Les Haïtiens doivent bloquer le pays pour forcer le départ de Jovenel Moïse, de Jack Guy Lafontant et la dissolution du Parlement!

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Jovenel Moïse et Jack Guy Lafontant, ne seront jamais en mesure de comprendre que la patrie de Dessalines, de Christophe et de Pétion doit tout à Cuba et à la République du Venezuela avant qu’aux États-Unis d’Amérique.

« Celui qui aspire à une vie paisible s’est trompé en naissant au XXème siècle. »
Léon Trotski

L’abstention du gouvernement de Jovenel au vote de l’Organisation des États américains pour chasser le Venezuela a fait couler de la salive dans toutes les directions. Pour certains, cet acte ignominieusement historique recèle une stratégie intelligente de diplomatie. Pour d’autres, il s’agit purement et grossièrement d’un geste impardonnable de trahison et de lâcheté envers le pays du Commandant Hugo Chavez qui n’a jamais arrêté de soutenir la République d’Haïti encordée dans son extrême pauvreté. Malgré les énormes difficultés économiques et financières  auxquelles fait face le régime du président Nicolas Maduro.

Que pouvait-on espérer de quelques éléments satrapiques attachés au royaume de Donald Trump qui n’ont pas bien lu et compris Homère, Virgile, Corneille, Racines….et qui se sont fait des dévaliseurs des maigres trésors de l’État? Entre l’honneur et la dignité – que ces gens-là, au sens brelien n’ont jamais eus –, et la soumission et la bassesse – qui les ont toujours caractérisés –, le choix du vote n’était-il pas prévisible? Quand l’on confie la direction d’un pays comme la République d’Haïti à des « âmes mal nées, la valeur, en vain, attendra le nombre des années ». Elle attendra même toute l’éternité. Ces misérables de la politicaillerie n’ont point de « cœur ». « Rodrigue, as-tu du cœur? » En clair, la bravoure, la vaillance…, coule-t-elle dans tes veines? « Je rendrai mon sang pur, comme je l’ai reçu ». Les hommes et les femmes de la présidence illégitime ont donc rendu à la 48ème assemblée de l’OEA le « sang pur » qu’ils ont reçu : celui de l’opportunisme, de l’ingratitude, de la félonie, de la faiblardise…

Alors que l’offensé est le Venezuela, notre Camarade et notre Frère. Et l’offenseur, le pays de Donald Trump, le Don Gomès de l’impérialisme et  de la cosmocratie, arrogant et impitoyable. « …Puisqu’il faut mourir… Sauvons du moins l’honneur… » La présidence honteuse de Jovenel Moïse n’en a pas été capable… Un jour, lorsque le ciel de la République sera illuminé par les foudres d’une « Révolution », nous redeviendrons les filles et les fils de ces esclaves preux qui ont mis à genoux Napoléon Bonaparte et ses alliés, parmi lesquels, les États-Unis d’Amérique. C’est notre attente la plus pressante. C’est notre rêve le plus cher.

Fidel Castro, Maurice Rupert Bishop, Thomas Sankara, Hugo Chavez, Nicolas Maduro… doivent être considérés comme les Don Rodrigue des 20ème et 21ème siècles. Ils ont choisi le chemin de la Résistance et de l’Honneur. Mourir donc de la « bonne mort ». Si ce devrait en être le cas. Ils ont vaillamment affronté le bras puissant du Comte de Gormas.

« Tout autre que moi
Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d’effroi.
Les palmes dont je vois ta tête si couverte
Semblent porter le destin de ma perte.
J’attaque en téméraire un bras toujours vainqueur,
Mais j’aurais trop de force, ayant assez de cœur.
À qui venge un père il n’est rien d’impossible.
Ton bras est invaincu, mais non pas invincible [1]. »

