Dans la majorité des grandes villes du pays, des avocats de différents barreaux ont manifesté jeudi dernier 3 septembre 2020 en signe de protestation et pour exiger que justice soit faite sur l’assassinat du bâtonnier Monferrier Dorval.
Vêtus de leur toge, les avocats ont marché à Port-au Prince. Le conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince et la Fédération des Barreaux d’Haïti ont été les deux instances qui avaient pris l’initiative de la marche entamée vers les 9 heures du matin devant le cabinet du bâtonnier à la Ruelle Rivière.
Ils ont fait un arrêt au ministère de la Justice pour aboutir ensuite devant la cour de cassation au Champ de Mars en lançant des slogans hostiles à l’endroit du pouvoir et du président Jovenel Moise spécialement.
« Justice pour Me Monferrier Dorval » a été le cri de colère et d’indignation de tous les manifestants, entre autres des leaders politiques de l’opposition, des dirigeants d’organisations de défense des droits humains, des représentants d’organisations de la société civile ainsi que des militants d’organisations populaires.
« L’un des nôtres est assassiné comme un chien. Nous sommes tous et toutes orphelins à partir de cet assassinat » a fait savoir avec amertume le président de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH), Me Jacques Létang au cours de la marche.
Des étudiants de l’Université d’État d’Haïti (UEH) notamment des élèves de la victime, le professeur Dorval, n’ont pas cessé de manifester quotidiennement dans plusieurs rues de Port-au-Prince pour dénoncer ce forfait et l’insécurité commanditée qui l’entoure. Ils entament le lundi 7 septembre leur deuxième semaine de mobilisation contre l’assassinat crapuleux du magistrat. Des barricades ont été érigées en plusieurs endroits et surtout devant les locaux de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques.
Cette Marche pacifique a bien eu lieu dans plusieurs départements géographiques pour réclamer justice en faveur de Me Dorval.
A Jacmel, les étudiants de l’école de droit de Jacmel réclament justice pour Me Monferrier Dorval. Dans les communes de Hinche, département du Centre, les avocats ne sont pas restés indifférents, ils se sont également mobilisés. Les avocats du Barreau de Hinche ainsi que le commissaire du gouvernement, des greffiers, des juges de paix ont marché paisiblement au son d’une fanfare pour réclamer justice en faveur du Bâtonnier assassiné le 28 août 2020 dernier.
Même constatation à Miragoâne département de Nippes, à Port-de-Paix, St Marc, les Cayes, toujours les mêmes mots d’ordre de justice et non à l’impunité. Dans la ville des Gonaïves, les Etudiants de l’Ecole de Droit et des Sciences Économiques (EDSEG) ont manifesté dans la cité de l’indépendance le lundi 7 septembre toujours dans l’unique but de réclamer justice pour le bâtonnier assassiné. En France, pour lui rendre hommage, le Conseil de l’Ordre de Paris a voté à l’unanimité la nomination du bâtonnier Dorval comme Membre d’Honneur du Barreau de Paris à titre posthume.
Dernière heure : selon les déclarations du commissaire du Gouvernement a.i. près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Gabriel Ducarmel, la dépouille mortelle du Bâtonnier juste après son autopsie a été remise à sa famille en la personne de sa sœur Margaret Dorval et de son cousin Aramick Louis pour les suites nécessaires. Ainsi, Les funérailles de l’ex-Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval, seront chantées le vendredi 18 septembre 2020 à l’Église Saint Pierre de Pétion-Ville à partir de 9h00 du matin.
Par ailleurs, selon les premières réactions de la police nationale haïtienne (PNH), on peut constater que c’est avec une légèreté inouïe pour ne pas dire une absence totale de prise en charge sérieuse du dossier que l’institution fait semblant de poursuivre une quelconque enquête.
Comment se fait-il après l’assassinant de Me Monferrier Dorval, sa maison a été vandalisée et le bâton St-Nicolas, symbole de la charge du bâtonnier a disparu ?
Nous appelons les citoyens et citoyennes du pays à faire attention à ce que le pouvoir ou la police ne piège, ni n’accuse des individus comme bouc émissaire pour cacher les responsabilités sinon la participation de leur patron, à titre d’auteur intellectuel, dans un crime aussi crapuleux et monstrueux. Le peuple doit rester vigilant puisque déjà, les autorités du gouvernement annoncent les couleurs en faisant savoir que trois individus ont déjà été mis sous les verrous d’autant que le portable du Bâtonnier a été retrouvé en possession d’un quidam.
Nous flairons que ce ne soit une autre mise en scène, que le pouvoir serait en train de monter pour tromper comme à l’accoutumée la vigilance de la société. Les comédiens n’ont jamais arrêté de s’exhiber dans l’absurde et le grotesque…