La classe politique haïtienne regorge d’individus de différents acabits issus pour la plupart de la petite bourgeoisie ou classe moyenne. L’unique objectif de cette classe d’hommes et de femmes est d’atteindre par n’importe quel moyen, même le plus humiliant, le plus avilissant le niveau de vie de la bourgeoisie qui n’est jamais conforme aux intérêts des peuples opprimés et exploités.
La classe moyenne craint davantage la classe basse, celle des paysans et des ouvriers déshumanisés par leur pauvreté, que la classe élevée ou la grande bourgeoisie. Un incident majeur donne bien le ton, il s’agit des révélations de l’un des leurs, Eric Jean-Baptiste du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP). Ce dernier , sans rire, à la dernière réunion de l’opposition élaborant un plan de gouvernance pour mettre en place une certaine transition pour assurer l’équilibre tout d’abord, a bravement et audacieusement mentionné: « le départ de Jovenel et ensuite amnistier tous les dilapidateurs des fonds PetroCaribe et déclarer évidemment les élections générales ».
Une telle déclaration est-elle croyable? Elle est une preuve flagrante des œillères de ces politicailleurs de la classe moyenne qui ont pris leur distance avec les besoins fondamentaux des masses pour ne privilégier que leurs mesquins intérêts personnels, ceux de la bourgeoisie dont ils aiment flairer les aisselles et ceux de l’impérialisme.
le peuple doit compter sur ses propres forces afin d’éviter que son combat pour un lendemain meilleur ne soit récupéré.
On peut se poser bien des questions mais une chose est certaine, la petite bourgeoisie est toujours prête à brandir l’arme de la trahison en enfonçant le poignard de Conzé dans le dos des masses populaires en lutte. Cette proposition est une illustration nette de la lutte des classes, elle n’est pas étonnante vue la configuration des partis politiques traditionnels et des personnalités douteuses au sein de l’opposition qui n’agissent que pour leur propre compte.
Dans ce panorama, le pays va se trouver dans une impasse dont on est menacé de ne pas s’en sortir ; mais, comment éviter une telle dégénérescence, une telle déviation, un tel virage opportuniste, réformiste, manifestation d’une évidente position de classe, alibi du système capitalisme et de soumission à l’impérialisme !
La menace de continuation de la corruption existe, il serait insensé de croire qu’elle n’existe pas. Elle est plus que jamais présente et peut revêtir diverses formes. Elle reflète en particulier les intérêts d’une oligarchie bien déterminée, faite d’individus riches de la bourgeoisie compradore qui n’ont aucune racine sociale et économique sérieuse mais qui ne veut catégoriquement d’aucun changement autre que la politique du pire.
La mémoire des masses populaires n’est pas courte, elle le sait. Le rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, pour sérieux qu’il soit, n’en appelle pas pour autant à un changement fondamental et le degré moyen de sympathie dont il jouit ne plaide pas dans le sens d’une réelle transformation du pays.
Dans cette équation, il ne faut pas confondre les revendications des dirigeants de l’opposition qui ne comptent que sur les sympathies, protections et soutiens des forces réactionnaires internationales avec celles des travailleurs et des jeunes identifiés comme petro challengers rêvant d’une politique de rupture non seulement pour contraindre le gouvernement à démissionner mais pour déboucher sur des avenues nouvelles.
A ce stade, le peuple en lutte doit compter sur ses propres forces afin d’éviter que son combat pour un lendemain meilleur ne soit récupéré. Actuellement, c’est le sort des masses haïtiennes qui se joue ouvertement. Si les masses défavorisées ne s’organisent pas de sorte qu’elles restent vigilantes, le phénomène Petro Caribe pourrait ouvrir à nouveau la porte du pouvoir aux détracteurs même des masses.
C’est là le problème principal, l’obstacle pour ainsi dire, appelant à combattre ce système. Aussi longtemps qu’on l’ignore, c’est oublier les leçons édifiantes de la résistance de classe de nos ancêtres qui ont su infliger, à travers l’histoire, aux fossoyeurs de la liberté et à tous ceux qui se sont dressés sur leur route pour les priver des retombées de la conquête révolutionnaire.
La seule réponse plausible réside dans l’organisation de classe de la lutte des masses populaires. La seule qui puisse sauver le pays des périls de sorte que nous parvenions à extirper la corruption du corps social haïtien et de vaincre la corruption à la racine même.
Tout l’enjeu de la lutte de classe est de restaurer la dignité humaine de sorte que le peuple haïtien en lutte participe pleinement à l’élaboration de son destin et à l’exercice du pouvoir pour la transformation radicale de l’appareil d’Etat.
Seules les masses laborieuses organisées peuvent épargner au pays les pénibles épreuves de l’impunité et de la continuité dans le malheur.