Les estropiés intellectuels, Jovenel Moïse et Jack Guy Lafontant, ne seront jamais en mesure de comprendre que la patrie de Dessalines, de Christophe et de Pétion doit tout à Cuba et à la République du Venezuela avant qu’aux États-Unis d’Amérique. Les masses haïtiennes doivent envahir les villes. Occuper les rues. Bloquer le pays. Jusqu’à ce que les deux compères soient renversés du pouvoir. Arrêtés. Gardés en prison. Et jugés pour la mauvaise gestion de la « res publica ». Le parlement inconstitutionnel de Joseph Lambert doit être aussi dissous. Et que l’on se débarrasse une fois pour toutes de cette institution d’indignes baveux! De parasites vénaux! D’incompétents nauséeux!

nous sommes encore plus convaincus de l’arrivée prochaine d’une catastrophe politique et économique aux conséquences immesurables pour nos compatriotes fragiles.

Le Maître, le Grand et le Sage Confucius nous apprend : « Lorsque l’on se cogne la tête contre un pot et que cela sonne creux, ce n’est pas forcément le pot qui est vide. »

En regardant la République enchaînée dans ses malheurs et les incompétences de ses dirigeants, nous sommes encore plus convaincus de l’arrivée prochaine d’une catastrophe politique et économique aux conséquences immesurables pour nos compatriotes fragiles. Contrairement à la clique des ayants cause et des ayants droit de  la bourgeoisie compradore, ils ne disposent d’aucun bouclier de protection sociale, de sécurité économique… Ils sont condamnés à périr sur place. Le Vésuve de la faillite nationale, des maladies incurables, du banditisme, du gangstérisme, de la corruption, du népotisme… fondra sur leurs cahutes pendant une nuit de terreur. Ils finiront comme les Pompéiens. Et les quelques survivants seront transplantés, s’il en reste, dans un lieu sauvage et inhospitalier. Les détracteurs et les bourreaux trouveront très certainement une île de Java dans la Caraïbe pour déverser les lots des indésirables.

Les chefs d’État prestigieux, instruits, progressistes, aux dimensions idéologiques et patriotiques de Fidel et de Raoul Castro, n’auraient jamais refusé la collaboration d’un pays rebâti sur le socle de la philosophie confucéenne et maoïste. Rejeter la République populaire de Chine au profit de Taïwan déballe le puérilisme et l’opportunisme politiques qui caractérisent le pouvoir de Jovenel Moïse et de Jack Guy Lafontant? En toute franchise, qu’est-ce que la République d’Haïti aura à gagner des relations diplomatiques tissées sur l’hypocrisie, l’exploitation, la xénophobie entretenues par les pays du G7 pendant des siècles? Depuis le 1er janvier 1804, les États-Unis, la France, le Canada, l’Espagne, l’Angleterre, l’Italie… n’ont pas arrêté de pousser les Haïtiens dans le dos, vers le vide de l’annihilation. De l’anéantissement. Ces États hégémoniques ne changeront pas de nature. Ils ne redresseront jamais leurs penchants esclavagistes. Ils ne manifestent que du mépris envers les populations du Sud.

Le 7 février 1991, en compagnie de deux amis, nous suivions à la télévision la retransmission de la cérémonie d’investiture du président Jean-Bertrand Aristide. L’un d’eux, Paul Antoine deviendra plus tard le titulaire du ministère de l’Information et de la Culture du gouvernement lavalas revenu de l’exil, restauré, réinstallé au palais national par le président états-unien Bill Clinton, le 15  octobre 1994. Un peu plus tard, après les élections controversées de 2000, on le retrouvera comme responsable de communication politique dans le cabinet particulier de son grand ami, Jean-Bertrand Aristide.

L’élu des masses populaires prononça un « discours insolite » qui souleva l’ardeur de la foule. Après avoir observé quelques secondes de réflexions, nous fîmes remarquer à nos compagnons que le président Jean-Bertrand Aristide venait de perdre le pouvoir. « Il ne terminera pas son mandat », insistai-je… Naturellement, Ceux-ci n’en revenaient pas. Ils exigeaient des explications. Que nous vous devons aussi.

