S’il y a une grande leçon à tirer de la lutte des classes populaires haïtiennes au cours de ce mois de juin 2019, c’est incontestablement le fait qu’elle permet de mettre en évidence, de dévoiler au grand jour le système de corruption qui sévit à l’intérieur de l’État néocolonial en Haïti.
En effet, depuis plusieurs décennies le peuple haïtien est soumis à une violence systémique au quotidien. Cette violence s’est exacerbée avec la cure néolibérale consistant à privatiser des entreprises publiques, éliminer les barrières douanières, réduire à néant le financement des services sociaux de base et rendre le pays attractif aux ateliers de misère nord américains.
Le soutien de ce dernier au régime néo-duvaliériste de Jovenel Moise au détriment des classes populaires ne fait que montrer le vrai visage des gouvernements américain et canadien.
L’imposition de ces mesures néolibérales a été réalisée sous les menaces des mitraillettes des Marines US (1994-2000) et de la MINUSTAH (2004-2018). Par ces mesures, l’impérialisme procède au démantèlement complet de l’économie haïtienne, provoque une crise urbaine aigue et accentue la précarité environnementale.
Haïti devient l’unique pays de l’hémisphère où les services de base comme l’éducation, le transport en commun, la santé, l’eau potable etc. sont contrôlés par le secteur privé. Cette privatisation à outrance se développe dans un contexte où plus de 60% de la population active sont au chômage chronique.
Avec le régime Tèt Kale, cette violence systémique arrive à son paroxysme. Non seulement les fonds du trésor public sont ouvertement spoliés, mais aussi plusieurs carnages sont commis par des gangs armés à la solde du gouvernement. Le bilan des massacres dans les quartiers populaires de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince est alarmant. Des centaines de personnes sont assassinées sans que leurs familles soient en mesure de leur donner sépulture. En plus, des milliers de familles rescapées ont dû se réfugier dans des places publiques où elles sont contraintes de vivre à la belle étoile.
Alors que cette violence innommable est invisible aux yeux de la communauté internationale et des instances internationales des droits humains, les États-Unis montent au créneau pour dénoncer la violence de la mobilisation populaire. Par le truchement de ces principaux paliers de gouvernement, les États-Unis interviennent dans la crise haïtienne, comme à l’époque coloniale, pour faire taire la révolte populaire.
La répression sanglante du régime néo-duvaliériste de Jovenel Moise étant incapable de contenir la lutte populaire, l’Oncle Sam vient à la charge.
D’un coté, son Congrès dénonce la révolte légitime du peuple haïtien et propose un plan pour le maintien du statu quo; de l’autre, le gouvernement de Washington improvise une mission spéciale de l’OEA en renfort au président corrompu, honni, Jovenel Moise. Comme d’habitude, ces acrobaties de l’État étatsunien trouvent un écho au Canada puisque le gouvernement de Justin Trudeau invite l’opposition haïtienne à dialoguer avec le gouvernement corrompu et sanguinaire de Jovenel Moïse.
Aux yeux de l’État impérialiste américain, le peuple haïtien ne représente qu’une main d’œuvre esclave au service de son économie.
Alors que plusieurs rapports de la Cour des comptes et des commissions sénatoriales ont prouvé le pillage systématique des fonds publics, les chefs de fil de la communauté internationale, dont les États-Unis en première ligne, nient le droit du peuple haïtien de demander la reddition de compte des fonds Petro Caribe, l’organisation de procès équitable des pilleurs indexés dans les rapports d’enquêtes.
Cette négation du droit du peuple haïtien à exiger la reddition de compte et à participer à la construction d’une société juste témoigne du mépris des États-Unis à l’égard du peuple haïtien. Depuis plus 100 ans, ce mépris constitue une constante dans le rapport des gouvernements étatsunien avec Haïti. Aux yeux de l’État impérialiste américain, le peuple haïtien ne représente qu’une main d’œuvre esclave au service de son économie.
La mobilisation héroïque du peuple haïtien a mis à nu ce comportement raciste de l’impérialisme. Le soutien de ce dernier au régime néo-duvaliériste de Jovenel Moise au détriment des classes populaires ne fait que montrer le vrai visage des gouvernements américain et canadien. Comme à l’époque de la dictature des Duvalier, ils choisissent de soutenir les corrompus au détriment de la volonté populaire.
Face à ce constat, nous encourageons les classes populaires haïtiennes, les progressistes conséquents à poursuivre la mobilisation pour la démission de Jovenel Moise et la fin de l’État néocolonial en Haïti. C‘est au prix de ce combat que nous pouvons construire une société haïtienne juste et solidaire.
Vive la lutte du peuple haïtien!
Le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’occupation d’Haïti
Pour authentification,
Renel Exantus
Ricardo Gustave
Montréal, le 25 juin 2019
Contact : rehmoncohaiti1915@gmail.com