En ma qualité de syndicaliste, coordonnateur général de l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH) , membre du Comité citoyen du 25 mars, je tiens à informer le Ministère de la Culture ainsi que l’opinion publique nationale du comportement irrationnel et suspect de la Directrice Générale du Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH), Mme Michelle Frisch.
Il importe de rappeler que la date du 25 mars a été instituée par l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) dont Haïti est membre, comme la Journée Internationale des Victimes de l’Esclavage et de la Traite Transatlantique des Esclaves. Dans cet ordre d’idées, l’UNESCO, depuis 2007, recommande la mise en synergie de plusieurs secteurs liés à l’éducation et à la culture pour offrir des programmes scolaires et éducatifs aux jeunes générations sur la mémoire de l’Esclavage.
Dans cet esprit, le Comité citoyen du 25 mars s’est associé au Lycée Jean-Marie Vincent dont les élèves de la Terminale ont été invités à entamer des recherches sur l’histoire de l’Esclavage en général et celle de l’habitation coloniale Caradeux avoisinant le Lycée.
L’aboutissement est de partager leurs découvertes avec les lycéens de Port-au-Prince, dans ce lieu de mémoire que représente le MUPANAH, l’unique musée public d’Histoire du pays. En outre, deux professeurs d’université haïtiens et un diplomate latino-américain se sont engagés à intervenir sur cette question qui concerne non seulement notre histoire nationale, mais aussi celle de l’humanité.
Une demande d’utilisation de l’espace pour deux heures de temps, le jeudi 23 mars et à la date symbolique du 25 mars, a été produite auprès de la Directrice Générale du MUPANAH. Sa réponse a été : NON. Et pourquoi ? « Faute d’espace», prétexte-t-elle dans une correspondance datée du 20 mars 2017, dont copie est en annexe. Pourtant, depuis l’aménagement de l’espace du Musée en 2015, la presse haïtienne rapporte régulièrement la tenue de conférences de lancement d’activités au MUPANAH.
Ce 20 mars, après réception de la lettre de refus, un entretien a été sollicité avec Mme Michelle Frisch, comme elle se trouvait à son bureau. La réponse a été : NON : «Elle ne reçoit pas aujourd’hui». Quand donc pourrait-on la rencontrer ? Nouvelle réponse négative : «elle ne sait pas, on vous appellera». Venant d’une personnalité à laquelle vient d’être décernée début mars 2017, la plaque de “Trésor immatériel National”, un tel comportement conduit à de sérieuses interrogations sur le sens de responsabilité et la disponibilité de dirigeants/dirigeantes censés appelés à servir la communauté.
Il convient de souligner qu’Haïti est un Etat-partie du Pacte International sur les Droits sociaux, économiques et culturels (PIDESC) et l’article 32 de la Constitution fait obligation à l’Etat de veiller à la formation intellectuelle, sociale et civique de la population. L’Etat doit offrir mieux à notre jeunesse. Dans cette dynamique, le MUPANAH, unique musée public d’histoire du pays, ne devrait être inaccessible ; d’autant que sa gestion s’effectue grâce à l’apport des taxes versées dans le trésor public par les citoyens-citoyennes. Une telle institution du patrimoine national ne saurait être assimilée à une affaire privée d’une Directrice Générale qui la gère au gré de ses caprices.
En tant que leader syndical, j’insiste et je joins ma voix à celle des membres du Comité citoyen du 25 mars, pour réclamer des autorités de tutelle du MUPANAH, la mise à disposition de cet espace pour la réalisation de cette double conférence débats au bénéfice des lycéens/lycéennes, étudiants/es, enseignants/es et autres citoyens-citoyennes. La jeunesse haïtienne, dans l’apprentissage de la citoyenneté, a droit à la culture de la mémoire historique et aux échanges dans un lieu de mémoire comme le MUPANAH. L’Etat haïtien doit s’en porter garant dans le cadre de la commémoration du 25 mars.
Josué Mérilien , Coordonnateur Général de l’UNNOH
CC : Commission Nationale de l’UNESCO & OPC