Il fut un temps où la pire des accusations qu’on pouvait porter contre une personne, un militant politique ou même un État était l’épithète de communiste. En Haïti, par exemple, sous le régime dictatorial duvaliériste, vous accuser de la maladie du communisme suffisait pour éliminer une personne, voire sa famille entière. Nous n’oublierons jamais le nombre de femmes et d’hommes qui ont été décimés sous ce prétexte odieux, simplement accusés d’être communistes.
Quel meilleur hommage à Lee Harvey Oswald qui a été arrêté pour le meurtre du président américain John F. Kennedy, le 22 novembre 1963. Il a été décrit comme quelqu’un qui a vécu trois ans en Union Soviétique et a milité en faveur de Cuba. C’était une façon de dire qu’un communiste avait commis ce crime. À cette époque de la guerre froide, si quelqu’un avait besoin d’assassiner n’importe qui, il suffisait tout bonnement de l’accuser d’être communiste ou être prosoviétique.
Les temps ont depuis sensiblement changé. Aujourd’hui, si l’impérialisme n’a pas changé dans son quotidien avec ses mensonges, ses actes d’agression et d’exploitation, il a néanmoins changé de logiciel et le terme de ses chantages. Provocation ou manœuvre de toutes sortes sont utilisées pour dénigrer les régimes révolutionnaires et perpétuer l’ignorance. Le président Ronald Reagan en son temps, n’a-t-il pas utilisé le terme « empire du mal » pour stigmatiser l’Union Soviétique (l’URSS), la Fédération de Russie aujourd’hui ? Depuis la désintégration de l’URSS en 1991 et l’effondrement du bloc de l’Est, puis l’attentat perpétré le 11 septembre 2001 contre les États Unis d’Amérique, l’Occident ne se réfère plus aux violences communistes à l’encontre des pays insoumis, de surcroîts socialistes.
Un autre vocable a été mis à jour : c’est celui de terroriste. Toutes celles et tous ceux refusant de suivre ses ordres, de ne pas se soumettre à sa dictature capitaliste rentrent automatiquement dans cette catégorie. Pire, si vous prônez une société égalitaire, visant l’instauration d’une société sans classes, il ne vous traite plus de communiste, en revanche, vous êtes devenus un terroriste à abattre ! Dans ces conditions, on ne va pas vous laisser vivre en paix. Vous serez pourchassé, traqué, surveillé comme du temps du communisme. Le terme « terrorisme » est ainsi utilisé pour décrire les pratiques de certains pays ou mouvements révolutionnaires, voire de groupes de libération nationale, dans un jeu de pouvoir et d’opposition au système capitaliste qui cherche à détruire des vies humaines.
La désignation par le gouvernement américain « d’organisations terroristes étrangères » (OTE) de tout groupe ou État luttant contre l’injustice et l’indépendance, relève d’une vision impérialiste dominante. Elle constitue une menace pour la sécurité individuelle et nationale de tout pays qui, selon Washington, respecte les aspirations profondes de son peuple. Dès lors, l’objectif de la lutte contre le terrorisme prônée par l’Occident sous le leadership de Washington, est-il réellement fondé, sincère et objectif ? Permettez nous d’en douter.
C’est dans ce contexte d’ailleurs que de nombreux pays progressistes de surcroît communistes vont être affublés de d’État terroriste. L’un de ces pays est la République socialiste de Cuba contre laquelle le département d’Etat américain en 2021, sous la direction du Secrétaire d’Etat, Mike Pompeo déclarait : que le régime Castro doit mettre fin à son soutien au terrorisme international et à la subversion de la justice américaine.
Cette attaque lancée contre Cuba était évidemment une fausse accusation pour tenter de combattre l’île communiste et de l’isoler du reste du monde. Dans la même veine, l’actuel Secrétaire d’État américain Marco Rubio, vient pour sa part, intensifier ses attaques contre le président vénézuélien Nicolás Maduro. Dans un communiqué officiel, il l’a qualifié non seulement de « dirigeant illégitime » à la tête d’un cartel narco-terroriste, mais visant à déstabiliser la région et menaçant la sécurité des États-Unis. Washington a même osé porter à 25 millions de dollars la récompense pour toute information menant à l’arrestation du président vénézuélien.
L’Occident s’est créé ses propres ennemis ! Le discours communiste est aujourd’hui sans effet sur personne, voilà pourquoi il a inventé l’épithète terroriste pour pouvoir continuer à persécuter toutes les forces progressistes révolutionnaires qui s’opposent avec courage et détermination à ses actions malhonnêtes afin de les porter à fléchir jusqu’à les faire céder à ses exigences hégémoniques.
Il a créé ses propres victimes, ses propres ennemis ! Cuba aussi bien que le Venezuela deux pays du camp anti-impérialiste qui n’ont jamais soutenu en aucune circonstance des actes de terrorisme sont dorénavant, taxés d’État terroriste. Tandis que, la seule faute de ces pays s’illustre dans leur combat permanent pour se défendre face à la domination impérialiste et leur sacrifice à être les seuls gouverneurs de leur rosée et de leur destinée.
A la différence d’Haïti, où c’est l’impérialisme américain qui décide de la moindre décision, voire de l’avenir du pays. Et par voie de conséquence, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et son gouvernement aux multiples facettes de corruption n’en font aucun cas et ne voient aucun danger quand les Etats-Unis, selon leur propre loi de domination, déclarent que notre pays possède des organisations terroristes. Dans ces conditions, la seule question qui mérite d’être posée, c’est à qui profite le crime ? Evidemment, aux mêmes puissances impérialistes et à leurs laquais dont le pays est l’une des victimes de leur politique criminelle.
L’ancien président américain Bill Clinton n’a-t-il pas fait son mea culpa au sujet de sa responsabilité pour avoir forcé l’Etat haïtien à adopter des mesures de dérégulations commerciales dévastatrices accélérant la paupérisation des masses ? Ce crime qu’on peut clairement qualifier de terroriste de l’impérialisme est resté, comme bien d’autres encore, impuni jusqu’à nos jours. Or, si des gens continuent à mourir suite à cette décision criminelle et de la complicité des dirigeants locaux et de l’insouciance des pouvoirs publics haïtiens en général incapables d’améliorer le sort des masses défavorisées, c’est bien la faute des États Unis qui ont imposé leur diktat en Haïti. Ce qui est une forme claire, authentique de terrorisme de la part d’un État puissant appliqué à un État faible. De ce constat, il ne peut découler qu’une seule conclusion : que le peuple haïtien empêche à l’impérialisme de répandre par-ci par-là des victimes par le phénomène terroriste qu’il a lui-même créé. Et le seul moyen pour y arriver est le démantèlement complet de tous les réseaux de la domination capitaliste et de l’impérialisme dans le pays, afin que le peuple puisse librement déterminer son avenir.