Tout est possible dans le pays, puisqu’il est actuellement en pleine ébullition politique. Comme il était facilement prévisible l’accord de la honte signé par Martelly, Privert et Chancy en février dernier sous les auspices de l’OEA n’aurait pas constitué une garantie pour les convoitises de l’impérialisme et de ses laquais locaux. Cette crise électorale aura contribué plus que tout autre à la mise à nu du système politique pourri et corrompu qui nous est encore imposé.
La réalité aujourd’hui est que le pays connait une tension particulièrement explosive. Une situation alarmante qui, d’un moment à l’autre, pourrait déboucher sur un conflit sanglant. Qui ne voit dans le désordre actuel des manœuvres subtiles de secteurs bien déterminés qui ne peuvent plus désormais agir sur des leviers qui s’offraient habituellement à eux, à savoir le diktat de la politique à suivre selon leurs intérêts à l’encontre de la population.
En deçà et en delà de cette démocratie impériale, il faut trouver en cette affaire la profondeur de la lutte entre les divers et puissants groupes d’intérêts qui se disputent le monopole du pouvoir politique et économique. De ce fait, la véritable cause de notre dégénérescence est à rechercher dans les fondements mêmes de ce système qui depuis des siècles a toujours permis aux grandes puissances occidentales de bâtir et de faire prospérer leur économie en se reposant foncièrement sur l’exploitation permanente des plus pauvres pays par les plus riches. L’une des caractéristiques essentielles de ce système est qu’il ne peut évoluer que dans un contexte de déstabilisation, d’insécurité et de pillage.
Il ne faut pas se leurrer sur le sens de la crise actuelle. La situation pourrait être irréversible; de sorte qu’il y a tout lieu de craindre que la campagne de déstabilisation et d’insécurité dont est l’objet actuellement le pays est toujours dans l’intérêt de ceux qui cherchent l’occasion de prendre leur revanche sur ceux-là qui rêvent de se dégager de l’emprise de la domination.
Le climat politique actuel ne nous mènera nulle part d’autre qu’à la détérioration totale avec la continuelle détérioration du désordre en cours. A ce compte, si des dirigeants politiques haïtiens veulent réellement un lendemain meilleur pour notre pays, il n’y a pas d’autres solutions, ni d’autres chemins que ceux qui mènent à vouloir attaquer constamment la source principale qui alimente et augmente nos malheurs.
Nous devons attaquer directement les causes véritables du mal qui nous ruine. Comment sans l’enrayer pouvons-nous penser à un quelconque changement ! Agir autrement, n’est qu’une nouvelle manifestation camouflée pour continuer de se soumettre à la volonté impérialiste ; se plier à perpétrer leurs mécanismes d’imposer des solutions contraires aux intérêts du pays. Agir sans tenir compte qu’il nous faut mettre un terme à la domination impériale, c’est continuer tout bonnement le processus tragique de collaboration de classe toujours pour le malheur du pays et du peuple en général.
Aucune force sur la scène politique ne veut remettre en question l’orientation fondamentale de notre pays, ni ne semble en mesure de proposer, ni d’imposer une solution susceptible d’éviter le pire ; puisque jusqu’à date, il n’y a aucun débat populairement ouvert porté sur la situation du pays qui se détériore sous l’occupation de la Minustah depuis douze ans, rien que pour assurer la domination centenaire de l’impérialisme américain. Il n’y a jamais eu un projet de changement destiné à satisfaire les besoins, les attentes et les aspirations des grandes masses populaires ; mais bien de continuer dans le statu quo.
Plus que jamais, il faut que les forces démocratiques et anti-impérialistes s’unissent pour empêcher que le chaos devienne la seule garantie de programme politique de développement pour notre pays. La résistance quelque soit sa forme reste l’unique alternative qui pourra engendrer des apports bénéfiques au peuple haïtien. Si par conviction, un tel processus arrive à être mise en place, jamais, rien ne sera plus comme avant, la situation se redressera et les masses haïtiennes prouveront par leur ardeur que la lutte ne s’éteindra qu’à la réalisation d’une véritable libération populaire.
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