Dramatiser un climat politique déjà considérable par un appel à la trêve, est une sorte de répit classique que recherche le gouvernement afin de respirer et de lui permettre de manœuvrer davantage face à la situation politique et sociale qui prévaut en ce moment.
La position de l’opposition plurielle est assez révélatrice. Elle a parlé haut et fort qu’il n’y aura pas de trêve pour les festivités de Noël et de fin d’année « Nous condamnons ceux qui appellent à la trêve ainsi que ceux qui invitent au dialogue. Pour l’heure, le momentum est à la mobilisation et nous n’allons pas faire marche arrière », avait laissé entendre Moise Jean-Charles secrétaire général de la plateforme Pitit Desalin.
Jean André Victor du Mopod a déclaré pour sa part « Ce n’est ni l’opposition, ni ceux manifestant dans les rues qui doivent observer la trêve, mais de préférence les autorités qui ne cessent d’approvisionner les gangs en armes et munitions pour entretenir l’insécurité afin de parvenir à leurs fins qui doivent faire la trêve »
Même son de cloche de la part d’André Michel « Le secteur démocratique et populaire rejette l’appel à la trêve lancé par les partis proches du pouvoir exécutif».
Si nous prenons comme exemple les dernières manifestations, elles répondent clairement aux supplications du pouvoir en place et les partis alliés au gouvernement. Pourquoi un tel changement de cap, une telle dégénérescence qui force Marjorie Michel elle-même pour dédouaner son secteur à révéler que « le peuple haïtien est chrétien, il ne négocie pas certaines fêtes » Comme quoi, c’est le peuple qui a abandonné les rues !
Donc, le peuple aurait tout bonnement abandonné les rues pour les reprendre au moment opportun. Si c’est le cas, n’est-ce pas une façon de dire qu’il n’a aucune confiance dans les déclarations des leaders politiques. Il ne suit que son propre agenda. L’avenir nous le dira !
Cependant à l’analyse des derniers événements, nous nous trouvons bien en face d’une action concertée de préférence par la classe politique qui vise à utiliser le moment pour propulser ses propagandes et tourner le peuple en dérision comme l’a si bien exprimé le premier ministre Jean-Henry Céant « J’en appelle au patriotisme de tous, pour nous dépasser, de manière à offrir à la population un climat d’accalmie pour lui permettre d’approcher ces fêtes avec plus de sérénité et d’espérance »
De quelle accalmie parle Céant quand la majorité de la population ne vit que dans le chômage et dans un état de pauvreté extrême ?
Quelle accalmie au moment où d’innocentes victimes composées en majorité de jeunes et de vieillards qui n’ont aucun moyen de secours vivent dans des conditions intolérables, la plupart forcés à la mendicité ou à l’abus de l’alcool pour toute solution ?
Quelle accalmie quand les travailleurs honteusement exploités, ne perçoivent qu’une rémunération pour la forme, pâtissent de l’insuffisance de soins médicaux et des conditions de logement, vivant dans une situation d’extrême précarité.
Jovenel Moise subitement donne dans l’humanitaire et se montre sensible envers la population. A quoi donc, servira cette trêve si la population continue à crever, ce qui a poussé un jeune homme comptable revenu du Chili à se suicider le lundi 17 décembre 2018 à Port-de-Paix n’ayant plus la force et le courage de continuer à vivre sans aucun espoir dans sa patrie, sans un rêve d’un lendemain meilleur.
Une chose reste évidente, il n’y a pas d’ère de trêve pour les masses défavorisées qui voient l’avenir avec une énorme inquiétude. La classe politique ne veut pas se rendre compte de ce climat déprimant et reste insensible aux masses assassinées, affamées, martyrisées, souffrant amèrement de la crise économique puisqu’elles sont totalement amputées de tout.
A telle enseigne, il n’y a pas vraiment une lutte ayant un objectif précis de changement d’horizon mais bien des pronostics à n’en plus finir qui vont bon train.
En somme, ni l’opposition ni le pouvoir n’offre aucune alternative. Et c’est justement à cause de cela que le rôle joué par l’opposition comme agent sournois de l’impérialisme est très dangereux pour le pays et doit être constamment et vaillamment dénoncé et combattu par les forces authentiques révolutionnaires et anti-impérialistes.
Le peuple haïtien doit savoir qu’il y aura vraiment trêve et fête, le jour où il arrivera à mettre hors du pays ses assassins et leurs complices. Le jour où il arrivera à chasser du territoire national les forces obscures et à les châtier. Le jour où il sera maître de son destin en tant que peuple libre et souverain!
Un scénario de liberté, de prise en charge de l’avenir de la nation, de progrès par le peuple, pour le peuple. Non au scénario d’une trêve factice qui fasse le jeu du pouvoir et de ses tuteurs qui tirent les ficelles dans les coulisses !