Justice doit être pour Sherlson Sanon!

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Au terme d’un procès en séance tenante après les plaidoiries de ses avocats, Sherlson Sanon 35 ans, a été finalement libéré

Le vendredi 20 janvier 2023, Sherlson Sanon, 35 ans, a été finalement libéré de son emprisonnement de 9 ans 6 mois et 20 jours au Pénitencier National par le juge Gabart Antoine, au terme d’un procès en séance tenante après les plaidoiries de ses avocats par devant le tribunal criminel sans assistance de jury.

Le tribunal l’avait condamné à un an d’emprisonnement pour déclarations calomnieuses mais il a bénéficié de la loi Lespinasse, du fait d’avoir été incarcéré pendant près de 10 ans.

Quelle a été la genèse de cette affaire ? Selon une déclaration que Sherlson Sanon aurait faite au bureau du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) le 12 mars 2013, il aurait révélé qu’il avait été embauché, en 1999, par le sénateur Joseph Lambert pour devenir membre d’un puissant gang dénommé « Base Kakos », qui fonctionnait dans le Sud-Est sous la direction des anciens sénateurs Joseph Lambert, Edo Zenny, du commissaire du gouvernement de la Croix-des-Bouquets d’alors Leny Thelisma et  des frères Joël et Jacky Khawly, spécialisés dans le trafic de la drogue, le kidnapping contre rançon et l’assassinat.

Sherlson Sanon alors qu’il était âgé de 25 ans.

Le RNDDH avait produit un rapport titré : « Les dessous des jeux politiques en Haïti: Témoignages d’un ex-enfant soldat aujourd’hui membre d’un gang armé », avec ses témoignages authentifiés par sa signature par-devant le notaire Jean Beaubrun L. Rony le 23 avril 2013. A la suite de ce rapport, Sanon fut écroué à la prison civile de Port-au-Prince le 1 juillet 2013, alors qu’il était âgé de 25 ans.

Il a été entendu au cabinet d’instruction le 3 juillet 2013 en présence de ses avocats Mario Beauvoir et Alex Joseph auxquels l’avait recommandé le RNDDH. Pour montrer la véracité de l’affaire, l’avocat Me Beauvoir eut à déclarer en ce temps-là « Nous sommes au courant qu’on cherche à l’assassiner dans sa cellule même. Aussi nous demandons aux autorités judiciaires de tout mettre en œuvre pour protéger notre client ». L’avocat Newton Saint-Juste avait lui aussi réagi en insistant face à une telle dénonciation ;  selon lui, Sherlson Sanon mériterait une sécurité certaine pour sa protection.

Le ministre de la Justice d’alors, Jean Sanon, avait refusé catégoriquement la demande de l’avocat Beauvoir que son client, Sherlson Sanon, soit protégé pendant son incarcération.

Pierre Esperance du Réseau national de défense des droits humains RNDDH

Cependant le sénateur Edwin Zenny (Sud-est) de même que Joseph Lambert rejetaient d’un revers de main toutes les accusations portées contre eux concernant leur implication dans le trafic de la drogue, le kidnapping et les assassinats. Pour clarifier cette accusation contre sa personne, Zenny avait déclaré : qu’il était à la disposition de la justice et de la DEA. De plus, le sénateur n’écartait pas l’éventualité d’abandonner son poste au Sénat pour faire la lumière sur cette grave accusation.

Dans une interview à Radio Kiskeya, il avait non seulement dénoncé le Réseau national de défense des droits de l’homme (RNDDH) mais aussi les adversaires de l’ex-sénateur Joseph Lambert comme étant les auteurs de ce qu’il assimilait à une véritable machination politique.

Marie Yolène Gilles

Dans le même temps, l’avocat de Sherlson Sanon, Me Mario Beauvoir, au cours d’une interview à Radio Kiskeya avait lui-même signalé que : « Sherlson est prêt à affronter toutes les personnes qu’il cite devant le cabinet ». Et Beauvoir en avait profité pour lancer au président d’alors Michel Martelly « de livrer toutes ces racailles à la justice ».

