La maladie commissionnante de Jovenel : un mal incurable

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Le Comité de pilotage et d’organisation des États généraux. Il est composé de 23 hurluberlus dont seulement 5 femmes. Les autres commissions ou comités n’ont compté que très peu de femmes ou aucune comme la Commission nationale de modernisation des transports en commun, composée de 17 sinécuristes sans une seule femme. Moïse, féministe ou fumiste?

Bien des maladies sont débilitantes, amaigrissantes, épuisantes, exténuantes, comme les tuberculoses non traitées, les cirrhoses avancées, les cancers en phase terminale. Les stades extrêmes de la malnutrition associée à des avitaminoses sévères sont cachectisants, et même squellettisants. Les tuberculeux guérissent avec les traitements appropriés, les cirrhoses progressent vers l’insuffisance hépatique, les cancers ne bénéficient que de traitements palliatifs. Les enfants atteints de malnutrition sévère non compliquée d’infections graves peuvent toujours en réchapper pourvu que les soins adéquats soient au rendez-vous à temps.

Ce n’est pas seulement dans le monde médical qu’on observe l’affligeance des maladies. Dans la sphère politique, c’est la norme que les gens soient affligés d’un mal quelconque : obsessionnant chez l’individu qui se sait « né coiffé » ; poursuivant, chez le type assuré qu’il a une « mission à remplir » à la suite d’un rêve abracadabrant ; récurrent, chez le mec qui se présente à chaque élection pour toujours en sortir perdant ; et si d’aventure le bonhomme tient déjà le pouvoir, il se peut que sa maladie soit de nature assassinante , ce fut le cas pour Duvalier.

Tel autre mazora affligé d’incompétence congénitale, crasse et chronique, se laissera consumer par un mal caractéristique des dirigeants coincés dans la diagonale de leur atroce nullité : la maladie commissionante, un mal protéiforme pouvant se manifester par des symptômes variés. Tel est le cas pour Jovenel Moïse, alias ‘‘Tètzo’’.

Au mois d’avril 2017, Jovenel manifeste une poussée fébrile commissionante.

Arrivé au pouvoir par une pirouette, yon sèl kout kle dont seuls le Département d’État américain, la bourgeoisie haïtienne et le président du CEP ont le secret, Tètzo avait promis de mettre « ensemble le soleil, la terre, l’eau et les gens », une impossible gageure, d’autant qu’il avait gardé pour lui seul le gros fromage lunaire. Ni pain, ni fromage. Dès 2017, apparaissent les premiers symptômes d’un mal chronique qui allait se révéler être la maladie commissionante.

Vers la fin de février 2017 apparaît un premier accès d’une toux politique quinteuse: Jovenel nomme alors une Commission chargée d’enquêter sur la situation carcérale dans le pays et de faire des recommandations susceptibles de permettre l’amélioration des conditions de vie des détenus. « La Nation haïtienne, dit le quinteux, ne saura en aucun cas fermer les yeux sur ce qui semble être une violation flagrante, voire un mépris du droit à la vie dont doit disposer tout ] individu ».

Les 9 heureux élus de cette initiative pro-carcérale s’appelaient : Clamé-Ocnam Daméus, président ; Mona Jean, vice-président ; Kettely Julien, Barthélémy Jean-Noël, Jean Lario Pierre, Micosky Pompilus, Francène Moreau, Renan Hédouville et Jacob Sinvil, membres. Bonne note est prise : sept hommes, deux femmes. Se bon, jij. Leur ‘‘éreintant’’ travail devait spécifiquement permettre d’élucider les causes d’une  soudaine, excessive mortalité dans les prisons. Un rapport avait été soumis au chef de l’État dont on dit qu’il a été égaré et qu’une commission fantôme de 17 fainéants et une seule fainéante cherche encore à déterminer les causes de l’égarement.

