Le peuple : une force, une voix qui dérange !

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Malgré les tracasseries quotidiennes, la misère abjecte, l’insécurité programmée, malgré tous les moyens mis en œuvre par les classes dominantes du pays pour parvenir à briser toute velléité de lutte pour le changement, le peuple haïtien tient mordicus et ne veut guère plier l’échine.

Aussi n’est-il pas fondamental que l’on puisse saisir les raisons qui sont à la base des difficultés actuelles qui nous empêchent d’engager des réflexions profondes sur les problèmes qui se posent contre la transformation de la société haïtienne, son indépendance alimentaire et son développement économique pour assurer une amélioration réelle du niveau de vie de la population ?

Ces derniers temps, la moindre manifestation populaire a été réprimée, l’arbitraire est vigoureusement instauré et c’est par la force de la terreur et de la corruption ajoutée à la fraude que le pays est dirigé. Le pouvoir continue d’enfoncer le peuple dans l’abime social et le déclin salarial sous les griffes du FMI et de l’implacable offensive des forces impérialistes.

En effet, de graves crimes qui se sont commis contre le peuple vivant dans les quartiers misérables sont vérifiables et vérifiés tels que le massacre à la Saline.  Une telle répression est entretenue à dessein. Il s’agit de provoquer le peuple, de l’entretenir enserré dans un carcan de peur, de détresse et de division de sorte qu’il disparaisse du paysage politique et laisse le champ libre aux usurpateurs du pouvoir. Ces hommes et femmes d’une certaine classe se taillent d’appréciables fortunes en pillant les ressources de l’Etat et dilapidant le fonds Petrocaribe sans même réaliser un minimum de garantie sociale.

c’est par la force de la terreur et de la corruption ajoutée à la fraude que le pays est dirigé

C’est précisément cette double supercherie, ajoutée justement aux interminables promesses jamais tenues, aux mises en scène et scénarios grotesques qui ont fini par lasser, bouleverser la population et soulever des étudiants contre le régime des bandits légaux imposés par les Etats-Unis d’Amérique.  Le rapport de la Cour supérieure des comptes et du Contentieux Administratif a lui-même mis le feu aux poudres jusqu’à pousser le peuple à prendre position  sans se laisser mener vers aucune cohabitation, ou aucun compromis avec les présumés inculpés.

Ce sont là autant de raisons si quelques foyers incandescents de la résistance haïtienne joints aux refus du peuple de se laisser faire ont pu quand bien même se maintenir dans tous les coins du pays pour faire face aux complots de toutes sortes tramés par la réaction qui a maintenu le pays dans un véritable état de siège.

A ce compte, ce serait un fort tort de considérer la révolte des Petro challengers, cette force, cette voix très jeune qui se sent menacée, comme une réaction relativement isolée des masses souffrantes ne reflétant que très partiellement ou non l’opinion populaire.

Les jeunes sont un atout positif pour l’avenir, à condition, bien entendu, qu’on les incite à s’organiser et à s’engager davantage à plus de vigilance, de détermination et de conviction, de façon à les rendre moins vulnérables aux multiples trahisons et manipulations des partis traditionnels et du statu quo économique préparé et soutenu par Washington, Paris et Ottawa.

Certainement, les partis d’opposition pour leur propre raison ont joué une partition en apportant leur quote-part dans ce mouvement, mais ils ne sont pas la force déterminante pour la rupture totale avec la politique corruptrice. Nous ne pouvons en aucune circonstance mettre leurs fruits dans le même panier que ceux des jeunes qui refusent la soumission, la résignation et l’incapacité à réagir.  Les petro challengers ont,  en un sens, facilité qu’une petite brise d’espoir souffle en remettant carrément en question non seulement la politique de certains partis de l’opposition traditionnelle, mais aussi l’ensemble de la stratégie défaitiste mis en branle pour satisfaire les intérêts des puissances impérialistes.

La réaction héroïque, rouge du sang Dessalinien, des membres de la communauté haïtienne de Montréal en interrompant avec fracas et forte argumentation le mardi 16 juillet 2019 la conférence de presse de Mélanie Joly la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie du Canada, en la dénonçant publiquement du soutien de son pays au régime pourri et vomi par la majorité du peuple haïtien en est une preuve palpable.

Le peuple est une voix, une force qui dérange, mais il faut qu’il rejoigne, dans ses revendications, les travailleurs des Administrations publiques exigeant leurs arriérés de salaire, de meilleures conditions de travail et notamment ceux travaillant dans des conditions encore plus dramatiques d’exploitation dans les industries d’assemblage.

Attention, on n’est pas au terme du malaise, car il persiste et persistera encore puisque les conditions subjectives capables d’harmonier et d’accompagner le peuple, quand il entonnera à l’unisson l’hymne de la lutte de libération nationale, ne sont pas encore remplies.

En dépit de toutes ces difficultés, des progrès signifiants sont enregistrés. Ce n’est pas encore un revirement révolutionnaire, mais c’est important déjà, quand on sait de quels espoirs la lutte du peuple est porteuse !

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