Serions-nous toujours au temps de la colonisation de Saint-Domingue, quand la Métropole française déléguait ses commissaires à chaque moment de troubles dans la colonie pour aller rétablir l’ordre ? C’est dans cette optique que nous devons comprendre cette visite qui n’est pas en ce sens la première de l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, Kenneth H. Merten, actuellement au Département d’Etat américain exerçant la fonction de Coordonnateur Spécial pour Haïti et de Sous-secrétaire Adjoint au Bureau des Affaires de l’Hémisphère Occidental.
Il a été dépêché pour entendre les protagonistes et dicter la volonté de Washington dans le cadre de la crise politique qui affecte le pays. Sans tarder, le 6 décembre, l’envoyé spécial a rencontré tout d’abord les forces économiques du pays, particulièrement les membres de l’Association des industries d’Haïti (ADIH). Ces compradores et sous-traitants ont profité de cette occasion pour se plaindre au sujet de l’instabilité politique qui, pour eux, menace les intérêts des investisseurs étrangers dans le pays.
Le lendemain, Merten accompagné de l’ambassadrice des Etats-Unis en Haïti, Michèle J. Sison, a rencontré le président Jovenel Moise et le Premier Ministre Jean-Henry Céant puis les présidents et vice-présidents des deux chambres, en l’occurrence Joseph Lambert et Garry Bodeau. Réunion que le président de l’Assemblée nationale a rapporté ainsi « Nous avons évoqué la non-rupture de l’ordre constitutionnel, le respect des mandats électifs et la nécessité que se tienne un dialogue porteur, pas uniquement sur l’intégration au cabinet ministériel. Nous avons discuté de la situation socioéconomique du pays, de l’amendement de la Constitution, du désarmement »
Les membres de l’opposition pro-impérialiste ont été également invités à venir placer leurs doléances. D’après ce qu’a rapporté le quotidien Le Nouvelliste, Merten a rencontré les membres du Secteur démocratique et populaire.
Voici les propos de Me André Michel « Évidemment, nous avons réitéré à l’ambassadeur Merten notre volonté de participer à un dialogue politique serein et ouvert où tous les sujets sont sur la table, notamment et surtout la démission du président Jovenel Moïse lorsque les conditions politiques auront été réunies »
Au sujet de cette réunion, Le Nouvelliste a rapporté que les sénateurs Évalière Beauplan et Nenel Cassy du Secteur démocratique et populaire avaient également fait le point pour « la mise en place d’une transition politique apaisée avec la participation de tous les acteurs de la vie nationale face à l’effondrement du leadership politique moral de Jovenel Moïse, la réalisation du procès PetroCaribe, l’une des principales revendications actuelles de la population haïtienne , la réalisation d’une Conférence nationale haïtienne souveraine pour jeter les bases de l’émergence d’une nouvelle société haïtienne basée sur l’inclusion socioéconomique des masses populaires ».
Kenneth Merten après avoir entendu les différentes personnalités a mis fin à sa mission en Haïti le 8 décembre 2018 et a déclaré juste avant son départ que « Les États-Unis demeurent attachés au partenariat fructueux qu’ils entretiennent avec le gouvernement haïtien, alors que nous travaillons vers la réalisation de nos objectifs communs pour une Haïti plus prospère, plus sûre et plus démocratique ».