Louise Michel, révolutionnaire fidèle aux idéaux de la Commune de Paris

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Louise Michel, révolutionnaire: une vie consacrée aux idéaux de la Commune de Paris.

De tous les personnages de la Commune de Paris, Louise Michel est la première femme à avoir triomphé de la conspiration du silence et de l’oubli.  Éducatrice, militante, combattante, oratrice, poétesse, accusée transformant les tribunaux en tribune, elle campe un personnage qui servira de référence à toutes les révolutionnaires d’idéologies diverses depuis la fin du 19e Siècle jusqu’à nos jours.

Clémence Louise Michel naît le 29 Mai 1830 en Haute-Marne au château de Vroncourt, fille de la servante Marie-Anne Michel et d’un «père inconnu», vraisemblablement Laurent Demahis, fils du châtelain. Les Demahis qu’elle appelle ses grands-parents, l’éduquent dans la connaissance des Lumières et le souvenir de la Première République. Elle lit Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Cette éducation lui fera prendre conscience d’abord de l’injustice, puis de la nécessité de la combattre. Après la mort des Demahis en 1850, Louise et sa mère doivent quitter la maison de Vroncourt mise en vente par la veuve et les enfants légitimes de Laurent Demahis.

Louise Michel obtient en 1851 le diplôme d’institutrice, lui permettant d’exercer dans les écoles pour filles. En septembre 1852, à 22 ans, elle crée une école libre à Audeloncourt où elle enseigne durant une année avant de se rendre à Paris où elle emménage.

En 1853, elle devient institutrice mais elle refuse de prêter serment à l’Empereur Napoléon III. Elle enseignera donc dans des écoles « libres », c’est-à-dire sans lien avec le pouvoir, d’abord en Haute-Marne, puis à Paris à partir de 1856. Ses méthodes pédagogiques s’inspirent de quelques grands principes : l’école doit être pour tous, pas de différence entre les sexes, nécessité d’une éducation à la sexualité, l’enseignant doit en permanence accroître son savoir. Sur ces idées, elle rencontre tout ce que Paris compte de républicains et d’avant-garde socialiste.

Pendant les quinze ans qui suivent, elle poursuit régulièrement son activité d’enseignante.   Elle y enseigne avec passion, tout en écrivant des poèmes qu’elle adresse à Victor Hugo et qu’elle signe sous le pseudonyme d’Enjolras, personnage du roman Les Misérables. Ses écrits augurent déjà de la future militante. Elle prépare les épreuves du baccalauréat suivant les cours d’instruction populaire dirigés par les républicains Jules Favre et Eugène Pelletan, et qui élargissent son horizon politique. Elle entretient une correspondance de 1850 à 1879 avec Victor Hugo et lui adresse quelques poèmes.

En 1856 elle fréquente les milieux républicains avant d’adhérer aux thèses de son contemporain et socialiste anarchiste Auguste Blanqui. En 1869, elle devient secrétaire de la Société démocratique de moralisation, prônant la solidarité avec les ouvrières. A la même époque, elle rencontre Jules Vallès, journaliste, écrivain et homme politique d’extrême-gauche, Eugène Varlin, socialiste, communard, membre de la Première Internationale et Emile Eudes, socialiste, blanquiste, membre éminent de la Commune.

En 1870, dans les ferments révolutionnaires d’une ville assiégée par la guerre franco-prussienne, Louise Michel crée une cantine pour ses élèves et milite contre l’arrestation de son ami Emile Eudes, par la IIIème République – alors nouvellement proclamée. Elle participe à la fondation du journal  Le cri du peuple  en février 1871, et prend une part active à la Commune de Paris, proclamée le 18 mars. Elle fonde le Comité de vigilance de Montmartre, étroitement lié à l’Association internationale des travailleurs (AIT), et endosse plusieurs rôles dans la guerre qui oppose Adolphe Thiers et les Versaillais aux Communards.

Elle est de tous les fronts avec la Commune de Paris dont elle est une militante très active   et dont elle épouse les idéaux: démocratie directe reposant sur une citoyenneté active,  règlements autogestionnaires dans les entreprises, ateliers coopératifs, libération de la femme soumise à des siècles de phallocratie, projets d’instruction pour les filles visant à affranchir les femmes des superstitions et de l’emprise étouffante de l’Eglise, salaire égal à travail égal, éducation populaire, “libre expansion de l’art, dégagé de toute tutelle gouvernementale et de tous privilèges”, officialisation de l’union libre, bannissement de la prostitution considérée comme une forme de “l’exploitation commerciale de créatures humaines par d’autres créatures humaines. ”                                            

