Lettre ouverte à M. Garry Conille, Administrateur colonial des États-Unis pour Haïti

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Premier ministre Garry Conille, Administrateur colonial des États-Unis pour Haïti

Monsieur Conille,

Je ne vous connais pas personnellement, et je ne suis même sûr de bien écrire votre nom. Cependant, j’espère que l’histoire de mon pays me pardonnera mon manque d’intérêt dans vos valeurs, si vous en avez, pour ne retenir que l’effort intellectuel que j’ai déployé, et ce, en toute sincérité, pour bien appréhender et articuler le titre qui correspond le mieux aux origines de vos pouvoirs et aux responsabilités qui vous sont conférées.

Depuis votre entrée triomphale à Port-au-Prince pour appliquer le plan colonial états-unien sur tout le territoire national, les voyous locaux qui sont au service de ce système inhumain, particulièrement dans les médias-poubelles, vous donnent toutes sortes de titres : docteur, premier ministre, docteur-premier ministre ou premier ministre-docteur. Cela ne surprend pas, parce que malheureusement Haïti est devenue un pays où « tout voum se do ». Un pays où certains nègres n’hésitent pas à vendre d’autres nègres (par dizaines milliers, voire millions) contre un visa ou tout simplement pour se faire offrir un job. Parfois, ils le font tout simplement pour attirer la sympathie d’un maître colonial très peu sympathique. Mais peu importe leur prix, nous constatons aujourd’hui avec encore plus d’amertume que le nègre haïtien ne vaut plus la « tête d’un nègre » comme à l’époque où il était échangé sur le marché d’esclaves européen en tant que marchandise.

Si le blanc pouvait s’enrichir en vendant des nègres pendant plus de trois cents ans, le nègre haïtien aujourd’hui les échange contre des titres ronflants (ministre, premier ministre, directeur général, etc.) attribué par les ambassades étrangères. Son héritage, le pays de ses ancêtres, est vendu et livré à l’acquéreur, et vous n’êtes là d’ailleurs que par la véracité de cet argument. C’est le règne de l’indigence, de la délinquance et de la médiocrité. Cependant, je vous le dis d’entrée de jeu que cela ne se passera pas ainsi. L’indépendance de ce pays a été acquise au prix du sang de plus de 150 000 vaillants soldats d’ascendance africaine. Ce ne sont pas des écervelés sans scrupules – à cravate ou pieds nus avec un AK47 – qui viendront cracher dans leur sang.

Je crois là que vous prenez tous les Haïtiens pour des imbéciles

Comme vous pouvez bien le déceler dans l’insolence de mon langage et la liberté dont sont empreints les mots que je choisis pour exprimer mes pensées, je suis né et j’ai grandi dans le Grand Nord christophien; mais mieux encore, je crois fermement à l’idéal de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines pour mon pays et pour mon peuple. Sans la moindre prétention de réclamer l’héritage de la plupart des grands héros de ce Grand Nord christophien, comme Cappoix-La-Mort ou le Roi Henry lui-même, je fais partie de ces Haïtiens dont l’intégrité et la soif de liberté s’inscrivent dans les ambitions originelles des pères fondateurs de cette nation à laquelle vous devez votre propre liberté – si vous être toujours libre.  Ces valeurs, pour votre information, Monsieur Conille, s’inscrivent en lettres dorées avec le sang de mes ancêtres dans l’Acte de naissance de cette Nation. Elles valent plus que toute la masse monétaire des pays qui tirent les ficelles pour mettre en action vous et tous les autres mercenaires qui travaillez en symbiose avec les gangsters-terroristes qui détruisent le pays pour faire avancer le projet colonial.

Le conseil présidentiel colonial de la honte

Comme pour tous les peuples qui se battent pour la dignité – un peu de dignité – le peuple haïtien, du moins les gens du Grand Nord Christophien au nom desquels je vous écris, aspire à un pays où les dirigeants sont choisis par le peuple sur la base de leur intégrité, plutôt qu’un espace contrôlé par des terroristes où des individus sans vergogne se font imposer comme dirigeants par des puissances coloniales sur la seule base de leur bassesse. De ce point de vue, je peux vous dire sans ambages, cher Monsieur Conille, que mon héritage historique et culturel me place dans une situation qui me fait regarder comme des cafards tous ceux qui collaborent au projet colonial occidental pour noyer le sacrifice de mes ancêtres dans l’océan de la honte, et maintenir le peuple haïtien dans la crasse pour quelques poignées de dollars.

Comme je le mentionne au début de cette correspondance, je ne vous connais pas, et malheureusement, en raison de vos fréquentations, vous ne m’inspirez la moindre curiosité à chercher à en apprendre davantage sur vous (dites-moi qui vous fréquentez, et je vous dirai qui vous êtes). Toutefois, si je me permets de parler de votre titre de docteur, je crois que mon pays, pour son malheur, en a peut-être trop – du moins dans votre « champ de spécialisation ». Ils ont déjà occupé toutes les fonctions « de prestige » du pays, allant de président à celle de consul, en passant par premier ministre et ambassadeur. Les résultats qu’ils obtiennent sont sans appel, et témoignent, sans aucune surprise, cette singularité qui, tristement, caractérise mon pays depuis déjà trop longtemps. Il est néanmoins impossible de savoir si cette obsession à l’asservissement est une conséquence des cicatrices de l’esclavage ou si le prix de nos « intellectuels » rivalise celui des gangsters-terroristes qui massacrent la population et détruisent toutes les infrastructures du pays sous ordres de services secrets de pays étrangers.