Au mois d’avril 2017, Jovenel manifeste une poussée fébrile commissionante. Au Palais national, devant un parterre de grosses pointures zotobrées dont deux tristement célèbres macaques, Boniface Alexandre et Prosper Avril, il officialise la formation d’une commission chargée de la reconstruction du Palais national. Les sept heureux gagnants de cette loterie nationaliste inattendue furent : Clément Bélizaire (coordonnateur), Patrick Durandisse, Patrick Delatour, Daniel Élie, Sabine Malbranche, Georges Michel et Yvan Pinchinat (membres). Bonne note est prise : six hommes, une femme. Se bon, jij

Le 5 avril, Jovenel doit garder la chambre à cause de douleurs précordiales avec irradiation au côté gauche. A la source des symptômes le monumental gâchis au CNE. Un seul remède s’avère efficace : la formation d’une Commission de restructuration et de renforcement du Centre national des équipements (CORRECNE).  C’est au ministre des Travaux publics, Transports et Communications, l’ingénieur Fritz Caillot, qu’échet le rôle ingrat d’installer dans leurs fonctions les trois membres de ladite Commission.

Elle est composée d’Emmanuel Olivier, président, Kineton Louis et Jocelyn Michel, membres. Aucune femme. Bonne note est prise. Se bon, jij ! Le milieu machiste, sexiste, mentalement biscornu, tordu, assume que la cervelle d’une femme est trop petite, anatomiquement ‘‘différente’’ et incapable de comprendre le monde compliqué de ces machines géantes capables de vous écraser comme des fourmis.

Quand sa maladie lui donne un répit, Jovenel se contente plutôt de former des ‘‘commissions conseillères’’ ; ainsi le Conseil national de coordination des médias d’État et de service public,  installé le mercredi 3 mai 2017  avec pour mission de revaloriser (sic) et de refaire l’image de ces médias (resic). Seulement trois hurluberlus dont une hurluberlute de femme  ont accepté de faire partie de ce Conseil, d’autant qu’un certain Dr. Harrisson Ernest partisan tètkale du misogyne et obsédé sexuel Martelly a laissé de mauvais souvenirs de nature « harassante » à la TNH dans un passé pas trop éloigné. On attend encore des changements qui garantissent aux femmes de l’institution une ambiance zéro harcèlement.

Environ un mois plus tard, le mercredi 7 juin 2017, le président de la République souffrant  d’une gratelle mizerere y trouve une solution en nommant et en installant, pompeusement, au Palais national, la Commission nationale de modernisation des transports en commun, composée de 17 sinécuristes dont Ronald Décembre, coordonnateur ; le transfuge Rudy Hériveaux, coordonnateur adjoint ; Guichard Doré, président ; flanqués de 14 aryennafè. Bonne note est prise : pas une seule femme. Se bon jij… Malheureusement, cette commission a été mise en veilleuse à cause de batailles, chamailles, ripailles, déblosailles entre le secteur bourgeois/petit-bourgeois de la Commission et ses membres syndicalistes à propos d’un partage équitable des salaires…

Le 24 juillet 2017, Jovenel éprouve quelques ‘‘palpitations’’. Pour calmer ses palpitationnalités, il nomme et installe une Commission nationale de réforme du système de santé et des services hospitaliers composée de 11 membres : Madame Yolène Suréna (Présidente), M. Gérard Abel, Mme Lucille Charles, M. Ronald Laroche, M. Gérard Blot, M. Gardner Michel, M. Carl François, M. Ewald Jeune Joseph, M. Marc-Henry Pierre-François, Madame Roseta Georges Alisma, M. Fils-Lien Thélot . Ah ! Une femme présidente. Oh ! Miracle. Mais, trois seules femmes sur onze kwelekwekwe. Bonne note est prise. Se bon jij… La Commission a fait un tel bon travail que depuis, les grèves hospitalières n’ont pas arrêté.