Koesno Sosrodihardjo, né Soekarno ou Sukarno, devint le premier président de la République d’Indonésie le 17 août 1945. Ce fut aussi le jour de la proclamation de l’indépendance de ce pays. La philosophie de l’État était basée sur ce que Sukarno appelait la « Pancasila », ce qui voulait dire les « cinq piliers » qui se définissaient ainsi :

  • « La croyance en un Dieu unique.
  • Une humanité juste et civilisée.
  • L’unité de l’Indonésie.
  • Une démocratie guidée par la sagesse à travers la délibération et la représentation.
  • La justice sociale pour tout le peuple indonésien [1]

Quel mal y avait-il pour le président Sukarno à vouloir souhaiter  une goutte de bien-être pour des gens fatigués de jongler avec les quilles de la misère, le fruit amer de l’injustice sociale? L’orientation politique de gauche de ce leader progressiste n’a pas plu à Harry S. Truman, Dwight D. Eisenhower, John F. Kennedy, Lyndon B. Johnson. De plus, Le président avait développé l’habitude de mentionner dans ses discours officiels l’apport de l’Union Soviétique à l’Indonésie, avant de souligner celui des États-Unis. Ces derniers signifièrent à plusieurs reprises au président Sukarno qu’ils voyaient d’un mauvais œil une éventuelle collaboration de leur aide financière avec celle fournie par la Russie et les pays communistes de l’Asie. En 1967, grâce à l’appui des généraux corrompus de  l’armée indonésienne, la CIA fomente un coup d’État sanglant contre Sukarno. Plus de 500 000 partisans du parti communiste indonésien (PKI) furent massacrés. D’autres statistiques avançaient même le nombre d’un million. Le président fut placé en résidence surveillée et destitué par le général Soeharto qui mena la purge politique. Et qui assura la succession du pouvoir jusqu’en 1998.

Le 7 février 1991, le président Jean Bertrand Aristide recréa la même situation politique. Et, connaissant l’homme, l’acte ne fut pas innocent. Le curé parla lui aussi de l’assistance de la Chine avant de révéler celle des États-Unis qui venaient en troisième position dans son discours de circonstance. La Maison Blanche ne lui avait pas pardonné cette « impaire » volontaire. Il faudrait verser au compte des hostilités et des animosités entre l’État bushien et le gouvernement aristidien les positions anti-impérialistes que le prêtre adoptait à Saint-Jean-Bosco au cours de ses homélies incendiaires.

Aujourd’hui, Haïti se retrouve à bord d’un train de nulle part. Qui n’a aucune destination. 11 millions d’inconscients chantent et dansent sur la  piste d’un désastre mortifère qui se pointe déjà à l’horizon. La population haïtienne fonce à toute vitesse, les yeux bandés, vers une « fadicité apocalyptique ».

Et pourtant,

Des femmes, des hommes arrachés sauvagement à leurs terres  nourricières ont triomphé des humiliations et des injustices du colonialisme pervers et rébarbatif. Nos ancêtres ne sont-ils pas les Spartacus de l’Amérique? Ils furent les premiers individus à dérégler  le mécanisme de la surexploitation humaine pour déclencher le processus de destruction de « l’ordre cannibale du monde1 » imposé par l’impérialisme colonial. Les sacrifices consentis par les esclaves devraient conduire en tout état de cause à la création glorieuse d’une patrie souveraine et libre : quoique la sagesse découlée de la sociopolitologie nous ait appris que la liberté et la souveraineté ne sauraient exister au sens absolu. Aucune société n’est autarcique. Ce postulat compromettrait donc au départ l’espérance  pour tous les peuples de l’univers d’atteindre le sommet du « nirvana » de l’existence terrestre. La nature est déchirée entre le « bien » et le « mal ».

Des millions de chômeurs qui courent comme des lapins effrayés après un petit travail de survie, qu’ils n’arrivent à dénicher nulle part.

