Manifestation ouvrière : 1500 Gourdes pour tous !

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Mouvement de protestation ouvrière le mercredi 9 février devant la Sonapi. Les travailleurs réclament un salaire minimum journalier estimé à 1500 gourdes.

Pendant deux jours suivis, comme les syndicats l’avaient annoncé, plusieurs centaines d’ouvriers du secteur textile ont manifesté les 9 et 10 février 2022 notamment devant la Société Nationale de Parcs Industriels (SONAPI) sur la route de l’Aéroport, à Port-au-Prince, au Parc industriel de Caracol dans le Nord, et également au parc industriel CODEVI, à Ouanaminthe dans le département du Nord-Est, en vue de réclamer une augmentation de salaires et dénoncer que le salaire minimum n’a pas été réajusté depuis le mois novembre 2019 malgré le coût élevé de la vie.

Au cours de cette manifestation, les principales revendications ont été justement l’augmentation à 1500 gourdes pour le salaire minimum d’une journée de travail de 8 heures en plus d’autres avantages sociaux, tels que le transport et les subventions alimentaires.

Soulignons-le, c’est pour la première fois que les syndicats outre la sous-traitance réclamaient une augmentation pour toutes les catégories de salariés sans aucune exception puisque les conditions de travail ne cessent de se dégrader.

C’est un grand pas vers l’unité des ouvriers de sorte qu’ils ont un mot d’ordre commun pour affronter le patronat et le gouvernement à son service. C’est un pas dans la bonne direction puisque les ouvriers sont les éléments de classe essentiels pour un changement radical dans un pays où sévissent l’injustice, la faim et la corruption.

Les deux journées de mobilisation pacifique des ouvriers ont été terriblement réprimées par des policiers faisant usage de gaz lacrymogène pour disperser les travailleurs

Les deux journées de mobilisation pacifique des ouvriers ont été terriblement réprimées par des policiers faisant usage de gaz lacrymogène pour disperser les travailleurs. Ô ironie ! Des policiers qui tout récemment manifestaient également à travers leurs syndicats pour réclamer leurs salaires, de bonnes conditions de travail et une augmentation du montant de leur carte de débit.

Les ouvriers, majoritairement des femmes, ont marché sur le boulevard Toussaint Louverture (Route de l’aéroport international de Port-au-Prince), en lançant des slogans hostiles aux patrons des usines de sous-traitance et au gouvernement en place. Au cours de la première journée, plusieurs ouvrières et ouvriers ont été victimes, dont une femme enceinte tombée en syncope à la suite de l’usage abusif de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.

Parmi les slogans on pouvait entendre : « Vivent les 1,500.00 gourdes comme salaire minimum ! A bas les 500.00 gourdes. Nous ne pouvons rien faire avec ce salaire misérable» et « Nous réclamons 1500 gourdes comme salaire » tout au long du parcours, les ouvriers à pleins poumons ne cessaient de lancer ces revendications.

La classe ouvrière se forge dans l’action, dans la mobilisation ouvrière.

Suite à la répression policière, d’autres syndicats n’ont pas manqué de réagir pour dénoncer le gouvernement au service des patrons. Le Syndicat des Employés de la Loterie de l’État Haïtien (SELEH)  par exemple, dans une note de presse a exprimé son indignation  qui rappelle une certaine époque et s’est ainsi exprimé « Le temps où des responsables utilisaient, sans conséquences, les bras armés de l’État pour fuir leurs responsabilités est révolu ».

Le gouvernement de facto pour amadouer les manifestants  a informé avoir déjà entamé un processus de concertation avec les différents responsables du secteur patronal et syndical, pour l’ajustement du salaire.  « Le conseil supérieur des salaires finalise actuellement ses recommandations pour la fixation d’un nouveau salaire minimum […] j’ose espérer que le salaire minimum saura prendre en compte la réalité du coût de la vie et la dynamique sociale dans le secteur industriel et commercial », a déclaré le Premier ministre Ariel Henry.

Voilà une vivante illustration de la lutte de classe. Rappelons qu’au mois de décembre dernier le gouvernement avait augmenté les prix des produits pétroliers sur le marché local qui impliquent automatiquement une hausse des prix de transportation, mais il n’avait pas pensé à augmenter les salaires des ouvriers qui utilisent quotidiennement le transport public.

Par ailleurs, selon le syndicaliste Télémaque Pierre les travailleurs manifesteront à nouveau la semaine prochaine si leurs revendications ne sont pas satisfaites au plus tard le mardi 15 février 2022.

La lutte ouvrière est constante, c’est la lutte contre l’exploitation de l’homme par l’homme. Les travailleurs n’ont d’autre choix que de se dresser contre l’injustice d’un système capitaliste dans lequel les profits ne cessent d’enfler dans les banques d’une classe de la société tandis que la misère s’étend à l’autre classe qui ne peut même pas manger voire payer ses courses quotidienness et l’éducation de ses enfants.

La classe ouvrière se forge dans l’action, dans la mobilisation ouvrière. Les travailleurs doivent continuer dans leurs luttes non seulement pour l’ajustement de leurs salaires mais pour jeter les bases d’une transformation sociale de la société haïtienne.

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