Ainsi, si je salue les efforts académiques qui vous valent un tel titre, je ne suis guère impressionné par la capacité intellectuelle qui lui est souvent associée. Car, voyez-vous Monsieur Conille, un intellectuel c’est quelqu’un qui pousse sa curiosité à comprendre les problèmes auxquels fait face la collectivité de manière à proposer des solutions susceptibles de changer les choses pour le meilleur. J’espère que vous ne prendrez pas ceci personnel, car si vous vous prenez à témoin, vous admettrez que loin d’apporter une quelconque solution au problème haïtien, vous asservissez le pays en prenant vos ordres de la part de ceux-là même qui ont créé le problème. En effet, depuis une bonne trentaine d’années, les États-Unis se sont arrogé le droit de nommer et révoquer les dirigeants dans mon pays, et cela ne devrait pas être trop complexe pour un docteur à comprendre.

Garry Conille et Bill Clinton

Depuis quelques semaines, j’ai appris dans les nouvelles que votre priorité ainsi que celle des autres chenapans qui travaillent en symbiose avec les chefs terroristes qui sèment la terreur dans le pays pour faire progresser le projet colonial, serait l’adoption d’une nouvelle constitution. Je crois là que vous prenez tous les Haïtiens pour des imbéciles, parce qu’aucune personne dotée de bon sens ne saurait comprendre cette obsession à adopter une nouvelle constitution dans un pays où la seule loi qui s’applique avec efficacité est celle imposée par les terroristes. Peut-être, voudriez-vous créer une nouvelle constitution pour y enchâsser leurs droits? Sinon, comment expliquez-vous que la priorité d’une administration coloniale, dans un pays contrôlé à 40-50 % par des terroristes travaillant sous le contrôle de services secrets étrangers, est une nouvelle constitution? Où est-ce que vous allez l’appliquer? Êtes-vous en mesure de faire appliquer une seule des Lois existantes sur le territoire national?

Pour l’histoire, je dois préciser que bien avant le projet constitutionnel colonial porté par Jovenel Moïse (peur à son âme), j’avais moi-même, dans mon livre intitulé Haïti : Caverne de charlatans, paru en 2017, plaidé en faveur de l’adoption d’une nouvelle constitution en Haïti. Cette proposition avait pour objectif, bien au contraire, de présenter un projet constitutionnel au peuple haïtien dans la perspective de se défaire de l’asservissement colonial encouragé par la constitution actuelle qui prévoit de nouvelles élections tous les ans, même si ce sont les puissances coloniales qui décident des résultats à travers leurs ambassades. Dans le cadre de cette même proposition, j’avais aussi posé comme condition essentielle qu’il y ait une révolution dans le pays. Une révolution qui mettrait à la retraite forcée tous les gens comme vous qui sont manipulés par ces puissances coloniales à vocation esclavagiste pour maintenir les Haïtiens dans la misère.

Garry Conille et Hillary Clinton

Figurez-vous Monsieur Conille, que sous cette nouvelle constitution, les gens comme vous et vos acolytes de ce conseil présidentiel colonial de la honte seraient pendus jusqu’à ce que mort s’ensuive pour haute trahison. Alors, après vous avoir partagé cette information, croyez-vous que la mission coloniale est toujours possible? Vous vous dites sûrement que les services secrets des pays qui vous donnent cette mission sauront jouer leur partition pour vous aider à atteindre votre objectif. Mais, seriez-vous prêt à vous octroyer un autre titre de vilain dans l’histoire d’Haïti, en proposant une constitution coloniale qui oblige les différentes régions du pays, où vivent encore des hommes et femmes intègres, à se séparer d’un pays vassalisé dont la loi mère serait une version élaborée des règlements internes de la CIA?

En effet, je tiens à vous dire que l’unité de mon pays me tient beaucoup à cœur, et je n’épargnerai aucun effort pour la garder intacte. Toutefois, s’il y a des vagabonds qui contrôlent le pouvoir politique à Port-au-Prince – qu’ils soient de l’Ouest, du Sud ou même du Nord – et qui tiennent à se maintenir dans la servitude au point de transformer la terre de Dessalines en un dépotoir politique pour les puissances impérialistes, nous allons rester fidèles à l’idéal de nos ancêtres. Pour cela, si nous devons rétablir les frontières de l’ancien royaume du Nord pour réhabiliter nos ancêtres, nous le ferons sans hésiter, et nous rétablirons la loi et l’ordre sur cette partie du pays. Encore une fois, je le dis pour l’histoire que je ne suis pas en faveur de la balkanisation de mon pays – ce qui pourrait d’ailleurs faire partie du projet impérialiste – et je me battrai du bec et des ongles pour que nous n’en arrivions pas là. Cependant, si à la fin de la journée, c’est la seule option qu’il nous reste pour garder notre dignité et continuer à honorer le sacrifice de nos ancêtres, alors nous n’aurons pas d’autres choix que de nous séparer. Il reviendra ensuite aux gens honnêtes du Grand Sud de faire leur part pour reprendre leur pays et isoler les déchets politiques et les gangsters-terroristes placés par les puissances impérialistes à Port-au-Prince pour mettre tout le pays à genoux. C’est assez!

Espérant que le message est aussi clair que le messager, je vous prie de recevoir, Monsieur Conille, l’expression de mes civilités.

Wilner Predelus, PhD

 

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