Les avocats du Barreau de Port-au Prince ont marché le lundi 5 octobre 2020 pour réclamer justice pour le bâtonnier Monferrier Dorval. Réunis de très tôt devant la Cour de Cassation où devait se tenir la rentrée judiciaire 2020-2021, les avocats n’ont pas été autorisés à y participer sauf le Conseil du barreau de Port-au-Prince.
En solidarité avec leurs collègues, le Barreau ne s’était pas présenté à la cérémonie. Cette déception faite aux avocats les a en quelque sorte mobilisés davantage pour la grande marche de justice programmée en cette journée en l’honneur du bâtonnier assassiné.
Ils étaient plus qu’une centaine de participants dont les avocats et des militants d’organisations qui ne manquent à aucune protestation contre le pouvoir en place. La presse a été bien représentée pour la couverture de cet événement : devant les locaux de la Cour de Cassation à l’avenue Monseigneur Guilloux et sur tout le parcours en passant au Champ de Mars, la rue Capois, puis l’avenue Jean Paul II pour atteindre la destination finale à la rue Rivière.
Des slogans hostiles particulièrement à Jovenel Moise ont été entendus sur le parcours. Les avocats du barreau n’ont pas manqué d’exiger qu’une commission internationale vienne enquêter sur l’assassinat de Me Dorval. Sur des pancartes des protestataires on pouvait lire : « Jovenel, si w pa koupab, mete komisyon entènasyonal la sou pye. Twòp san koule. Jistis pou mèt Dorval ! »
Suite au double crime du vendredi 2 octobre, à savoir l’assassinat de l’étudiant du département des Sciences sociales de l’École normale supérieure Grégory St-Hilaire par des agents de l’Unité de sécurité générale du Palais national (USGPN) alors qu’il participait avec d’autres camarades à un mouvement visant à exiger le suivi des dossiers de stage académique, et à l’incendie de la Bibliothèque de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) une entité de l’Université d’État d’Haïti, les étudiants ont rejoint la marche des avocats à la Rue Capois.
Sur le parcours dénonçant le pouvoir PHTKiste, des voitures ont été saccagées, des barricades de pneus enflammés dressées.
Arrivée à la rue Rivière, le bâtonnier à l’intérim Me Suzy Legros s’est interrogée : « Quel est cet État qui reste indifférent à l’assassinat d’un bâtonnier dans l’exercice de ses fonctions? Quel est cet État qui permet à un agent des forces de l’ordre d’assassiner un étudiant dans les locaux mêmes d’une faculté parce qu’il disait non à la violence et oui à l’Éducation ? Quel est donc cet Etat où l’on massacre des citoyens dans leurs quartiers ? Quel est le nom de cet Etat où l’on met le feu à un bâtiment universitaire et où on brûle les livres ? Où est donc la justice en Haïti? Où la rend-on? Dans quel lieu et au nom de quoi ? »