Le dossier honteux de Lula sur l’envoi de troupes en Haïti

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Luiz Inácio "Lula" da Silva visitant les soldats brésiliens en Haïti

L‘ancien président soi-disant “de gauche” Luiz Inácio “Lula” da Silva – son premier mandat présidentiel était de 2003 à 2010 – a battu de justesse son rival de droite Jair Bolsonaro avec 50,9% contre 49,1%, lors de l’élection présidentielle brésilienne dimanche dernier. Mais avant de commencer à applaudir la victoire de Lula, nous devons savoir que le peuple haïtien n’est peut-être pas si heureux.

Sous la présidence de Lula, des soldats brésiliens ont débarqué en Haïti en tant que force en charge de la mission de l’ONU connue sous le nom de MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti, 2004-2017). Le contexte de la mission était un coup d’État soutenu par la CIA en 2004 contre le président libéral élu par le peuple, Jean-Bertrand Aristide. 2004 a été le deuxième renversement réussi d’Aristide par la CIA depuis le coup d’État sanglant de septembre 1991.

Afin de consolider le coup d’État de 2004, dirigé par une armée brutale et des forces paramilitaires, Washington a expédié le président élu dans un avion de l’armée de l’air américaine vers sa destination finale en République centrafricaine.

Selon des notes de haut niveau de la Banque mondiale, « des milliers » sont morts à la suite du coup d’État soutenu par la CIA.

L’étape suivante de ce complot chorégraphié, Washington s’est appuyé sur son substitut, l’ONU, comme il l’avait fait lors de l’opération militaire de 1994 qui avait ramené Aristide, pour servir de couverture politico-militaire multinationale à une autre occupation impérialiste.

Les États-Unis à cette époque étaient plus préoccupés par leur massacre en Irak et la richesse du pétrole là-bas, alors ils ont promis à Lula un siège permanent convoité au Conseil de sécurité de l’ONU en échange de la direction de l’opération militaire de l’ONU. Au diable la souveraineté haïtienne !

Depuis 2004, pas moins de 13 000 soldats du monde entier ont été envoyés en Haïti, dont 2 200 du seul Brésil.

Sous la présidence de Lula, des soldats brésiliens ont débarqué en Haïti en tant que force en charge de la mission de l’ONU connue sous le nom de MINUSTAH

Mais, voyez cela dans son contexte. La police brésilienne est connue pour ses violences racistes envers les pauvres dans les quartiers majoritairement noirs de Sao Paulo connus sous le nom de « favelas », quel que soit le président (voir « The Anti-Black City », Jaime Amparo Alves, University of Minnesota Press, 2018). Je ne peux pas imaginer que les troupes brésiliennes soient différentes de ses flics racistes.

Il y a eu de nombreux cas de soldats de la MINUSTAH qui ont tué des civils. Un incident notoire a impliqué la poursuite du « chef de gang » Dread Wilme le 6 juin 2005 dans le quartier pauvre de Cité Soleil à Port-au-Prince. Les forces de l’ONU, avec la Police nationale haïtienne en renfort, ont arrosé les bidonvilles de balles, tuant jusqu’à 80 personnes.

Les troupes de l’ONU, y compris des Brésiliens, étaient connues pour offrir de la nourriture contre des relations sexuelles ou simplement menacer de recourir à la violence pour obtenir des faveurs sexuelles. On pense que des centaines d’enfants sont nés des troupes de l’ONU. De plus, l’occupation a amené une première épidémie de choléra en Haïti selon plusieurs études scientifiques, tuant 10 000 personnes et en infectant 800 000. Au mépris raciste de la santé du peuple haïtien, les forces de l’ONU avaient déversé sans raison des eaux usées dans une rivière utilisée pour se baigner et boire.

En janvier 2006, le lieutenant-général brésilien Urano Bacellar, qui dirigeait les forces de l’ONU en Haïti, a été retrouvé mort à Port-au-Prince avec une balle dans la tête. La plupart des rapports pensaient qu’il s’agissait d’un suicide. Cependant, aucune cartouche usagée n’a été retrouvée et il y avait des incongruités avec le récit du suicide.

Bien que Lula fût de mèche avec l’objectif de l’impérialisme américain d’empêcher le retour d’Aristide en Haïti, Urano Bacellar a résisté à l’insistance des États-Unis à utiliser plus de force pour réprimer les Haïtiens pro-Aristide.

Les illusions sur Lula et les socialistes réformistes continuent d’affliger la gauche américaine. Lula a fonctionné avec des banquiers et des politiciens conservateurs. Son bilan honteux en Haïti devrait donner aux organisations de gauche une idée claire et nette de ce à quoi s’attendre de lui.

Socialist Action, 2 Novembre 2022

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