En 1870, après la défaite de Napoléon III, Louise Michel se bat pour une République démocratique, inspirée de la Convention de l’an II, et sociale. Elle sera de tous les combats pour la défense de Paris et pour réclamer l’élection de la Commune. À quarante ans, elle préside le Comité de vigilance des femmes de Montmartre. Le 18 Mars 1871, elle est au premier rang de ces femmes avec Paule Minck et Anna Jaclard, qui mettent en échec la tentative de Thiers de s’emparer des canons de la Garde Nationale. Pendant la Commune, elle combat dans la Garde nationale. Elle se bat sur les barricades de la “Semaine sanglante”. Le 24 mai, sa mère ayant été prise en otage par les royalistes Versaillais, elle se constitue prisonnière.                                                                                                                              Propagandiste, garde au 61e bataillon de Montmartre, ambulancière, et combattante, elle anime aussi le Club de la Révolution à l’église Saint-Bernard de la Chapelle.  En avril-mai, lors des assauts versaillais contre la Commune, elle participe aux batailles de Clamart, Issy-les-Moulineaux, Neuilly. Sur la barricade de Clignancourt, en mai, elle participe au combat de rue dans lequel elle tire ses derniers coups de feu ; elle se rend pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place. Louise Michel  est  détenue au camp de Satory près de Versailles. Elle assiste alors aux exécutions et voit mourir ses amis, parmi lesquels Théophile Ferré exécuté avec l’ancien ministre de la Guerre de la Commune, Louis Rossel.                                                                                                                                                                     Le 16 Décembre 1872, elle passe devant un Conseil de guerre qu’elle transforme en tribune pour la défense de la révolution sociale. Elle est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée. Elle est incarcérée à la prison d’Auberives en Haute-Marne, jusqu’à son départ pour la Nouvelle Calédonie le 24 août 1873 où elle arrive le 8 décembre.                                                                         Au bagne, elle reprend son travail d’institutrice auprès des Canaques. Elle les approuve quand ils se révoltent contre la colonisation. Elle se prend de sympathie pour les Algériens déportés après leur révolte de 1871. Libérée après la loi d’amnistie du 12 Juillet 1880, elle revient en France où elle débarque à Dieppe le 9 Novembre et est accueillie triomphalement à Paris, gare Saint-Lazare.

Elle reprend son action révolutionnaire marquée par sa fidélité aux idéaux de la Commune de Paris. Elle est devenue anarchiste pendant sa déportation ce qui ne l’empêche pas d’entretenir des relations courtoises et solidaires avec ses anciens compagnons d’armes engagés dans la propagation du socialisme. Jusqu’à la fin de sa vie elle ira de ville en ville porter la parole révolutionnaire ce qui lui vaudra de séjourner à nouveau en prison à plusieurs reprises.                                                          

Résolument antimilitariste, elle se prononce sans ambigüité pour l’adoption du drapeau noir par les anarchistes, socialistes libertaires: « Plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions », avait-elle proclamé. Son engagement va se concrétiser dans l’action: manifestation le 9 mars 1883 au nom des « sans-travail » qui dégénère rapidement en pillages de trois boulangeries et en affrontement avec les forces de l’ordre; emprisonnement puis libération; en août 1886, elle est de nouveau emprisonnée pour quatre mois à cause d’un discours prononcé en faveur des mineurs de Decazeville, aux côtés de Jules Guesde et  Paul Lafargue; arrestation en avril 1890 à la suite d’un discours qu’elle a prononcé à Saint-Étienne et de sa participation à un meeting qui entraîna de violentes manifestations à Vienne.

Pendant les dix dernières années de sa vie, Louise Michel, devenue une grande figure révolutionnaire et anarchiste, multiplie les conférences à Paris et en province, accompagnées d’actions militantes et ce malgré sa fatigue ; en alternance, elle effectue des séjours à Londres en compagnie d’amis. En 1895, elle fonde le journal Le Libertaire en compagnie de Sébastien Faure propagandiste anarchiste français de renommée internationale, plus un vulgarisateur qu’un théoricien. Le 27 juillet 1896, elle assiste à Londres au congrès international socialiste des travailleurs et des chambres syndicales ouvrières. Anarchiste convaincue, mais attentive à l’indispensable union avec les socialistes d’alors, elle participe à la Ligue internationale des femmes révolutionnaires en 1882.Très surveillée par la police, elle est plusieurs fois arrêtée et emprisonnée, et condamnée à six ans d’incarcération. Sur intervention de George Clémenceau défenseur de l’amnistie pour les Communards, elle st libérée après trois ans pour revoir sa mère sur le point de mourir.

Louise Michel a été aussi une pionnière du féminisme. A ce sujet, elle écrit dans ses Mémoires : « La question des femmes est, surtout à l’heure actuelle, inséparable de la question de l’humanité. Les femmes, surtout, sont le bétail humain qu’on écrase et qu’on vend », avant de lancer : « Notre place dans l’humanité ne doit pas être mendiée, mais prise».

Sur la prostitution, ses propos sont tranchants : « Il y a entre les propriétaires des maisons de prostitution échange de femmes, comme il y a échange de chevaux ou de bœufs entre agriculteurs […];  Est-ce qu’il n’y a pas des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les filles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La prostitution est la même […] Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire »

Après une série de conférences données dans les Alpes où elle a pris froid  Louise Michel souffrant depuis longtemps de bronchite chronique, épuisée, décède d’une pneumonie le 9 janvier 1905 à Marseille, à l’âge de 74 ans, après une ultime réunion publique. Le 21 janvier 1905, une foule considérable suit son cortège funèbre de la gare de Lyon à Paris jusqu’au cimetière de Levallois où elle est inhumée à côté de sa mère. Honneur et gloire à une révolutionnaire conséquente restée toute sa vie fidèle aux idéaux de la Commune de Paris.

Sources d’information:

Louise Michel : une vie d’honnêteté et de fidélité aux idéaux de la Commune. Rebellyon-Info. 21 janvier 2017.

Huit femmes révolutionnaires à l’honneur. Le Bilan. 8 mars 2016.

 Louise Michel. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise_Michel#cite_note-toupie.org-5

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