Héraclite l’exprime clairement : « La contradiction est le principe même du monde. » Si tout ne saurait exister que par son contraire, ne faudrait-il donc pas continuer de  creuser davantage les questions liées à la « fonction de complémentarité »  des espèces pour tenter de renverser les conceptions stéréotypées qui forment les murailles des souffrances et des désespérances humaines? Cette démarche nous conduirait allègrement à la thèse soutenue par l’illustre Anténor Firmin sur le principe sacré de l’égalité des races humaines.

Hélas! Que constatons-nous? L’individu n’est sorti de son état de nature que pour se retrouver dans un système de société fondé sur l’asservissement, l’exploitation outrancière, la discrimination raciale, l’oppression et la répression. L’Afrique noire et l’Amérique des Indiens n’ont pas échappé à l’observation plautéenne qui voit en chaque individu un loup pour ses semblables. 

Le problème fondamental de l’État haïtien, depuis le 1er janvier 1804, date de sa création historique, se pose en termes de survie dans une jungle politique et économique constituée de sociétés cannibales. Les  « forts » mangent les  « faibles ».  La République d’Haïti, semble-t-il,  a hérité le sort de Job, ce fameux personnage biblique connu pour sa persévérance dans la foi religieuse, terriblement confronté, soumis à la malveillance du diable pour qu’il soit contraint de confesser publiquement dans l’affliction morale, la douleur physique et la déchéance sociale sa loyauté envers le Créateur. Ce petit pays n’est pas arrivé à échapper à la « convoitise satanique ». Malgré les prières et les neuvaines, le mal  persiste. Se métamorphose. Mais ne disparaît jamais. L’histoire du prophète, comme nous le savons tous,  a eu une fin heureuse. En sera-t-il de même pour Haïti?

Jean Ziegler écrit dans L’Empire de la honte : « De la connaissance, naît le combat, du combat la liberté et les conditions matérielles de la recherche du bonheur. »

Et Gracchus Babeuf (souligné dans le même ouvrage de Ziegler) : « Que le peuple renverse toutes les institutions barbares… Tous les maux sont à leur comble, ils ne peuvent plus empirer. Ils ne peuvent se réparer que par un bouleversement total. »

Il ne faut pas avoir peur de le révéler au grand jour et ce n’est même pas sorcier de le faire : le bouleversement total dont parle Babeuf évoque le concept tant redouté par les tenants du système politique et économique mondial : « la Révolution ». Sous quelle forme? Dans une pareille circonstance, le pouvoir  discrétionnaire appartient totalement au déterminisme historique. La conjoncture politique d’où essaiment les besoins et les impératifs  de la lutte y pourvoira. Comme pour l’agneau du sacrifice d’Abraham!

Il importe sérieusement aujourd’hui de comprendre et d’admettre que la révolte des esclaves de Saint-Domingue s’est arrêtée bien avant d’atteindre « la perfection du bonheur » de Jacques Roux. Elle s’est estompée, peut-être, avec l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines qui comprenait la nécessité de poser correctement l’équation du mouvement insurrectionnel, au lendemain de sa matérialisation : Égalité+Fraternité=Liberté. Cela n’a pas été fait! Le drame de Pont-Rouge, malheureusement,  a fissuré la fondation de la solidarité nationale. Jusqu’à présent, Haïti – au  grand bénéfice de la communauté internationale – est  une terre de division, de  haine, de cruauté, d’injustice, d’inégalité, d’impunité, de discrimination, de mulâtrisme, de noirisme, d’assassinat, de traitrise, de déloyauté, d’illégalité, d’inconstitutionnalité, de pauvreté, de misère, de prostitution, de proxénétisme, de maladie, de souffrance, d’humiliation, d’immoralité, de vol, de corruption, de viol…

Nous sommes convaincu, comme Blaise Pascal, que « la justice sans la force est impuissante » et qu’il faut combiner les deux entités de sorte qu’elles puissent mener à l’élaboration d’un contrat social qui respecte effectivement les idéaux démocratiques à l’échelle de l’univers. C’est seulement ainsi – nous le croyons – que « la justice sera forte » et que « la force deviendra juste. »

