Un autre scénario vient de se mettre en branle sous le prétexte de tenter de débloquer la crise multidimensionnelle qui ronge le pays. On connait le metteur en scène de cette énième mascarade. Il s’agit du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (Binuh) avec les fameux acteurs de la classe politique traditionnelle au service de l’oligarchie pourrie et corrompue. Ce nouveau et hilarant scénario nommé « Haut Conseil de Transition (HCT) » a été porté sur les fonts baptismaux par les Etats-Unis d’Amérique et l’Organisation des Nations-Unies, les parrains et marraines.
En effet, c’est le mercredi 21 décembre 2022, à l’hôtel Karibe Convention Center, que le « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes » a justement pris naissance. A la table d’accouchement de cette autre manœuvre de négociations, il y avait bien sûr des désaccords, des vexations, des revirements sur fond d’incroyables intrigues et sans doute même des scènes de quasi rupture, puisque les acteurs de l’Accord de Montana n’ont pas justement apprécié ce coup fourré de ceux de l’Accord de Musseau.
« Nous ne cautionnons pas une telle démagogie, sous prétexte de chercher un consensus ou compromis, qui n’est qu’un prolongement de l’accord 11 septembre 2021 d’Ariel Henry », a déclaré avec amertume Patrick Joseph, porte-parole du Conseil national de transition (Cnt) de l’accord de Montana.
Ce Haut Conseil de manœuvre au lieu de Transition est composé de trois (3) membres au lieu de 5 prévus auparavant pour accompagner l’actuel premier ministre Ariel Henry pour former un nouveau cabinet ministériel. Un organe de contrôle de l’action gouvernementale de 55 membres, issus de diverses tendances politiques, aura pour mission de compléter la Cour de Cassation, de concevoir un nouveau Conseil électoral provisoire (CEP) participant également dans l’agenda de HCT.
Le triumvirat a été choisi par des membres des secteurs économique, social et politique. Ainsi, ces trois personnalités composant cette structure sont l’ancienne dirigeante politique du Rassemblement des démocrates nationaux-progressiste d’Haïti (RDNP) Mirlande Manigat, l’entrepreneur Laurent Saint-Cyr, président de la chambre de commerce de l’Ouest, représentant du secteur privé et le pasteur Calixte Fleuridor, membre de la Mission Assemblée de Dieu, président de la Fédération protestante d’Haïti.
Rappelons que les discussions pour aboutir à ce projet de Haut Conseil de Transition pour une issue à la crise ont été au préalable entamées autour d’un « Compromis historique » entre plusieurs responsables de formations politiques issus des promoteurs de l’Accord de Montana, de ceux de Musseau, du RDNP, UNIR-Haïti, PHTK et alliés, Rasanble, Accord unitaire d’Haïti, PEN et Association des anciens maires sous le leadership du Président du sénat, Joseph Lambert.
L’un des points de discorde entre certains acteurs récalcitrants reste la question d’un Exécutif bicéphale ou monocéphale. A cette question, le Dr Louis Gérard Gilles avait répondu au mois de septembre dernier que « le HCT dépasse la simple question d’un Exécutif bicéphale ou monocéphale, mais aura pour mission de doter le pays des institutions Constitutionnelles découlant des élections à l’horizon de février 2024. »
Le Parti politique Union Nationale pour l’Intégrité et la Réconciliation Nationale (UNIR) n’a pas paraphé le document « pour un consensus national ». En guise d’excuse, il indique tout d’abord que « UNIR estime que cet accord ne rencontre pas ce qui est indispensable pour stabiliser le pays : un compromis inclusif et un consensus large, en faveur desquels UNIR a œuvré ces quatre derniers mois durant de longues séances de discussions avec des groupes politiques de toutes les tendances. » Pour ajouter ensuite «UNIR juge que la signature d’un accord doit-être favorable au pays et non à des signataires à qui il est promis des postes dans le gouvernement et dans l’administration. Encore une fois, le peuple haïtien ne va rien bénéficier d’un tel accord. Haïti est oublié. Le Haut conseil de la transition (HCT) est confié en majorité à la société civile et au secteur privé en laissant volontairement de côté les partis politiques. »
Rappelons dans cette même veine que Renois faisait quelques mois auparavant l’apogée de cette structure en ces termes « Ce Haut Conseil de Transition aura pour mission de réorienter la gouvernance du pays, d’accompagner le gouvernement dans sa démarche d’améliorer la vie du peuple haïtien », se réjouissait-il.
Le lendemain de la signature du compromis avec le secteur privé, la classe politique et de la société civile haïtienne, le Premier ministre de Facto Ariel Henry qui annonce triomphalement que le document sera bientôt publié dans le journal officiel Le Moniteur tandis que le Haut Conseil de la Transition (HCT) sera incessamment installé, sans aucune honte a déclaré « Nous terminons cette année avec l’espoir que nous allons parvenir enfin à rassembler nos compatriotes autour d’un projet commun et l’organisation des élections libres et transparentes »
Pour se moquer de ses pairs détracteurs, Ariel Henry a par ailleurs convié les acteurs qui ne l’ont pas encore rejoint autour de ce projet à le faire. « Le document, déjà signé par de nombreuses organisations politiques, de la société civile et du secteur privé, est ouvert à signature de tous les démocrates et tous les patriotes qui veulent contribuer à une sortie de la crise que traverse notre pays »
Par ailleurs de nombreuses voix ont été élevées au sein de la classe politique haïtienne pour dénoncer, le Consensus national pour une transition inclusive. Outre les protagonistes de l’Accord de Montana, l’ancien Sénateur du Nord, le dirigeant de la plate forme Pitit Desalin Moise Jean-Charles avait lui aussi réagi contre l’initiative et également contre la présence de Mirlande Manigat cautionnant cette mascarade de Haut Conseil de la Transition.
Les conclusions que nous devons tirer de ce chaos qui continue sa course dont l’International réactionnaire est la tête pensante, c’est qu’il n’y a qu’une seule solution pour mettre fin à toutes ces manœuvres indécentes et décevantes de ces laquais. Il revient au peuple des ghettos, des masses ouvrières et de la jeunesse montante qui n’ont rien à perdre mais tout à gagner à balayer de la scène politique du pays ces énergumènes sans honte aucune de la classe politique, de la société civile haïtienne et du secteur privé des affaires.
Quel honteux et hideux scénario ! Quelle déchéance politico-sociale ! Quel spectacle immonde offert au monde !
[…] L’Accord de « Karibe Center » une autre manœuvre ! Haiti Liberte […]