Incendies urbains, le cas d’Haïti !

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Le plus spectaculaire en date est celui du Marché Florvil Hyppolite datant de 1890, plusieurs fois brûlé. Il a été en partie gravement endommagé dans la nuit du 12 février 2018

Entre les mois de décembre 2017 et mars 2018 on a enregistré un certain nombre d’incendies en Haïti dont l’origine demeure jusqu’à maintenant inconnue. Les plus connus et médiatisés de ces feux sont ceux des Marché en fer, Marché du Port, Marché Salomon, Marché de Saint Marc, Marché de Pétion-Ville, Marché de Cabaret, etc. Le plus spectaculaire en date est celui du Marché Florvil Hyppolite datant de 1890, plusieurs fois brûlé, finalement détruit en 2010 lors du séisme, mais totalement reconstruit en 2011 par un mécène venu de l’étranger. Il a été en partie gravement endommagé dans la nuit du 12 février 2018 par un feu qui fait polémique. Pour les uns, cet incendie est d’origine accidentelle compte tenu de l’état d’insalubrité et des ordures en tout genre qu’on brûle aux environs immédiats du Marché. Pour d’autres, le climat politique s’est prêté à ce forfait. L’opposition ne serait pas innocente à cet incendie.

Ils s’accusent mutuellement d’irresponsabilité.

En réalité, personne n’en sait rien. Moins d’une semaine plus tard, c’était le tour du Marché du Port dit « marché guérite » dans le voisinage immédiat de la Capitainerie du Port et de l’Administration générale des Douanes qui a brûlé en plein jour. C’était le dimanche 18 février 2018. Là aussi les deux camps pointent chacun leurs doigts sur un coupable imaginaire ou idéal.  Faute pour les pouvoirs publics d’identifier les causes du sinistre. C’est devenu la règle: après chaque incendie dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, le débat fait rage sur l’obligation pour les pouvoirs publics de disposer d’un vrai corps des Sapeurs-Pompiers pour combattre les incendies dans la capitale et en région. Le premier qui a ouvert les débats sur la question est tout naturellement la presse. Puisqu’elle est la première à pouvoir rapporter les faits et les doléances des victimes. Ensuite, les politiques de tous bords.

Ils s’accusent mutuellement d’irresponsabilité. Enfin, la population. La première et éternelle victime des méfaits des incendies à répétition dans le pays. Aussi cynique que cela puisse être, il n’y a pas que les incendies de Port-au-Prince, Pétion-Ville, Carrefour et Delmas, dans une moindre mesure Tabarre à susciter débats et émotion au sein du gouvernement et de la Société civile. La réponse à cette curiosité vient du fait que les incendies dans les villes de province passent quasiment inaperçus. Et pour cause.  Les médias de la capitale avec le peu de moyens financiers et humains dont ils disposent n’ont pas la capacité d’être sur tous les fronts où cela s’enflamme. Le temps d’appeler un obscur correspondant qui lui-même ne dispose que de son téléphone cellulaire ne fonctionnant que si l’une ou l’autre des deux compagnies de téléphonie mobile dispose de fréquence, l’émotion, la tension et la colère des habitants sont déjà tombées. Ainsi, les centaines d’incendies enregistrés chaque année en Haïti passent totalement sous silence ou presque restant à la seule connaissance des voisinages proches. Ne faisant écho que rarement dans la presse nationale, les incendies qui ravagent pratiquement tout le patrimoine national en province sont beaucoup plus nombreux que ceux de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Hélas !

Le quartier général du service d’incendie à Port-au-Prince

Les dégâts commis  n’ont aucun effet sur le pouvoir central dans la mesure où on en parle très peu ou jamais. Les incendies de Port-au-Prince servent de baromètre pour comprendre dans quelle situation vit le reste du pays sur le plan de prévention et de lutte contre ce genre de catastrophe qui peut ruiner en une fraction de seconde toute une vie. En revanche, à la différence des incendies de province qui sont en grande partie d’origine accidentelle même si aucune enquête sérieuse n’a jamais pu établir leur origine exacte, ceux de la capitale restent beaucoup plus suspects. D’où d’ailleurs les débats qu’ils suscitent dans tous les milieux. Pour les incendies de Port-au-Prince, il y a plusieurs éléments qu’on doit obligatoirement prendre en compte si l’on veut se faire une idée de leur origine. Tout d’abord, l’on constate que les incendies de l’aire métropolitaine sont périodiques. Un élément qui peut-être capital pour  définir une méthodologie de travail ou constituer le point de départ d’une enquête. Autant il est difficile de faire la chronologie des incendies survenus en province, autant les incendies de la capitale portent tous un numéro de série.