Le peuple haïtien a toujours été maintenu dans une situation de « soumission forcée » qui s’apparente à la dictature et au totalitarisme. Parvenu à ce stade de misérabilisme, seule la cruauté des bras répressifs du système politique mis en place en 1915  par les occupants nord-américains (les Yankees) explique l’obéissance de la population à des gouvernements illégitimes, insouciants, irresponsables… Cependant, la menace de « la liberté de choix », en se référant aux études du psychologue américain Jack Brehm, finit toujours par entraîner des conséquences graves pour la sécurité publique et même pour la paix mondiale. Les droits humains sont naturels. Pas historiques. Dites-vous bien, les situations des libertés compromises peuvent finalement engendrer les conditions objectives d’une forme quelconque de « révolution »!  Quelqu’un a dit à Lawrence d’Arabie [2]: « Vous voulez de la démocratie dans votre pays? » Celui-ci a répondu : « Je vous le dirai quand mon pays existera. » En d’autres mots, il faut construire la maison, avant d’acheter les meubles.

L’implantation de la démocratie, si l’on se  réfère « au siècle de Périclès » – il ne s’agit pas d’une démocratie « trompe-l’?il », uniquement sur le papier – correspond à la volonté de défricher le terrain politique oppressif pour aménager un espace collectif de justice sociale.  Les sociétés comme celle de la République d’Haïti où  la pauvreté extrême est couvée depuis longtemps dans les bidonvilles boueux, dans les bourgs et villages pestiférés finiront tôt ou tard par provoquer la surchauffe des réacteurs de régulation des tensions politiques locales, régionales et mondiales.

Dernièrement, un entrepreneur haïtien, bénéficiaire de la complaisance du capitalisme local, Daniel G. Rouzier, sommait ses pairs de la nécessité pour qu’ils regardent enfin sous la nacelle. Comme les passagers des « Cinq semaines en ballon » de Jules Verne, l’ouvrage adapté au cinéma en 1962 par Irwin Allen. Des millions de chômeurs qui courent comme des lapins effrayés après un petit travail de survie, qu’ils n’arrivent à dénicher nulle part. Des malades sans soins médicaux. Des enfants sans établissement scolaire. Des familles logées sous des tentes et dans des taudis aux toits percés. Des cellules remplies comme des œufs, avec des mottes de détenus qui crèvent comme des rats.

Daniel Rouzier donnait l’impression qu’il venait de découvrir Le Capital de Karl  Marx. Nous croyions même qu’il allait se faire Léon Trotski. Et qu’il  distribuerait le lendemain ses biens aux pauvres. De toute façon, Rouzier savait très bien qu’il était en train d’interpréter un rôle insignifiant dans une pièce théâtrale insipide. Qu’il n’y aurait eu point derrière lui un Ramon Mercader qui l’assassinerait  d’un coup de couteau à la nuque.

La démocratie de conception occidentale qui sert de béquilles au capitalisme globalisé a assez fait ses preuves de destruction  de la dignité humaine. Parler de l’implantation de la « démocratie » au moyen du « communisme » dans des pays au visage flétri et rabougri par la sécheresse des inégalités sociales « constituerait virtuellement un crime ». Weber l’a souligné à Schumpeter dans un contexte différent qui était celui de la Russie : « Emprunter cette direction conduirait à une misère humaine sans équivalent et à une terrible catastrophe [3]», soutient-il.

Pour protéger ses intérêts, l’impérialisme a inventé des « démocraties » auxquelles se rattachent tous les qualificatifs (représentative, participative…) dont se nourrit le « parlementarisme bourgeois ». Nous nous contenterons de citer Roger Garaudy : « Le  Parlement  n’est plus depuis  longtemps le centre vivant de la politique. D’abord, dès que les partis ouvriers y ont pris une place importante, il importait, pour maintenir la règle du jeu, de dépouiller le Parlement de ses pouvoirs fondamentaux : pour le passé, le contrôle du budget; pour l’avenir, l’élaboration du Plan. Avoir le gouvernement ne signifie pas avoir le pouvoir : il existe des forces économiques (nationales ou internationales), capables de bloquer toute initiative gouvernementale de rénovation, et il existe des forces militaires   intérieures mais éventuellement épaulées de l’extérieur), pour interdire toute mutation économique, sociale et politique véritable »

