Depuis le vote par le Senat de la loi de Finances 2017-2018, le vendredi 8 septembre 2017, un vent de mobilisation semble timidement souffler à nouveau dans le pays pour combattre les nouvelles taxations du gouvernement Moise-Lafontant sur la population.
A cette fin, Fanmi Lavalas appelle à une manifestation pour le lundi 11 septembre pour commémorer de biens tristes souvenirs tels l’assassinat crapuleux d’Antoine Izméry en 1993 et le massacre de l’église de Saint-Jean Bosco en 1988 par les brassards rouges de Franck Romain tout en dénonçant le vote de la loi de Finances.
L’ancien sénateur et candidat à la présidence de la Plateforme Pitit Dessalines Jean Charles Moise entre dans la danse et annonce lui-même une autre manif pour le mardi 12 septembre contre le budget et le pouvoir en place.
Ainsi le lundi 11 septembre pour essayer de désorienter les appels à la mobilisation, la présidence dans une conférence de presse au Palais national par deux de ses quatre porte-parole en l’occurrence Tamara Orion et Martine Denis Chandler s’est montrée toutefois satisfaite de ce que les Parlementaires dont la majorité acquise au gouvernement ont voté à la chambre Basse et Haute l’adoptation de la loi de Finances 2017-2018 du gouvernement Moise-Lafontant ;
mais reste prudente cependant pour amadouer le peuple, Tamara elle-même l’appelait au calme en lui faisant croire que cette loi votée « allait permettre à l’exécutif d’ouvrir une série de grands chantiers dans le pays de sorte que tous les citoyens bénéficient des services auxquels ils ont droit ». Malheureusement, ces propos n’ont pas pu en aucune façon stopper les masses défavorisées mécontentes et prêtes à protester contre cette loi d’exploitation forgée pour les mettre davantage à genoux dans la misère et la pauvreté.
Les organisations de droits humains ne sont pas restées indifférentes, elles sont entrées dans la partie pour exprimer leur ras le bol face à cette loi de finances. Ainsi, le lundi 11 Septembre, dans une conférence de presse également, la coordonatrice de l’organisation CE-JILAP, Jocelyne Colas, a fait savoir que « ce budget n’est pas en conformité avec la constitution puisqu’il ne conduira le pays que vers plus d’inégalité sociale, de misère, d’injustice et de corruption ». Me Joseph Maxime Rony coordonnateur général de la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains a pour sa part qualifié « de provocation le vote du budget » ; tout en prenant le soin d’ajouter que le peuple « doit prendre son destin en main en recourant à la désobéissance civile ; vu que l’Etat ne fournit pas les services de base à la population ».
Au cours de cette journée du lundi 11 Septembre, les militants de l’organisation Fanmi Lavalas ont profité pour critiquer énergiquement la loi de finances 2017-2018 ; sauf qu’ils ont également manifesté leur colère et leur frustration en saccageant quelques véhicules jusqu’à les mettre à flammes. Après avoir sillonné quelques rues de la capitale, les forces de l’ordre Cimo au service de la bourgeoisie ont fini par disperser la foule des manifestants en faisant usage du gaz lacrymogène et de projectiles en caoutchouc.
Les manifestants se sont résignés à rentrer, mais pas déposer aux armes. Ainsi, ils reprennent pour la plus belle les rues le lendemain mardi 12 septembre et cette fois pour de bon. Munis de leurs pancartes et de branches d’arbres, tout au long du parcours, ils chantent et lancent des slogans très hostiles aux parlementaires et au président de la république Jovenel Moïse qu’ils accusent non seulement d’inculpé, mais travaillant au service de la bourgeoisie.
Ils parcourent les rues aux cris de « Ne touchez pas à Don Kato », le sénateur de l’Ouest qui a voulu boycotter la séance pour empêcher le vote du Sénat. « Ne touchez pas à Don Kato, nous brûlerons le parlement »
« À bas Jovenel » disent-ils « à bas la bourgeoisie, nous n’obéirons pas » « Liberté ou la mort, la révolution va commencer ».
Ce mardi un jeune homme a été victime, quand un véhicule avec une plaque d’immatriculation officielle a été attaqué par certains manifestants à Martissant 17. Selon ce que rapportent des témoins, c’est le chauffeur qui a tiré et la balle a frappé mortellement un des manifestants.
Le gouvernement pour défendre son camp réagit par l’intermédiaire du ministre de la Justice et de la Sécurité Publique M. Heidi Fortuné, qui par un communiqué menace les manifestants « Il est regrettable de constater depuis quelques temps, dans la Capitale du pays, que certaines institutions publiques sont assujetties à des scènes de violence commanditées et opérées par des personnes porteuses du virus anti-démocratique, mettant ainsi en péril non seulement la vie de nos concitoyens et leurs biens, mais encore ceux
faisant partie du patrimoine de notre État. Des instructions formelles ont été passées au Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince et au Directeur Général de la PNH, chacun en ce qui le concerne, de prendre toutes mesures appropriées; avec la mention suivante: Arrêter et faire juger les coupables sans considération d’appartenance politique »
Le sénateur de l’ouest Antonio Chéramy dénonce catégoriquement cette mesure du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp) qu’il qualifie de stratégie pour empêcher la population de manifester dans les rues de Port-au-Prince « Je suis pour les manifestations pacifiques, le respect de la constitution et contre toutes formes de violences. Mais, s’il faut condamner des actes de violence, il faut aussi condamner ceux de la Police qui ne cesse de maltraiter les manifestants » a souligné la plateforme Vérité de René Préval.
Une autre mobilisation est déjà annoncée pour le mercredi 13 septembre 2017 qui elle-même se rendra devant les locaux du parlement haïtien.