. Le Gouvernement Provisoire a pour attributions de :

A- Mettre en place une commission d’enquête indépendante composée de cinq membres désignés par des secteurs crédibles : Association des médias, sous la supervision de l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) ; le secteur des droits humains, sous les auspices de la Plateforme Haïtienne pour la Défense des Droits Humains (POHDH) ; les organisations de femmes, sous la direction de Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA) ; l’Université, supervisée par le Recteur de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et le groupe d’observateurs nationaux de l’élection, sous le contrôle de la Commission Justice et Paix (JILAP) ;

Cette commission a un mandat n’excédant pas trente (30) jours calendaires.

Cette commission aura pour tâches de :

a) approfondir l’évaluation réalisée par la Commission d’Evaluation Electorale Indépendante (CEEI) et épurer le processus de vote par l’analyse des Listes électorales partielles (LEP), des feuilles de comptage, des procès-verbaux et des plaintes déposées en vue de déterminer l’ampleur des irrégularités et des fraudes ;

b) identifier et recommander l’exclusion du processus des bénéficiaires avérés des cas de fraudes ;

c) réévaluer les décisions des BCED et du BCEN ;

d) recommander au gouvernement provisoire de consensus toutes mesures jugées utiles et susceptibles de rétablir la confiance.

B- Mettre en place une commission d’indemnisation des victimes des journées de rébellion contre le régime Tèt-Kale et veiller à la bonne utilisation des fonds qui y seront alloués ;

C- Faire fonctionner les collectivités territoriales et l’Etat central ;

D- Respecter les engagements internationaux d’Haïti ;

E- Combattre la corruption sous toutes ses formes ;

F- Compléter le processus électoral conformément aux recommandations de la commission d’enquête électorale ;

G- Prendre des mesures d’apaisement en faveur des masses populaires et paysannes, des instituteurs et professeurs d’écoles, des policiers et des gagne-petit en général ;

H- Appliquer les recommandations de la Commission d’Enquête Electorale Indépendante ;

I- Réaliser l’audit de la gestion du pouvoir Tèt-kale ;

J- Libérer les prisonniers politiques.

3. Reporter le second tour des élections en attendant le rapport de la commission prévue au point 2.

4. Le gouvernement provisoire sera assisté dans sa tâche, avec voix consultative, par les assemblées parlementaires actuelles dont les mandats seront suspendus sans perte de salaire et autres privilèges attachés à leur fonction jusqu’au rapport de la commission prévue au point 2.

Le rapport de la commission permettra de confirmer ceux qui sont élus de manière régulière et d’éjecter ceux qui sont mal élus aux fins de régulariser la situation du parlement et de rétablir les parlementaires dans la plénitude de leurs fonctions.

5. Reconstituer le CEP dans le cadre d’un processus transparent et crédible et compléter le processus électoral conformément aux recommandations de la commission prévue au point 2 du présent accord.

6. Poursuivre, dans le respect de la loi, les corrompus.

7. Garantir la protection des membres de l’exécutif Tèt-Kale contre toute poursuite vexatoire et abusive.

NB : La présente proposition est ouverte aux critiques, suggestions, changements, modifications et transformations des autres acteurs impliqués dans la crise.

Port-au-Prince, le 24 janvier 2016

Pour le G-8 :

Samuel MADISTIN


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