Depuis la grande manifestation commémorant le 7 février, jour rappelant le 33ème anniversaire de la chute de la dictature Duvaliériste symbolisée par le départ pour l’exil du nazillon Jean-Claude Duvalier (Baby doc), le peuple haïtien n’a pas cessé de manifester dans toutes les villes du pays semées de barricades de pneus enflammées.
On en est déjà au 6ème jour sans interruption et c’est pour la première fois qu’une mobilisation a pris cette allure, d’autant que toutes les revendications sont légitimes et que le gouvernement n’a point de propositions concrètes, crédibles à offrir face aux dénonciations de la vie chère qui ne cesse d’augmenter à la vitesse de l’éclair, à l’exigence d’un procès sur la dilapidation des fonds Petrocaribe, ce qui a révolté toutes les couches du pays ; surtout que le dernier rapport de la Cour des comptes a justement indexé l’actuel chef de l’Etat, causant un renforcement de la colère populaire. Celle-ci ne démord pas, et exige qu’un terme soit mis au régime phtkiste aberrant et corrompu que dirige actuellement le successeur de Michel Martelly : Jovenel Moise.
Ce dernier se retrouve dans une situation compliquée ; rien ne joue en sa faveur, même les Etats-Unis ne peuvent pas l’aider ouvertement du fait de leurs positions communes avec le pouvoir haïtien dans la crise qu’ils ont eux-mêmes créée au Venezuela.
Outre le secteur dit populaire et démocratique qui a été rejoint par Moise Jean-Charles et Latibonit An Aksyon de Youri Latortue, d’autres partis traditionnels sans forces politiques et populaires effectives comme la Fusion, MOPOD, OPL, Verite « Kontra Pèp La », Mocrenha, « Ayisyen Pou Ayiti » et « Veye Yo » exigent la démission du Président Jovenel Moïse et de son Gouvernement.
Depuis ce 7 février, les écoles, le commerce, les banques ne fonctionnent pas, les employés restent chez eux, le transport en commun est bloqué puisque toutes les rues ont été barricadées. La PNH essaie d’assurer un minimum de sécurité puisqu’elle n’a pas les moyens de se tenir dans chaque quartier pour gérer cette immense marée humaine qui envahit quotidiennement le macadam manifestant une colère proportionnelle à sa faim et la soif d’un changement perceptible et concret.
Depuis cette date, le président se trouve le dos au mur, acculé. Aussi, il n’a même pas pu célébrer sa deuxième année au pouvoir, pas plus que son Premier ministre Jean-Henry Céant n’a pu lancer le dialogue tant annoncé pour le 7 février. C’est un signe de faiblesse et de perte de contrôle du pays.
Il doit partir, c’est le refrain du carnaval populaire porté par une musique endiablée. Les pancartes de circonstance, les branches d’arbres égayent les rues du pays de Port-au-Prince à Jacmel, des Cayes à Saint-Marc, de Jérémie aux Gonaïves. Au Cap-Haitien, de grandes foules occupent les rues. A Mirebalais, les citoyens ont chanté les funérailles symboliques de Jovenel Moïse. Dies irae, jour de colère du peuple, jour de ras-le-bol.
Signalons que tout au cours de ces manifestations, le peuple haïtien n’a pas manqué de manifester sa solidarité à l’endroit de Nicolas Maduro et du peuple vénézuélien avec des pancartes affichant des slogans tels que « Ayiti ak Venezuela se marasa » « Maduro pèp ayisyen pa engra »
Les mobilisations se sont fait remarquer avec hommes et femmes tenant des chaudières et des assiettes vides, vivant symbole de la faim, tandis qu’ils criaient ; “Nou grangou ! On a faim, on n’a rien à manger!”.
Caveat ! Comme on est en Haïti, et que le peuple est la proie de politiciens véreux, sans colonne vertébrale, qu’on ne s’étonne pas si la situation devait se renverser au détriment des aspirations populaires.