Tel un couteau dans du beurre, le coup d’Etat de février 2004 s’enfonce davantage dans son œuvre de conquête du pays tandis que sa répression morale se durcit encore plus.
Ce coup d’Etat qui engendra l’occupation du pays par les puissances capitalistes traditionnelles sous le parapluie des Nations Unies, à l’ombre des visées impériales du Brésil de Lula aux commandes.
Si l’on considère les conditions que vit le pays à l’heure actuelle, tels que la vie chère, la crise à propos du salaire minimum, les réfugiés qui continuent de risquer leur vie en haute mer, les besoins de la population ne laissent plus aucun doute que ce gouvernement attaché à perpétuer le néo- colonialisme et qui a élevé la corruption et les pots-de-vin à la dimension d’une institution nationale ne devrait plus exister. Et pourtant il existe, malgré l’arbitraire, la détention illégale, la torture et l’assassinat, financé et soutenu par les baïonnettes de la force d’occupation de l’impérialisme et de ses alliés.
En effet, ce régime nous lance un défi mortel et tout ce que nous pouvons attendre de lui c’est l’intensification de l’exploitation dans l’intérêt des sociétés multinationales et des industriels qui profitent grandement du pénible labeur des masses. En liquidant nos richesses comme c’est le cas déjà de la Hasco, de la Minoterie, du Ciment d’Haiti pour ne citer que ceux-là, en ajoutant la Teleco dont on annonce cette semaine la vente de 60 pour 100 de ses actions, la menace potentielle s’est muée en un danger immédiat, si l’on prend en compte cette déclaration triomphaliste du gouverneur de la Banque de la République d’Haïti M. Charles Castel à savoir qu’« Aujourd’hui, nous offrons une société nettoyée aux investisseurs ». Or, cette propreté dont parle le gouverneur, vient seulement du fait que le nombre d’employés de la Téléco a été réduit de 4200 à 1200.
Signalons que l’une des raisons du coup d’état au Honduras, c’est parce que le président Zelaya avait augmenté le salaire minimum des ouvriers à plus de 60 pour 100, et de plus il avait rejoint le camp progressiste de l’Amérique Latine. En ce sens, le refus de Préval et de ses députés, d’ailleurs tout à fait prévisible, d’octroyer les 200 gourdes aux masses salariées haïtiennes, nous montre clairement son caractère de classe. Car il s’agit de plaire aux patrons, en l’occurrence les sociétés multinationales de l’industrie de la sous-traitance. Ce sont eux que représente Bill Clinton, et c’est dans cette optique que ce dernier a annoncé en grande pompe la visite d’une délégation commerciale en Haïti en octobre prochain. Ce sont eux qui dirigent les gouvernements réactionnaires du monde. Dire que Clinton affirme qu’il ne va pas lui-même s’immiscer dans la politique interne du pays, qu’il est là seulement pour plaider la cause d’Haïti au niveau international. Comme il est généreux ce fils d’empire ! Et comme cette générosité nous est tombée dessus un peu tard !
Pourvu, toutefois, qu’elle ne nous étouffe pas…