Lors de cette affaire, le sénateur Lambert avait vu clair, car il avait exprimé que « C’est un véritable montage. Le titre n’est pas de la personne [Sherlson Sanon] à laquelle on attribue les témoignages. Pour moi, on a fait le texte et on le lui a fait signer », avait avancé Lambert.

Juste après sa libération, Sherlson a indiqué qu’il n’était pas au courant du contenu de la déclaration mensongère que le directeur du RNDDH et ses collègues lui avaient fait signer contre Lambert et Zenny. Deux personnes, selon lui, avec qui il n’avait jamais eu de rapports voire qu’il aurait eu des transactions avec eux.

Me Mario Beauvoir

C’est en prison qu’il avait pu éventuellement lire le contenu mensonger auquel on lui avait prêté paternité et responsabilité.

Les raisons pour lesquelles, il n’avait pas lu le texte avant d’apposer sa signature, c’est parce qu’il faisait confiance au directeur du RNDDH, qui l’avait un jour appelé au téléphone. Voici ce qu’en dit Sherlson : « Alors que je me suis assis dans un véhicule au Parlement, j’ai reçu un appel téléphonique de Pierre Espérance m’ayant demandé de le rejoindre immédiatement en son bureau. Arrivé sur les lieux, il m’a dit : Joseph Lambert et Edo Zenny concoctent un plan visant à mon assassinat. Car, ils me reprochaient d’avoir travaillé pour Jean-Charles Moïse dans le Sud-Est” ».

C’est ainsi que Pierre Esperance avait exigé de lui qu’il reste à Port-au-Prince, il l’avait même mis à l’hôtel Belle Lune à Pétionville pour sa sécurité, en attendant de lui trouver un visa de voyage pour se rendre à l’étranger.

Selon Sherlson, les papiers qu’il avait signés au bureau du RNDDH, c’était ses documents de voyage. Il n’avait à aucun moment mis en doute les déclarations d’un bon Samaritain en la personne de Pierre Esperance qui voulait lui sauver la vie.

Edo Zenny

Tout au cours de son emprisonnement, Sherlson entretenait des rapports avec M. Esperance, qui, lui, était chargé de son entretien. Le directeur du RNDDH lui-même l’avait révélé à Gazette Haïti News: « Nous avons accompagné Sanon et sa famille durant son incarcération. Quand il avait besoin d’assistance, nous étions toujours là. Jusqu’au mois de février 2021, il avait Me Mario Beauvoir comme avocat.  Quand l’avocat a besoin de frais, on s’en charge ».

Au cours de son emprisonnement, Sherlson a indiqué comment il avait regretté les accusations mensongères et calomnieuses que lui avaient prêtées M. Esperance et Mme Marie Yolène Gilles. Il avait eu pris soin d’appeler ces gens pour s’excuser des accusations qu’on lui avait attribuées. Toutes les déclarations n’ont pas été de moi mais bien du directeur de l’organisation de droits humains, Pierre Esperance.

Joseph Lambert

C’est au mois de mai de l’année dernière que Sherlson timidement entama la campagne de dénonciation contre celui qui voulait se faire passer pour son bienfaiteur.

Il promet de prendre la parole sous peu dans une conférence de presse, après sa récupération afin d’expliquer et de dénoncer au grand public les criminels metteurs en scène qui l’ont piégé et qui refusaient que la justice se penche sur son cas.

Une façon de le garder à perpétuité en prison pour que ne brille jamais la lumière de la vérité.

Suite à cette libération, Eddo Zenny a déjà déclaré qu’il va traîner le RNDDH, en l’occurrence Pierre Esperance et Marie Yolène Gilles, devant la justice.

Pour essayer une quelconque défense, le RNDDH a, dans un communiqué publié le 24 janvier 2022, apporté certaines précisions peu convaincantes autour de ce dossier.

Que Sherlson Sanon bénéficie de justice, dédommagement et réparations suite à l’ignominieuse inhumanité de ces criminels de Droit humain !

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