L’EDH sous les diktats du FMI

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L’État haïtien ne devrait plus subventionner le courant électrique et les produits pétroliers. Cette décision du FMI va mettre l’EDH dans ses petits souliers dans la commercialisation de l’énergie électrique.

Le lundi 5 mars dernier, le Directeur Général de l’Electricité d’Haïti (EDH), l’Ingénieur Hervé Pierre-Louis, accompagné de M. Jose Davilmar, Directeur de Communication de cette institution ont été les heureux invités du programme hebdomadaire des  « Lundis de la Presse»  du Ministère de la Communication.

Ils ne sont pas venus pour rien, mais pour annoncer à la population les mesures qui seront prises selon les vœux dictés et exigés au gouvernement haïtien par le  Fonds monétaire international.

L’État haïtien ne devrait  plus subventionner le courant électrique et les produits pétroliers.  Cette décision de l’organisation internationale va mettre l’EDH dans ses petits souliers dans la commercialisation de  l’énergie électrique. Il tira droit au but, en déclarant que ces problèmes sont dus aux manques de facturation de l’institution et aussi aux abonnés qui ne veulent pas payer les services fournis par l’EDH.   Une façon de rappeler que l’État haïtien a subventionné l’EDH à hauteur de cent cinquante millions de dollars américains (9 milliards de gourdes). Cette somme, selon lui pourrait servir à d’autres projets sinon à payer la dette.

« Lundis de la Presse » avec le Directeur Général de l’EDH, l’Ingénieur Hervé Pierre-Louis

L’alternative selon les prescriptions du FMI le directeur l’a bien décrit, « l’unique solution qui pourra aider EDH à tenir c’est l’application des taxes forfaitaires ». Et de plus, « toutes les maisons et zones électrifiées sans compteur vont être identifiées afin d’augmenter les recettes de l’EDH et remédier à la situation de dépendance des subventions du pouvoir central ».

Le directeur indiqua que le taux de facturation global de l’EDH pour le pays est de trente-six pour cent (36%), qui signifie que sur chaque cent kilowatts/ heure produit par l’EDH, seulement 36 kilowatts sont facturés. Pour être plus explicite, il indique que dans la zone de Pétion-Ville sur les 45 000 facturés, 8 000 seulement ont payé leur dû. Sur les des 29 432 abonnés de la ville de Port-au-Prince,  seulement 5 800 s ont passés payer. Dans la commune de Delmas, sur  les 39 734 facturés seuls 7 887 ont payé leur abonnement.

L’économiste Eddy Labossière

Quant aux villes de province par exemple les villes des Cayes (71%)  et Jacmel (52%). Tandis que  Mirebalais et Hinche, n’ont qu’un taux de 21%. Gonaïves vient avec le taux le plus bas, 15%.

Qui sont les vrais responsables ? Si ce n’est pas l’Etat qui n’a jamais eu une politique de création d’emplois pour la population. La majorité du peuple ne vit-elle pas dans un chômage aigu. Ce ne sont pas les consommateurs qui refusent de payer,  la réalité c’est qu’ils n’ont pas les moyens de le faire.

L’Ingénieur Hervé Pierre-Louis a profité de cette conférence de presse pour annoncer certains travaux de rénovation qui auront lieu au sein de la Centrale de Péligre.  Il précise que  54 Mégawatts seront disponibles, d’ici le mois de mai, contre les 15 Mégawatts qu’elle fournissait auparavant.

Le syndicaliste Jean Bonald Fatal

Pourtant, l’économiste Eddy Labossière indique  que l’approbation par le gouvernement haïtien du nouveau programme (« Staff-monitored program ») du Fonds monétaire international (FMI), va augurer d’une situation sociale difficile dans le pays. Puisque selon lui « l’élimination des subventions aura un coût social pour la population, car le prix des produits pétroliers à la pompe augmentera de toute façon » avant de conclure que « Le gouvernement fait du mauvais social en subventionnant l’essence et l’électricité, alors qu’il aurait pu trouver d’autres formules  pour agir sur le pouvoir d’achat des ménages ».

Le président de la Confédération des travailleuses et travailleurs du secteur public (CTSP) Jean Bonald Fatal, pour sa part ne va pas par quatre chemins pour dévoiler nettement : « Dans un pays où la pauvreté est si criante, nous ne pouvons continuer à prendre des mesures tendant à renforcer la pauvreté au lieu d’améliorer les conditions de vies des Haïtiens ».

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