Le cri des vendeurs de patrie

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 La crise haïtienne est sans comparaison aucune vu sa nature structurelle complexe. Voilà un pays dont la classe politique réactionnaire, juste après deux années d’une guerre révolutionnaire triomphale pour son indépendance, n’a trouvé autre chose pour vivifier cette plante qui n’avait même pas encore produit de bourgeons que de fomenter l’assassinat de l’architecte, le fondateur de cette épopée inoubliable que fut 1803. En vérité, on a affaire à une classe d’hommes et de femmes criminels avec lesquels il y a beaucoup de précautions à prendre en ce qui a trait avec l’avenir de ce pays.

Ce n’est pas par hasard, si la politique économique appliquée par les assassins de l’Empereur, est encore suivie, dans son essence, jusque de nos jours, imprégnant à l’économie nationale son caractère scandaleusement dépendant et rétrograde. Sauf à être de mauvaise foi, ce n’est pas difficile à constater.

Les réactionnaires haïtiens d’hier en accord avec les puissances d’alors ont détourné le cours de l’évolution du pays. Les conséquences de ce détournement, aujourd’hui, expliquent la poursuite de la dilapidation des richesses de l’Etat et du sous-développement marqué de notre pays parallèlement à une exclusion des masses défavorisées de la scène politique.

Cette oligarchie de classe est dans sa nature la négation de tout ce qui se rapporte à la vie des masses.

Cette oligarchie de classe est dans sa nature la négation de tout ce qui se rapporte à la vie des masses. Cette couche dirigeante se révèle incapable d’assumer la bonne marche continue du pays. Ainsi, elle a choisi la voie la plus humiliante, la plus déshonorante, celle d’être la marionnette du capitalisme européen d’abord, puis de l’impérialisme américain pour une plus efficace destruction de son propre pays.

C’est dans cette optique qu’il nous faut comprendre le cri de Jacmel de l’actuel président du Sénat haïtien, Joseph Lambert, co-dépositaire avec le président Jovenel Moise de la  souveraineté  nationale du pays : « Peu importe ce que pensent les autres, je dois faire cette suggestion. On constate que la police est incapable de ramener la paix et la tranquillité dans les zones de non-droit. C’est le même constat pour l’armée. Il n’y a qu’une solution. Solliciter et accepter de la communauté internationale une assistance logistique et opérationnelle armée pour déloger les bandits, ramener la paix et la tranquillité. Certains peuvent avoir peur de le dire, moi non » 

C’est le cri des vendeurs de patrie, des agents patentés, criminels au service des puissances capitalistes qui ne vivent que de la destruction des autres. Le drame, c’est qu’il n’y a pas que Lambert à le clamer ; ils sont nombreux, toutes tendances confondues, ceux et celles qui sont prêts à s’agenouiller aux pieds de leur saint patron pour l’implorer : Ô Etats-Unis protégez-nous !

L’ironie, c’est que ce saint patron nous domine déjà dans tous les aspects de notre vie et son projet à long terme est de déstabiliser Haïti jusqu’à la désorganiser, la décimer à petit feu à travers une guerre « de basse intensité » sans merci.  Et c’est à lui, que cette classe politique a fait serment d’allégeance, de le servir sous prétexte de nous « aider » à reconstruire l’Etat ; mais en fait c’est pour entretenir sous la cendre des braises incandescentes qu’elles peuvent transformer en incendies dévastateurs. C’est vers les tentacules de domination des Etats-Unis, de l’OEA et des Nations-Unies que bien souvent, quand tout semble perdu, les dirigeants haïtiens se tournent, les attendant comme sauveurs et bienfaiteurs pour sauver les meubles. Comme l’illustre la correspondance de la DIRPOD adressée à la présidente du Conseil permanent de l’OEA, et celle du Secteur démocratique et populaire au secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken pour le proposer l’installation de « Me Joseph Mécène Jean-Louis à la présidence provisoire pour conduire la transition devant permettre le retour à l’ordre démocratique ».

C’est le cri de l’opposition antinationale et du pouvoir moribond : deux forces irresponsables qui n’ont aucune velléité, voire la capacité de transformer le pays.  Toute leur vision se ramène au projet du système capitaliste américain pour Haïti. 

Rien ne peut briser un peuple qui reconnaît ses ennemis de classe et prend conscience de sa force.

Ce cri des vendeurs de patrie, des nouveaux assassins de Jean-Jacques Dessalines peut être aisément revendiqué par tous les candidats à la présidence, sans exception aucune. Et le peuple, en l’occurrence les masses exploitées -travailleurs et paysans unis- a l’obligation indispensable de les combattre pour rendre Haïti opérationnelle comme elle l’a été au service de l’égalité de tous les êtres humains de la planète de sorte qu’elle tienne bien haut l’étendard de  liberté et de dignité et humaine. 

Certes, le capitalisme protège. Oui, les Etats-Unis protègent !  Mais qui ? Ils protègent les dictateurs, les commandeurs, les banquiers,  les patrons, les narcotrafiquants,  les voleurs de grand chemin et leurs maîtres capitalistes qui pillent et ravagent le monde depuis Washington, Paris et Ottawa.

Et dans le camp des zones de non-droit, des masses gangstérisées  par la bourgeoisie et la classe politique, savez-vous qu’il y a au sein d’elles des rebelles à l’instar d’un Dessalines, d’un Capois-la mort, d’un Goman, d’un Acaau, sans oublier Péralte et Batraville. L’impératif du moment est de travailler pour l’organisation de ce camp en regroupant les forces pour se rendre unis au combat contre le système capitaliste et les pays impérialistes.

Les masses défavorisées vivant dans les ghettos, sans travail, sans hôpital, sans eau potable, sans éducation, vivant de la violence n’ont qu’un seul et unique moyen de se protéger eux-mêmes. C’est de réaliser l’unité dans ce combat de classe pour le progrès et le bien-être social.

La lutte sera longue mais il faut s’en donner les moyens. Rien ne peut briser un peuple qui reconnaît ses ennemis de classe et prend conscience de sa force. 

Seul le peuple haïtien peut tourner la page de l’histoire d’Haïti de sorte qu’il n’y ait plus aucun vendeur de patrie à la tête du pays.

 

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