Joe Biden a choisi Kamala Harris !

Pour bien danser le tango du 3 novembre 2020, Joe Biden a choisi Kamala comme son partenaire

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Pour bien danser le tango du 3 novembre 2020, Joe Biden a choisi comme son partenaire la Sénatrice de la Californie Kamala Harris

Depuis des jours, des rumeurs faisaient croire au choix final de Kamala Harris comme celle qui sera la colistière «running mate» de Joe Biden. Les jours passent, le timing avance, Biden devait faire le choix de sa colistière avant la Convention afin d’unifier le Parti et aussi d’élargir son électorat.

Ainsi, après plusieurs semaines de consultations, Joe Biden a finalement révélé l’identité de celle qui complète le “ticket Démocrate 2020. A quelques jours de la Convention démocrate qui aura lieu du 17 au 21 août à Fiserv Forum, l’arena de l’équipe de Basket-ball les Bucks de Milwaukee, la plus grande ville de l’État du Wisconsin, le candidat à la présidence du Parti Démocrate s’est empressé de rendre public son choix. Finalement, la nouvelle est tombée: la VP de Joe Biden s’appelle Kamala Harris.

quels sont les critères  qui ont poussé le candidat démocrate à faire de Kamala sa vice-présidente ?

Comme on s’y attendait, il était aux environ 4heure pm ce mardi 11 août quand CNN confirme que l’ancien vice-président de Barack Obama (20 janvier 2009-20 janvier 2017) a choisi la Sénatrice de Californie pour l’accompagner dans la course électorale. Mis á part  sa  jeunesse,  quels sont les autres critères  qui ont poussé le candidat démocrate à faire de Kamala sa vice-présidente ?

L’exercice n’a pas été facile pour Joe Biden aussi bien que pour son équipe de campagne.

Pendant longtemps, pour ne pas négliger les moindres détails, minutieusement, le parcours et l’expérience de  chaque candidate ont été  analysés. Si la prudence était de ne pas choisir une colistière qui puisse par sa compétence académique, expérience et éloquence faire ombre au candidat á la présidence, l’équipe de campagne ne voulait pas non-plus d’une personne qui serait trop effacée durant la campagne. Comme celle qui devrait accompagner le candidat nominé aux élections générales ne doit être ni trop présente au cours de la campagne électorale, ni trop en retrait, ce qui rendait encore beaucoup plus difficile le travail de l’équipe de campagne de Biden.

Ces dernières semaines, les analystes sur les  élections présidentielles  américains des médias locaux et internationaux aussi bien que  des  professeurs des universités  de sciences politiques spéculaient sur le choix de celle qui devrait être l’heureuse élue pour accompagner Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche de novembre. Puisque les qualificatifs ne manquaient pas, ainsi, ils se demandaient: serait-elle la Sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, la Sénatrice de la Californie Kamala Harris, l’ancienne Gouverneure de la Georgie Stacey Abrams, la Sénatrice de Minnesota Amy Klobuchar, la Sénatrice d’Illinois Tammy Duckwoth, la Députée de la Floride Val Demings, la   Gouverneure de Michigan Gretchen Whitmer, la Mairesse d’Atlanta Keisha Lance Bottoms, l’ancienne Ambassadrice aux Nations Unies, puis Conseillère à la sécurité nationale Susan Rice, la Sénatrice de Nevada Catherine Cortez Masto, ou une autre politicienne avec plus d’années d’expériences, plus particulièrement quelqu’un d’un État clé.

Dans l’intervalle, pour plaire à l’aile gauche du parti, le nom de la sénatrice progressiste, blanche, Elizabeth Warren figurait comme favori pendant les premières consultations dans cette longue liste des candidates potentielles à la Vice-présidence.  Ce qui fait que pendant tout le mois d’avril, Kamala Harris était dans une bonne position certes, mais, bien entendu, après Elizabeth Warren qui jouissait d’une avance confortable dans les sondages sur le choix de la colistière.

Ce n’était pas pour longtemps. Agé de 71 ans, a priori, cela a freiné la candidature d’Elizabeth Warren. Mais le meurtre de George Floyd par des policiers blancs en mai, suivi des protestations dans tout le pays a rebattu les cartes et changer les attentes en faveur de la Sénatrice Kamala Harris, qui était, ses derniers jours, la candidate pressentie.