Tous les systèmes politiques (dans leur forme actuelle) ont des liens de parenté avec le « sommet » que représente l’oligarchie. Et ils n’ont rien à voir avec la recherche  du bien-être  de  la base. Le  loup se déguise  ridiculement en grand-mère pour manger « le petit chaperon rouge ». La démocratie est une et indivisible. Elle reste et demeure les lieux sacrés de la matérialisation de l’idéal humain: santé, nourriture, emploi, logement, éducation, loisir, libre circulation, liberté d’opinions… Sans la moindre tentation, d’un côté ou de l’autre, d’agiter le drapeau aux couleurs du nihilisme et de l’exclusion. Là où une seule famille manque d’eau potable et de pain, – je ne dis pas est privée – il n’y a pas de « démocratie ».

En Haïti, la richesse opulente et arrogante, la pauvreté enlaidissante et humiliante se partagent sans gêne une population de 11 millions d’habitants  installée sur un petit territoire érodé, abandonné à l’aridité.

Existe-il un pays au monde où tous les foyers sont exempts des conditions  avilissantes  de  sévères privations économiques ? Seulement, il faut l’admettre, il existe des sociétés où les efforts des gouvernements en matière de respect fondamental des droits de la personne sont encourageants et louables. Élection, alternance politique ne caricaturent pas fidèlement ces soi-disant sociétés démocratiques. Parler du monde d’aujourd’hui nous entraîne, comme Paul Éluard, à évoquer regrettablement « un temps sans joie et sans auréole ». Haïti occupe une position peu enviable sur l’échelle des catastrophes sociales et économiques. Elle est devenue une bombe à retardement, exactement comme l’a été le « Dimanche rouge » de Saint-Pétersbourg qui allait faire basculer la Russie dans une escalade de violences qui emporta le Tsar Alexandre II.

Janvier 1905. Deux cent mille Russes manifestèrent à Saint-Pétersbourg contre le chômage, la pauvreté et la faim. Le Tsar Alexandre II intima l’ordre à ses officiers de les massacrer. Bilan : des centaines de morts parmi la foule composée d’hommes, de femmes et d’enfants…

Les secteurs public et privé doivent comprendre l’urgence et la nécessité de désamorcer cet engin explosif par l’adoption des mesures économiques viables, adéquates, proportionnelles aux situations de détresses des individus. La grande machine de la répression ne parviendra pas à retarder indéfiniment l’instant décisif. La montée de la misère trouvera toujours sur sa route un père Hidalgo, un brave insurgé qui lancera au visage de son bourreau, comme ce chef rebelle bolivien sur le point d’être exécuté vers 1811: « Je meurs; mais la torche que j’ai allumée, personne ne pourra l’éteindre. » Nous l’avons assez vu : lorsque les poussées des mécontentements populaires franchissent les limites irréversibles, les tranchées  des promesses en matière de réformes sociales creusées à la dernière minute n’arrivent pas à abriter l’État.

En Haïti, la richesse opulente et arrogante, la pauvreté enlaidissante et humiliante se partagent sans gêne une population de 11 millions d’habitants environ installée sur un petit territoire érodé, abandonné à l’aridité. Le salut de la Nation naîtra d’une réflexion politique élaborée pour la mise en place d’une société alternative qui  sera l’incarnation du « rêve haïtien ». 

Nous vous laissons avec ces paroles d’André Maurois : « Le monde n’a progressé que grâce aux choses impossibles qui ont été réalisées. »

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Références

[1] Sources, Wikipédia.

[2] Thomas Edward Lawrence, homme politique anglais; il a lutté aux côtés des Arabes de 1915 à 1918.

[3] Cité par Jean-François Revel, La grande parade, p.164, Plon, 2000.

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