Puisqu’ils ont toujours eu lieu en période de carnaval, des fêtes de fin d’année ou en période de conflits intenses entre l’opposition politique et le régime en place quelle que soit sa tendance politique. Cette annotation n’est pas fortuite si l’on prend en compte les éléments incendiés. Dieu merci, il est rare, très rare que ce soit une habitation qui prend feu à Port-au-Prince à l’inverse des villes de province où ce sont des résidences qui très souvent sont la proie des flammes.  Certes, les marchés publics et les Stations de service (pompe à essence) prennent feu aussi. Mais la cadence est moindre. Tandis que, dans la région de Port-au-Prince, les marchés publics et les institutions demeurent les principales cibles de départ de feu qu’il soit accidentel ou criminel. En consultant les archives, on a fait ce constat étonnant et déroutant. Il est rare, en effet, que durant l’une de ces trois périodes susmentionnées – fêtes  de fin d’année, carnaval et tension extrême entre l’opposition et le pouvoir – il n’y ait une catastrophe due à la propagation d’un incendie dans la région de  Port-au-Prince.

Personne ne peut compter le nombre de fois que le Marché Hyppolite a été la proie des flammes…

Pourtant aucun des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis ces trente dernières années n’a pris conscience de l’ampleur d’un phénomène qui va en s’accentuant. Jamais un gouvernement post-Duvalier n’a pensé à doter le pays d’un Service d’incendie à la hauteur de ce phénomène nouveau dans la vie des Haïtiens. Nouveau dans la mesure où il a commencé après la fin de la dictature comme le phénomène du kidnapping. Sous la dictature, nulle part l’on a enregistré ce genre d’incident. Pourtant le régime menait la vie dure à l’opposition qui de son côté rongeait son frein en silence. Tremblante de peur et tétanisée à l’idée de mener un acte de sabotage contre l’une des infrastructures du régime. Non seulement le régime dictatorial surveillait de près la population, il avait aussi le contrôle des biens publics. Mêmes durant les périodes de grande foule comme le carnaval, les fêtes de fin d’année avec des rues comme le boulevard Jean-Jacques Dessalines remplies de monde, le régime à travers ses polices politiques et ses Services de renseignements gardait la main sur l’ensemble du territoire et sécurisait les infrastructures publiques à haute intensité économique.

Sachant que c’était le moment idéal pour ses opposants de passer à l’attaque, la dictature se donnait les moyens pour protéger les biens publics. Résultat des courses, durant les 29 années de la dictature aucun incident majeur n’a été enregistré lors de ces grands évènements que ce soit dans la capitale ou en province.  Dès 1987, le phénomène des incendies a fait son apparition à Port-au-Prince et sa périphérie au moment où les gouvernements successifs se démènent pour garder le pouvoir tout en abandonnant le rôle régalien de l’Etat qui est de protéger sa population et son patrimoine. Personne ne peut compter le nombre de fois que le Marché Hyppolite a été la proie des flammes au cours de ces trente dernières années. D’ailleurs, il n’y a pas que ce Marché historique qui devrait être classé « patrimoine historique », si ce n’est pas encore fait, et qui ne soit victime à période régulière et précise d’incendies criminels ou accidentels. Les célèbres Marché Salomon, Marché de la Croix-des-Bossales, Marché du Port (Guérite) et Marché du Portail St Joseph (Mahogany) destiné autre fois aux touristes sont souvent réduits en cendre.

Dès monuments comme l’ancienne cathédrale, certes reconstruite dans la foulée du tremblement de terre de 2010, ont été consumés dans des circonstances douteuses. Et aucune enquête n’a pu identifier l’origine de ces incendies. Tantôt c’est un marché à Pétion-Ville, tantôt c’est un autre à Carrefour ou à Martissant ou à Tabarre qui est la victime de ce qui devient un fléau pour les habitants de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Finalement, l’on ne compte plus le nombre de marchés publics incendiés rien que dans le périmètre de la capitale et ses faubourgs depuis au moins 30 ans. Si le pays ne cesse d’enregistrer des incendies qu’on n’arrive pas à empêcher, la question qu’on est en droit de se poser est celle-ci: que font les pouvoirs publics pour combattre ces incendies? La réponse:  rien. Le pire, c’est qu’on a l’impression que c’est  une question qui n’intéresse personne au niveau de l’Etat en général et du gouvernement à travers son ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique en particulier.