Des semaines de grève des syndicats de l’OAVCT  qui exigeaient la révocation du directeur général de cette entreprise publique pour escroquerie, causent des essoufflements au président Moïse. Vite, il installe, le 29 juillet 2017, une Commission technique de restructuration de l’Office d’assurance véhicule contre tiers dont Frantz Fils Bonhomme (Coordonnateur adjoint), Goethie Varnelle Morency (membre) et Me Wolf Dubic (Coordonnateur). Jovenel a fait quelque progrès : 3 membres, dont une femme. Quand même, bonne note est prise. Moins de trois ans plus tard, L’OAVC monte au créneau parce que Jovenel mijote la privatisation de l’institution ce qui entrainerait la mise à pied de milliers de travailleurs, avec en perspective : une grève, bien sûr !

Le mercredi 9 août 2017, suite à une inquiétante bradycardie, Jovenel s’est empressé d’installer, au Palais national, la Commission Innovation et Insertion socioprofessionnelle des jeunes composée de 24 membres. Mission ? Proposer des politiques publiques en faveur de la jeunesse (sic), faciliter l’insertion professionnelle des jeunes (resic). Les commissaires devaient soumettre, tous les 3 mois, un rapport d’étape sur les corrections à apporter à propos des actions immédiates à entreprendre. Quelqu’un a-t-il lu un de ces rapports ? Fè m konnen. Un p’tit « bond en avant » a quand même été fait : 6 femmes sur 24 élus. Bonne note est prise. Medam yo, pito yo lèd, men yo ladan l.

Jovenel étouffe, suffoque d’organiser des rencontres rassemblantes, chitaparlantes. Le 28 mars 2018 naît un bébé difforme : le Comité de pilotage et d’organisation des États généraux. Mission ? Élaborer un Pacte Pour la Stabilité et le Progrès Economique et Social. Soixante-douze heures plus tard,  Claude Moïse s’étonne qu’on lui ait conféré des qualités pilotantes sans avoir été consulté. Michèle Duvivier Pierre Louis, Jacques Édouard Alexis découvrent, à leur étonnement, des compétences navigantes. N’ayant jamais lu Pierre Loti, les quatre tirent leur révérence. Échec et mat ! Au fond, il les embarrassait que ledit Comité de 23 hurluberlus ne compte que 5 femmes. Fichtre ! Bonne note est prise. Se bon, jij.

Après les manifestations têtes chargées du 18 novembre 2018, Jovenel Moise est pris de céphalées commissionnantes à répétition. Plopplop, il demande à son Premier ministre Jean-Henry Céant et au maire des Cayes, Jean Gabriel Fortuné, de prendre toutes les mesures nécessaires pour amener les acteurs de la crise à la table des discussions. Anbachal, il forme le Comité innominé No. 1 (sic) et le Comité innominé No. 2 (resic). La presse n’en a jamais rien su. Un sousou frustré l’a révélé récemment, sous couvert d’anonymat, d’autant que les deux innomineries n’avaient été que supercherie, fourberie, pure duperie.

Suite à l’opération « Peyi lòk » lancée le 7 février 2009 par des membres de l’opposition politique, le président Moïse pique une crise nerveuse. Il croit que Satan lui en veut. Du coup, il fait appel à « Religions pour la paix » , une grappe d’ensoutanés censés capables de « précipiter au fond des enfers Satan et les autres esprits méchants qui parcourent le monde pour la perte des âmes ». Mais les hommes de Dieu déclinent l’invitation sous le farfelu prétexte qu’ils ont temporairement perdu contact avec le Ciel. Echec après échec pour Jovenel.

Revenant de sa dépression nerveuse, après une série de bains nocturnes de feuilles lougarou à Lasouvnans, Jovenel ragaillardi forme le Comité de facilitation du dialogue inter-haïtien qu’il installe le 25 février 2019 d’autant que pour lui Comité et Commission sont deux structures politiquement jumelles, synonymes, interchangeables. Mais, Charles Suffrard dénonce la mission confiée au comité. Rudolphe Desrose boude la cérémonie d’installation. Carlo Joseph,  un « représentant » des Petrochallengers, a lui aussi claqué la porte au nez du président. Une vraie rebuffade.