En cas de victoire de Biden, Kamala deviendra la première femme vice-présidente des États-Unis.

Pour quelqu’un qui, jusqu’a présent, a été le plus jeune Sénateur américain à joindre celui qui serait, s’il est élu, le plus vieux président des États-Unis, Biden avait intérêt á choisir une jeune vice-présidente. A 55 ans, Kamala Harris est encore jeune. Elle a encore du temps pour faire une longue carrière en politique. Ce qui fait que, vu l’âge avancé de Biden, elle est un bon contrepoids au candidat de 77 ans. Mis á part sa jeunesse, double de ses expériences professionnelles et académiques, de par son background d’immigrant, Kamala Harris est un choix qui peut apporter beaucoup pour Joe Biden.

Le choix de Kamala à quelques jours de la Convention du parti démocrate, plus particulièrement cet après-midi, est un coup stratégique calculé du parti démocrate. Il intervient à un moment important pour Joe Biden où de récents sondages lui donnent une nette avance sur son adversaire.

Questionnement autour de ce choix

La désignation de Kamala comme VP candidate pour le «ticket» démocrate de 2020 ne fait pas, et c’est toujours le cas, l’unanimité parmi les analystes politiques. Son choix suscite bien des remous au sein de la classe politique et de la société civile américaine. Des experts de la politique américaine et internationale posent beaucoup de questions.

Effectivement, à quelques heures seulement de sa nomination comme partenaire de campagne de Joe Biden, Kamala est déjà  soumis à de rudes épreuves. Les journalistes  et analystes politiques se sont montrés intéressés aux moindres détails de la personnalité de celui qui doit épauler l’ancien VP durant les campagnes des élections générales dans la course à la Maison-Blanche.

Pour certains, ce choix se révèle important dans la mesure où il peut influencer une bonne partie des électeurs que l’ancien Vice-président avait eu du mal  à séduire. Dans la foulée, d’autres sont pessimistes quant à l’apport réel que peut apporter la VP Kamala au candidat Joe auprès des électeurs surtout les femmes, les Noirs et les Latinos. Peu importe les commentaires des uns et des autres, l’équipe de campagne du candidat veut répondre aux exigences de l’heure, multiplier autant de stratégies afin de pallier les faiblesses de Biden. Car, «Si un bon choix ne permet pas toujours de rapporter des voix, un mauvais choix peut se révéler dévastateur. »

Avantage d’un tel choix

Les   compétences et expériences de la sénatrice Kamala Harris sur les scènes politiques nationales et d’État font d’elle une forte candidate à la vice-présidence, et ce qui  « solidifie son cas », c’est que la personne à la tête du ticket est un homme plus âgé et blanc dans un parti qui tend dans la direction opposée. De plus, Harris a 55 ans. Elle a remporté des élections à l’échelle de l’État en Californie, s’est déjà présentée comme candidate à la présidence, et a l’expérience de l’exécutif, après avoir servi en tant que procureur général de son État. Elle est noire et renforcerait le soutien déjà fort de Biden dans cette circonscription critique. La participation parmi les électeurs noirs dans les principaux États qui sont des États d’affrontement décisif (battleground) est absolument cruciale pour les espoirs démocrates en Novembre.

Harris a sans doute une faille à son armure: elle n’est pas «une progressiste bon teint, pure laine», pareille à la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren. Mais les électeurs libéraux ne se méfient pas vraiment d’elle, et bien que certains reculeront devant ses antécédents de procureure, pour beaucoup d’autres électeurs, l’expérience passée peut   être considérée comme rassurante.

Plus que tout, cependant,  ce que Harris apporte à la table, c’est qu’elle est une militante polie et efficace, qui apporterait l’excitation et le magnétisme à un billet qui ne déborde pas actuellement de tels attributs. Les candidats à la vice-présidence ont toujours été chargés du travail de chien d’attaque. Biden peut attester de sa capacité à décrocher un coup de poing politique, comme il l’a montré à la réception de l’un des moments emblématiques de la primaire démocrate de 2020: l’attaque lacérante sur lui pour s’être opposé antérieurement au transport scolaire (‘‘bussing’’) comme un outil pour déségrégation des écoles.

