La décomposition bat son plein

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Après tant d’années de crainte, de peur et de crimes crapuleux dépassant l’entendement humain et l’imagination, le peuple haïtien oublie presque ce que cela fait de se sentir fier de son pays.

C’est le sentiment d’un peuple abandonné, humilié, déprimé, avec des travailleurs sous-payés, surexploités, précarisés par l’appauvrissement d’un pays qui ne sait plus produire, qui ne sait plus attirer les touristes. Sans oublier l’état de ses infrastructures et ses services sociaux qui n’inexistent plus. Que dire du tableau sombre et dramatique des places publiques devenues cauchemardesques pour la population à l’instar de celle du Bicentenaire à Port-au-Prince classée définitivement zones de non-droits.

Comme un immense champ de ruines, le climat qui y prévaut ressemble à un terrain de guerre. C’est le sauve-qui-peut national. Et ce sont les masses populaires qui en sont les principales et premières victimes. L’indéniable preuve que l’avenir semble ne plus exister sinon n’intéresse guère les dirigeants politiques c’est que dans aucun domaine, il n’y a aucun sérieux, aucune valeur morale et d’honnêteté, non plus de capacité à agir dans le sens du bien au profit de la population. Bref, ils n’ont rien de nouveau à proposer.

L’impression tangible est qu’une page de notre histoire est en train de se tourner, ouvrant sur celle du chaos et de l’anarchie. Et la classe politique, tout à fait incompétente, est dramatiquement incapable de s’acquitter de ses plus simples devoirs. Plus intéressée pour sa survie et ses intérêts de classe qu’à l’essor du pays, elle devient un handicap majeur pour l’avenir de la nation. Puisqu’elle n’a aucune volonté d’y faire face et en absence de changement, elle n’a rien d’autre à offrir aux masses ouvrières qui les enthousiasme sauf la précarité tous azimuts.

L’impression tangible est qu’une page de notre histoire est en train de se tourner, ouvrant sur celle du chaos et de l’anarchie.

La réalité quotidienne représente un cauchemar pour les populations avec la hausse du coût de la vie ; à cela s’ajoute le niveau de corruption mais aussi de décomposition du système politique. L’assaut et la possession du Palais de justice de la capitale par les bandits de Village de Dieu la semaine dernière en accord sans doute avec certains mercenaires de la Justice en sont des preuves irréfutables.

De cette imposture, seule la classe politique tire satisfaction d’une telle situation d’instabilité, d’indécence insupportable face à laquelle elle cherche encore une sorte de consensus politique pour masquer la réalité.

L’imbroglio haïtien se complique chaque jour un peu plus. L’insécurité va bon train et certains dirigeants politiques sont trempés jusqu’au cou dans des malversations louches. Ils sont au volant du véhicule du banditisme circulant sans frein et ce sont encore eux qui organisent des mobilisations comme celles entreprises tout récemment aux Gonaïves, et qu’on va poursuivre à Hinche et d’autres villes du pays. Ces nouvelles manifestations, nouvelle vague d’hypocrisie et de calculs politiciens illustrent la décomposition de l’esprit civique et du sens de l’intérêt général.

Ce délire absurde et révoltant cache bien entendu des arrière-pensées multiples. Ce n’est pas sans raison, qu’il n’y a eu aucune réaction, quand Me. Caleb Jean-Baptiste a déclaré : « C’est le Secteur Démocratique et Populaire  (SDP) qui l’avait engagé à défendre l’un de ses militants persécutés à savoir Innocent Vitelhomme », un allié authentique des 400 Mawozo. Silence de cimetière donc sur le lien existant entre cette entreprise de kidnappings et l’ancienne opposition.

Tout cela fait partie du pourrissement de la situation, quand certains individus se déclarant de « gauche » se parent de sainteté idéologique dans l’espoir de vendre leur image. Malheureusement pour eux, cette posture ne représente rien compte tenu de leurs options politiques alignées sur l’agenda de la droite bourgeoise, réactionnaire et pro-impérialiste. Cette fausse gauche, de surcroit ONGiste est destinée à tromper la jeunesse et les forces populaires pour les engager dans la voie de l’abandon de soi, de leurs revendications et de leurs projets de lutte de classe.

Aucun parti politique n’est épargné par la décomposition en cours. À en croire des rumeurs, Mme Helen La Lime, cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (Binuh) a été voir l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide pour lui proposer un « emploi » de … Président de la Transition. Info ou intox ! Dans tous les cas de figure, cette « Rumeur » n’a pas été démentie par l’intéressé ni par son entourage ou son Parti. Est-ce que cela signifie que l’ancien Président serait disposé et disponible à jouer le rôle de Sapeur-pompier pour les puissances impérialistes de façon à apaiser la colère sociale, pour empêcher l’éclatement social nécessaire capable d’accoucher un autre pays avec une autre mentalité, une autre aspiration sociale ?

Rien ne peut plus nous surprendre en Haïti. Car la majorité des acteurs de la classe politique de ce pays demeure un instrument au service de l’Occident. Les femmes et les hommes de la classe politique n’ont qu’une seule perspective, une seule ambition, un seul horizon : être le prochain à pavoiser sur les ruines du Palais national.

Voilà ce qui gangrène le pays sous le joug d’une oligarchie fantoche, parasite et proche de l’impérialisme nord-américain. Une nation submergée par le chômage, la corruption, l’injustice, la misère, la violence, la répression, c’est-à-dire en pleine décomposition politique et sociale avancée.

C’est encore trop de honte, d’amertume et de colère au sein de la classe laborieuse  n’attendant que l’occasion pour exploser. L’urgence est de rompre avec cet ordre barbare et ses représentants de la classe politique pour bloquer la machine de destruction et de déstabilisation de façon à stopper cette décomposition qui bat son plein.

La coupe est pleine à ras bord…! La puanteur de la décomposition politicienne empeste déjà l’atmosphère…

 

 

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