La maladie de Jovenel ne l’a pas lâché. Il souffre d’éructations incoercibles. Alors, le 10 octobre 2019, il forme une Commission de facilitation du dialogue composée de : Evans Paul, coordonnateur ; Rodolphe Joazile et Emilie Jessy Solon Menos, porte-parole ; Liné Sainphor Balthazar, secrétaire rapporteur ; Josué Pierre Louis, Renald Lubérice et Jude Charles Faustin, membres.

Des sept membres de la Commission, il n’y a qu’une seule femme. On a l’impression, en passant, qu’un vent gynifuge souffle au sein du PHTK. Bonne note est prise. Se bon, jij. Mais, le méchant fait toujours une œuvre qui le trompe. En effet, 24 heures après une conférence de presse « inopportune » du président Jovenel, le mardi 15 octobre, quatre des sept personnalités composant la commission présidentielle de facilitation du dialogue expriment leur déception et annoncent leur démission. Un énième échec.

Jovenel ragaillardi forme le Comité de facilitation du dialogue inter-haïtien qu’il installe le 25 février 2019

On aurait cru qu’après ces débandades, déroutades, banqueroutades, tombades, glissades et rebuffades, Jovenel se serait astreint à trouver une cure à sa maladie, hélas non ! Il est rattrapé par la menace de voir le coronavirus venir jeter la gangrène dans son opéra. Une toux sèche lui rend la vie impossible. Pourquoi ne pas créer quelques commissions ? Mais voilà, qui va croire à l’efficacité de ses balivernantes Commissions et Comités ? Qu’à cela ne tienne.

Surgissent de l’univers commissionant de Jovenel : un Comité scientifique d’aide à mieux gérer la pandémie (sic) : douze hommes contre deux seules femmes. Non ! C’est du sexo-machisme à l’état condensé. A part cela, une dal de médecins. Pas une seule infirmière. Presque de la misogynie.  Pas un urgentiste. Pas une aide-soignante. Du tout à fait discriminatoire. Pas un pharmacien. C’est de l’exclusivisme.

Pas un Doktè fèy. Du sot préjugé.  Pas un « expert » en statistiques. Pas un éducateur de santé. Pas un  hygiéniste. Pas un confinementiste. Pas un expert en « distance sociale ». Aussi funèbre que cela puisse paraître, pas un entrepreneur de pompes funébraires. Bref, pour reprendre René Dumont, je dirais que le Comité scientifique « est mal parti »

Au cours de ses pérégrinations commissionantes, Jovenel a découvert le mot ‘‘cellule’’. Alors le voilà parti pour la création d’une Cellule de Communication et d’information composée de 11 personnes dont 1 seule femme. N’est-ce pas révoltant, offensant ? Non, pas vraiment ; j’allais oublier, les femmes n’ont pas le cerveau suffisamment « développé » pour ‘‘communiquer’’. Eskize m, wi. Et puis, cerise sur le gâteau, nous avons eu droit à un degi : une Commission multisectorielle de gestion de la pandémie du Covid-19, d’une virilité à toute épreuve : trois hommes, oui. Pas une femme, non.

Après cette longue démonstration de pulsions commissionnantes, orphelines de présence féminine ou presque, vous avez sûrement compris pourquoi le 8 mars écoulé, sous le coup de l’on ne sait quels effluves ou médicaments féminisants, Jovenel, a annoncé que pour les prochains scrutins fixés à l’on ne sait quelles calendes grecques, 35 circonscriptions seront exclusivement réservées à des femmes. Je vous garantis qu’à l’heure actuelle, il doit être en train de former sa dernière trouvaille : une Commission ciconscriptionnelle pour que tous les droits de la femme soient respectés dans la mesure où bien entendu elles sont toutes des filles circonscriptes au périmètre de PHTK…

Et telefòn, ne lâchez pas. A la revoyure.

26 avril 2020

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