Depuis le 1er Octobre 2020, date de la rentrée en fonction d’une nouvelle loi haïtienne régularisant les paiements de transfert, la majorité des locaux de ces petites entreprises de transfert fonctionnant dans le pays en tant que commissionnaires des grands bureaux de transferts locaux et internationaux tels que CAM, Unitransfert, Western Union, Money Gram, etc…avaient fermé leurs portes pour protester contre cette mesure de la Banque de la République d’Haïti (BRH) qui oblige aux compagnies de transfert sans distinction aucune de remettre en monnaie haïtienne la gourde, tous les transferts d’argent venant de l’étranger.
Cette circulaire 114-2 de la BRH a fait dresser le poil aux dos des dirigeants de ces petites entreprises qui pour contrecarrer ce projet lésant leurs intérêts se sont organisées en association. Elles se sont réunies en une organisation dénommée l’Union Nationale des sous-agents de Transfert d’Haïti (UNATHA) et c’est dans cette optique que cette organisation a manifesté le lundi 12 octobre dans les rues de la capitale et même dans certaines villes de province. À Port-au-Prince, elles ont défilé de l’avenue John Brown jusqu’à la rue Pavée devant le bâtiment de la BRH.
A présent, quelqu’un qui reçoit un transfert de l’étranger a beaucoup de difficultés pour trouver un agent proche pour le dépanner puisque ces plusieurs milliers de bureaux de transferts à travers tout le pays sont en grève, non pas contre leurs maisons d’affiliation, mais contre la Banque de la République d’Haïti et ses alliés du système bancaire. L’unique alternative est de se rendre à leurs bureaux-mère d’autant que les banques commerciales affiliées sont toujours bondées de mondes et l’environnement y est également très dangereux ; en plus de la fatigue, les gens se sentent très en insécurité, exposés qu’ils sont, parfois, à des présences potentiellement indésirables, sinon menaçantes.
Selon le président de l’UNATHA, M. Pierre Renel, cette décision de la BRH vient de priver plus de 30 000 personnes de leur emploi et complique davantage la situation déjà difficile et précaire de la grande majorité de la population dépendant d’un parent ou d’un ami qui le soutient économiquement par un transfert de l’étranger.
Par ailleurs, ces agents ne sont pas des employés, ils s’emploient eux-mêmes de préférence. Ils n’ont qu’une commission sur chaque transaction qui ne les rapporte pas grand- chose pouvant les aider à joindre les deux bouts. Par contre, le paiement des transferts en US dollars les avait en un sens aidé à se procurer des dollars qu’ils pouvaient eux-mêmes revendre pour en faire un petit bénéfice.
Sans ce moyen, c’est le désastre total pour eux, puisque les commissions qu’ils reçoivent de la maison-mère sont insignifiantes par rapport à leur dépense. Certains sont des employeurs, puisqu’ils emploient une ou deux personnes même pour des mesures de sécurité.
Cette sanction prise par la BRH sous la pression gouvernementale est une autre façon pour les classes dominantes de récupérer systématiquement les devises en dollars américains. Cette décision de la banque centrale vise à enrichir un petit groupe de personnes, au détriment de la population, selon des membres de l’Union nationale sur les agents de transfert.
C’est une prise en otage du marché du transfert par les grands commerçants propriétaires des banques Capital bank, Unibank, Sogebank et autres de sorte qu’ils monopolisent le marché d’échanges et ne laissent rien aux masses populaires.
Ce n’est pas sans raison cette chute du dollar face à la gourde au moment où toutes les transactions de paiement de transfert doivent être effectuées avec la monnaie locale.
Seul moyen de recevoir un transfert en US dollar, il faut que vous ayez un compte bancaire en US dollars. Des gens qui ne travaillent pas, qui vivent au jour le jour de ce qu’ils reçoivent, comment peuvent-ils maintenir un compte d’épargne en monnaie américaine ? C’est abominable !