L’idée d’une Journée Internationale des Femmes…

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C’est à la conférence internationale des femmes socialistes de 1910 que l’idée d’une « Journée Internationale des Femmes » est lancée.

C’est à la conférence internationale des femmes socialistes de 1910 que l’idée d’une « Journée Internationale des Femmes » est lancée. À Copenhague (Danemark) en août 1910 a lieu la 2ème conférence internationale des femmes socialistes qui réunit des centaines de femmes venues de 17 pays. La première a eu lieu en 1907, à l’initiative de la journaliste allemande Clara Zetkin qui dirige depuis 1890, Die Gleichheit (L’égalité), importante revue comptant jusqu’à 125 000 abonné(e)s.

Lors de cette conférence Clara Zetkin propose, pour la première fois, que les femmes socialistes de tous les pays organisent tous les ans une journée des femmes qui servira en premier lieu la lutte pour le droit de vote des femmes. Cette proposition est aussitôt adoptée. Elle s’inspire des manifestations d’ouvrières du début du siècle et s’inscrit dans une perspective révolutionnaire. L’objectif immédiat est l’obtention du droit de vote des femmes. La date n’est tout d’abord pas fixée. Les nombreuses manifestations de femmes qui agiteront les années 10 feront le reste.

Un million de femmes manifeste en Europe

La déclaration de l’Internationale Socialiste a un impact. L’année suivante, soit en 1911, la Journée internationale des femmes est marquée pour la première fois, occasionnant des manifestations impressionnantes dans un grand nombre de pays d’Europe et aux États-Unis. La date est le 19 mars en commémoration de la révolution de 1848 et de la Commune de Paris.

Journée Internationale des Femmes : « La paix ne s’attend pas, elle se gagne » !
Journée Internationale des Femmes : « La paix ne s’attend pas, elle se gagne » !

Le 19 mars 1911, en Allemagne, en Suisse, en Autriche et au Danemark, plus d’un million de femmes célèbrent leur journée. Dans la seule ville de Berlin, 45 meetings rassemblent plus de 40 000 participants et plus de 30 000 femmes défilent dans les rues de Vienne en Autriche.

Outre le droit de vote et le droit d’occuper des fonctions publiques, les femmes exigent le droit de travailler et l’élimination de la discrimination au travail. Aux Etats-Unis,  de meilleures conditions de travail et un salaire égal à celui des hommes. Telles auraient été les revendications d’ouvrières du textile, descendues dans la rue pour la première fois à New York.

Les femmes initient la Révolution Russe

L’insupportable misère de l’hiver 1916-17 en Union Soviétique fait éclater la révolution. Le 23 février 1917 (du calendrier Grégorien, date correspondant au 8 mars dans notre calendrier Julien), à l’occasion de leur « Journée internationale », les femmes ouvrières et ménagères défilent paisiblement à Petrograd (Saint Pétersbourg), la capitale russe de l’époque. Elles réclament du pain et le retour de leurs maris partis au front, la paix et… la République ! Les difficultés d’approvisionnement liées au froid poussent un grand nombre d’ouvriers des usines Poutilov, les plus importantes de la ville, à faire grève et à se joindre au défilé.

« Sans tenir compte de nos instructions, les ouvrières de plusieurs tisseries se sont mises en grève et ont envoyé des délégations aux métallurgistes pour leur demander de les soutenir… Il n’est pas venu à l’idée d’un seul travailleur que ce pourrait être le premier jour de la Révolution. »

Cette manifestation pacifique marque le début de la fin du règne du tsar Nicolas II, empêtré dans les difficultés de la Grande Guerre (1914-18) qu’il a contribué à provoquer 3 ans plus tôt.

Du textile, la grève s’étend rapidement et spontanément à l’ensemble du prolétariat de Pétrograd. Au cri du pain, s’ajoutent vite ceux de paix immédiate, à bas l’autocratie et à bas le tsar. En quelques jours, la grève de masse (200 000 personnes dans les rues) se transforme en insurrection, avec le passage de la garnison à la révolution. Dans la capitale russe, les manifestations se succèdent et s’amplifient pour aboutir en 5 jours à la chute de l’empire soviétique.

Malgré la poursuite de la guerre, la Révolution de février sera suivie d’une très grande euphorie démocratique, contrariée par les agissements des bolcheviks, les partisans de Lénine. Celui-ci s’empare du pouvoir, par un coup d’état, le 6 novembre 1917.

Dès lors la tradition du 8 mars se met en place, associée à la commémoration du premier jour de la Révolution. Si Trotsky ou d’autres témoins insistent sur le caractère spontané et indiscipliné de cette initiative, d’autres s’en attribueront la paternité et l’organisation. Toujours est-il que la Révolution russe de février vit de grandes mobilisations de femmes et leur rôle fut important par la suite, notamment en politique. Alexandra Kollontaï, première femme au monde à faire partie d’un gouvernement, veut briser le « joug domestique » des femmes en rendant collectives les tâches ménagères.

Même s’il est peu fait référence par la suite à cette grève des femmes en Russie, la tradition de la Journée des femmes se met pourtant en place à partir de cette date révolutionnaire importante.

Lénine décrète le 8 mars journée internationale des femmes

Le 8 mars 1921, les communistes commencent un bombardement aérien sur la population pacifique de Kronstradt. Le Comité Révolutionnaire Provisoire de Kronstadt, via radiotélégramme : « Kronstadt libérée parle aux ouvrières du monde entier : Nous, ceux de Kronstadt, sous le feu des armes, sous les mugissements des obus qui déferlent sur nous (…) adressons notre salut fraternel aux travailleuses du monde. »

Le 8 Mars 1921, Lénine décide d’une Journée internationale des femmes, dont il fixe la date, le 8 mars, en souvenir des ouvrières de St-Pétersbourg. « 8 mars, jour de rébellion des travailleuses contre l’esclavage de la cuisine »

Les Nations Unies officialisent la Journée

En 1977, les Nations Unies officialisent la « Journée internationale de la femme », invitant chaque pays de la planète à consacrer une journée à la célébration des droits des femmes et de la paix internationale. Réunie en séance plénière le 16 décembre 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies demande à tous les pays de la planète de s’efforcer de créer des conditions favorables à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et à leur pleine participation, sur un pied d’égalité, au développement social (résolution 32/142) et « invite tous les États à proclamer, comme il conviendra en fonction de leurs traditions et coutumes historiques et nationales, un jour de l’année, Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale »

Cette décision est prise dans le prolongement de la proclamation, par l’Assemblée, de l’Année internationale de la femme (1975) et de la Décennie des Nations Unies pour la femme (1976-1985). L’ONU a célébré la Journée internationale de la femme, le 8 mars, pour la première fois pendant l’Année internationale de la femme, en 1975.

Le 8 mars est ainsi devenu cette journée de reconnaissance dans de nombreux pays.

 

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