L’expression de la colonisation et de la domination décomplexée de l’impérialisme !

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La conférence de presse, quel que soit son nom, tenue le vendredi 22 août 2025 par le Chargé d’affaires américain à Port-au-Prince, Henry Wooster, pour exposer la politique de l’Administration Trump en Haïti est une honte nationale. Les rares médias invités n’auraient pu rêver mieux. Tous se sont réjouis de cet « événement ». Évidemment, ce geste, qui aurait dû être un affront et un déshonneur pour le pays, semble-t-il, a néanmoins été grandement apprécié, n’ayant suscité la moindre inquiétude ni la moindre réaction. Bien au contraire ! Cette conférence a semblé être un honneur inestimable pour une certaine partie de la presse, illustrant assurément l’offensive tous azimuts du colonisateur, mettant toutes ses ressources dans la bataille pour influencer l’opinion nationale à sa façon. En vérité, ce que nous vivons est à la fois inquiétant et risible.

Le pays glisse dans le rôle indigne que lui assignent ces dirigeants étrangers. La chose dépasse le niveau de l’ingérence sous cape pour devenir une prise en charge sans fard, crue, qui ouvertement piétine douloureusement la souveraineté du pays. Il s’agit, en effet, d’une dépendance accrue, acceptée, outrageante et honteuse qui s’installe à tous les niveaux et devient de plus en plus dangereuse, dans la mesure où, aucun journaliste n’a osé remettre en question cette façon brutale, indécente et odieuse de faire. Toute la meute de la presse présente l’a même trouvée normale. Cette approche inappropriée et diplomatiquement indécente serait-elle donc parfaitement valable dans le cadre d’un pays libre et souverain ? Il serait compréhensible qu’un ambassadeur étranger organise une conférence de presse pour discuter de la politique intérieure de son propre pays, mais pas de celle du pays auprès duquel il est accrédité, sauf s’il se trouve ou se sait, évidemment, en pays conquis. Ironiquement, ce sont les États-Unis qui décident de tout et de rien, ce sans prendre en considération ce que pense et veut le peuple haïtien.

De toute façon, ils financent toutes sortes de projets, leur accordant un rôle progressivement croissant afin que le pays reste toujours sous leur contrôle absolu. Mais c’est un fait, comme chacun peut le constater : les médias, sans aucune gêne, ont accepté de se contenter d’écouter la présentation de Wooster, sur ce qu’il pense d’Haïti et sur ce que font les États-Unis pour nous sauver de la soi-disant insécurité. Aucune discussion de fond, aucune question sérieuse et importante n’a marqué cette conférence de presse. Seule la platitude de ces journalistes « journaleux » a été mise en évidence, démontrant clairement le niveau d’allégeance de certains vassaux médiatiques au service de l’impérialisme en Haïti.

Le véritable enjeu de cette conférence portait sur les termes : sécurité, stabilité, modification du MMAS, élections, etc. Était-ce pour mettre en lumière le nouveau Gouverneur US au titre trompeur de « Chargé d’affaires » ? Une telle présentation n’aurait-elle pas dû être la préoccupation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ? En effet, quel rôle devrait être assigné au CPT ? Était-il nécessaire d’avoir un tel paravent, ne serait-ce que pour masquer la réalité, sinon pour tromper le peuple afin de donner l’impression que le pays est souverain avec des dirigeants haïtiens ? Inutile de préciser que ces Conseillers sont négligeables et illégitimes, tandis qu’ils se cantonnent dans une attente honteuse et dans un luxe insolent. Alors que les véritables dirigeants, les véritables maîtres du pouvoir à Port-au-Prince se trouvent à Washington et que le donneur d’ordre se cantonne dans son bureau de contrôle à Tabarre.

Dévoilant leur mentalité de colonisé tout en semant le chaos dans tout le pays, les membres du régime actuel ne se soucient guère de l’avenir d’Haïti. Combattre ces marionnettes, cette minorité qui s’enrichit et gaspille tout en plongeant la majorité de la population dans la paupérisation, est avant tout, un devoir patriotique, une volonté de sauver la nation et de restaurer la dignité et la souveraineté haïtiennes.

Dans ce contexte, l’humour caustique du Chargé d’affaires américain, qui, avec son cynisme discret, a déclaré lors de sa conférence : « L’ère de l’impunité est révolue. La stabilité d’Haïti est importante pour les États-Unis. L’avenir d’Haïti est entre les mains des Haïtiens », est une dissimulation perfide qui relève d’une stratégie de diversion. Malheureusement, personne dans l’assistance présente n’a été capable de lui rappeler que ce sont tous les coups d’État concoctés par les États-Unis, avec la complicité de la bourgeoisie d’affaires, qui ont inexorablement détérioré le pays et les conditions de vie de la population. La corruption croissante, la montée de la criminalité et l’impunité coexistent depuis que les États-Unis ont occupé le pays sous l’égide de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilité en Haïti (MINUSTAH). Leurs actes criminels, même après 14 ans en Haïti, restent impunis et leurs victimes n’ont jusqu’à présent reçu aucune indemnité ou compensation.

Le spectre de la perpétuation et le même malheur planent à nouveau sur Haïti et sur la population. Le cynisme avec lequel l’impérialisme américain se présente comme un saint et cherche à tenir les actes de violence commis par des groupes armés, dont la coalition « Viv Ansanm », pour les principaux responsables de la descente aux enfers du pays, ne passera pas. À bien comprendre ces propos, la seule contribution que l’impérialisme puisse apporter aujourd’hui serait de mettre un terme à son perfide stratagème. Cette farce tragique n’aboutira à rien si l’impérialisme ne reconnaît pas les dommages qu’il a causés au pays. L’insécurité est un produit du système capitaliste. Dans cet esprit, le journal Haïti-Liberté ne cessera de le répéter : le malheur qui frappe le pays est le résultat concret de la domination destructrice de l’impérialisme américain en Haïti.

Il ne s’agit pas de renforcer la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dirigée par le Kenya ou de créer un Bureau d’appui des Nations unies pour une force multinationale de sécurité en Haïti.  Ces outrances de comportement cachaient des desseins inavoués qui ne serviront à rien, sauf à étouffer toute option progressiste ! La seule solution est d’investir dans le peuple haïtien afin qu’il se libère lui-même des chaînes du sous-développement dans lequel le système capitaliste ne cesse de l’enterrer.

Cette conférence du Chargé d’affaires américain, Henry Wooster, est une expression machiavélique de la colonisation et de la domination débridée de l’impérialisme américain en Haïti ! Elle exige donc une réponse forte, une rupture définitive avec les puissances impérialistes et toutes leurs tactiques de diversion visant à protéger ou à promouvoir tout accord ou projet de type néocolonial, sous quelque forme que ce soit. Le bon sens populaire devra donc s’associer aux leçons de l’histoire pour s’attaquer aux fondements mêmes du mal d’Haïti : l’oppression et l’exploitation. Ainsi, pour la liberté et la paix, nous réitérons ce slogan populaire : la lutte continue et la victoire est certaine au bout de notre lutte de libération!

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