Désavantages

S’il y a des avantages, il y a aussi des désavantages. Kamala Harris a été critiquée pour son manque de message cohérent lors de sa candidature à la présidence, mais le message de Biden deviendrait le sien. Elle n’incite pas nécessairement la gauche progressiste, qui n’aime pas certaines de ses positions passées sur la justice pénale; elle ne donne aucun avantage régional – un ticket avec un ancien sénateur de la côte Est et un sénateur de Californie ne dissipe pas exactement l’idée que les démocrates ne se soucient pas des classes moyennes du pays; et il n’est pas clair que Harris ait fait non plus appel à l’électorat des classes moyennes dans des endroits comme le Upper Midwest.

En matière de politique étrangère, Kamala n’a pas la compétence et l’expérience nécessaires. Ce n’est pas grave, puisque, une fois passé l’étape du 3 novembre, l’administration peut toujours compter sur les expériences de Biden. En attendant cela pourrait ouvrir, lors des débats des Vice-Présidents, un boulevard aux républicains pour faire faire obstacle á Kamala et du même coup nuire au «ticket» Biden/Harris 2020.

En fin de compte

Avec ce choix, Joe Biden-Harris envoie le message qu’aucune porte n’est fermée aux Indiens-Américains dans la vie publique, à un moment où cette communauté commence à faire preuve de force politique. Les Américains d’origine asiatique, plus généralement, sont le bloc de vote racial ou ethnique qui connaît la croissance la plus rapide du pays. Environ 1,3 million d’Américains indiens devraient voter aux élections de cette année, dont près de 200 000 dans les États de terrain d’affrontement décisif comme la Pennsylvanie et 125 000 dans le Michigan, selon le cabinet d’études CRW Strategy. ‘‘Les Indiens américains s’inscrivent et votent à des taux élevés, même si nous restons sous-représentés aux postes élus’’.

Lors des dernières élections présidentielles de 2016, 77% des Indiens-Américains ont voté pour Hillary Clinton, selon les statistiques du même cabinet de recherche. Mais le soutien démocrate en 2020 n’est pas assuré. Trump a construit une alliance avec le Premier ministre indien populiste et nationaliste hindou Narendra Modi, et les deux hommes sont  apparus  ensemble lors de rassemblements   bondés à Houston, au Texas, et à   Ahmedabad, en Inde.  La campagne de réélection de Trump a diffusé des publicités sur les réseaux sociaux visant à convaincre les électeurs indiens, louant les Indiens-Américains en tant que chefs de file des affaires et de la technologie et vantant les réductions d’impôt de Trump.

L’histoire de Harris est l’histoire d’une Amérique changeante et inclusive. Elle est née d’un père noir et d’une mère indienne. Ses parents étaient tous deux des immigrés : son père, Donald Harris, de la Jamaïque, et sa mère, Shyamala Gopalan, de Chennai, dans le sud-est de l’Inde. Elle est l’un des trois sénateurs noirs américains, l’un des trois seuls Américains d’origine asiatique au Sénat et elle est la première Amérindienne à siéger à la Chambre. Sa candidature à la vice-présidence serait historique et inspirante, non seulement pour les Noirs américains, mais aussi pour des millions d’électeurs d’origine sud-asiatique

Peu importe les appréhensions ou réprobations des uns et des autres, Joe Biden a pris la plus importante décision depuis le lancement de sa campagne générale pour accéder  à la Maison- Blanche en désignant sa colistière. Il est vrai que les candidats à la vice-présidence décident rarement des élections, mais dans le cas de Kamala Harris, elle pourrait booster la cote du candidat et augmenter ces chances d’arriver à la Maison-Blanche. Une chose est sûre: choisir Kamala Harris comme candidate VP, c’est se positionner pour avoir les votes des femmes, des communautés noires et latinos et donc donner un signal clair quant à la stratégie démocrate pour, le court terme, 2020, et 2024 à plus longue échéance.

Références

1-Kamala Harris is Biden’s best choice for vice-president Michael A. Cohen Globe Columnist.

2-Indian Americans have a stake in the Biden VP pick Opinion by Neil Makhija. Lundi 3 Août.

Prof. Esaü Jean-Baptiste
Albany, NY, 11 Août 2020

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