Depuis 1987-88, tous les gouvernements se contentent de déplorer les pertes et de comptabiliser les victimes  sans essayer d’apporter la moindre solution à ce phénomène. Les incendies urbains en Haïti deviennent une fatalité. Aucun gouvernement ne semble capable de prendre des mesures adéquates pour mettre un terme à ces actes dont on ne sait pas s’ils sont provoqués ou non. Le comportement des pouvoirs publics haïtiens vis-à-vis des incendies constatés dans le pays s’apparente à une non-assistance à la société en danger. Car il est difficile de croire – et malheureusement c’est la triste vérité – que le pays ne compte en tout et pour tout que trois (3) bouches d’incendies réellement fonctionnelles. Deux dans le centre-ville de Port-au-Prince et une dans la commune de Carrefour à Diquini 63. Selon diverses sources et aussi bien que la Direction Nationale d’Eau Potable et Assainissement (DINEPA), en fait il y a un total de 126 bouches d’incendie desservant Port-au-Prince, Carrefour et Delmas. Mais tout ceci est un mirage. Puisque seules les trois indiquées plus haut sont en état fonctionnel.

Mais faut-il s’étonner de cette pénurie de bouches d’incendie à travers le pays ? Bien sûr que non. Puisque le Service d’incendie, particulièrement l’existence d’un  corps des Sapeurs-Pompiers ne fait pas partie du programme, ni des priorités des gouvernements haïtiens depuis la chute de la dictature des Duvalier. Les étudiants qui avaient l’habitude d’étudier sous les lampadaires du Champ de Mars à Port-au-Prince dans les années 70, 80 savent qu’il n’existait pas moins de 13 camions de pompiers fonctionnels stationnés dans la caserne des Sapeurs-Pompiers de la rue Légitime non loin du Musée haïtien du Collège Saint-Pierre, rien que pour la capitale et ses banlieues. Certes, la densité de la population n’était pas aussi élevée dans l’aire métropolitaine mais au moins c’était mieux que maintenant. Puisqu’aujourd’hui, il n’existe aucun camion de pompier fonctionnel à Port-au-Prince.

Mais faut-il s’étonner de cette pénurie de bouches d’incendie à travers le pays ?

Peut-être que les gens ne se rendent pas compte du danger et du risque que court la capitale dans l’hypothèse où deux ou trois Stations de service (pompes à essence) viendraient à prendre feu en même temps dans le centre-ville où l’habitat est particulièrement dense.  Naturellement, les mauvaises langues diront que nous faisons des prévisions pessimistes et alarmistes pour le pays. Oubliant certainement que tout est possible aujourd’hui dans un pays où les autorités qu’elles soient gouvernementales ou municipales n’ont aucun contrôle sur quoi que ce soit.

Des questions s’imposent. Quelles sont les mesures préventives qui sont prises avant l’installation d’une Station de service dans un quartier à haute concentration de population? Les Stations de service disposent-elles de moyens pour combattre un incendie en l’absence d’un corps de pompiers? Pratiquement, partout il existe des Stations de service, c’est tant mieux. Puisque le parc automobile s’agrandit de jour en jour dans le pays. Mais qu’est-ce qui est fait, prévu et mis en place pour parer à un acte de sabotage ou accidentel? Heureusement, pour l’heure, le pays n’a enregistré aucun cas d’incendie simultané en régions, voire dans la capitale.

Cela reste dans le domaine du possible. Puisque dans nos sociétés de consommation avec l’utilisation des appareils de la nouvelle technologique : téléphones portables, tablettes et autres gadgets électroniques tout devient possible. Si dans les pays où là sécurité de la population est placée au centre des préoccupations des autorités, l’on a déjà enregistré ce genre de tragédies, il n’y a aucune raison de penser que ce soit impossible en Haïti, où la population vit  à l’ombre de la démission des pouvoirs publics et de l’irresponsabilité des autorités étatiques. Comment les autorités haïtiennes peuvent-elles expliquer qu’il n’existe aucun camion de pompier en état de marche dans une capitale dont la population avoisine quatre millions d’habitants ? Port-au-Prince est le centre administratif, politique, culturel, littéraire et économique du pays. C’est dans cette ville qu’on trouve tous les palais de la République, les grandes universités publiques et privées, le Palais national, la Primature, le Parlement, les Ministères, les ambassades, les institutions nationales et internationales, la Banque centrale, etc tous ont leur siège dans cette ville bourdonnante, mouvante, grouillante de monde.

Rien, absolument rien ne peut expliquer l’inconscience des responsables centraux et municipaux qui ne semblent même pas pensé qu’un jour tout peut s’embraser sans un corps des Pompiers bien équipé capable d’intervenir sur tous les foyers d’incendie. Comment le gouvernement, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité civile n’ont-ils pas pensé à mettre la DINEPA (Direction Nationale d’Eau Potable et Assainissement) devant ses responsabilités afin d’approvisionner les bouches d’incendie en eau 24/24h pour que les quatre camions existant sur les communes de Delmas, Carrefour et Pétion-Ville puissent faire le plein sans problème quand ils interviennent. Mais en dehors de cette matière première, l’élément essentiel pour combattre les incendies qui est l’eau, il faut déjà que la ville de Port-au-Prince, et les autres villes du pays soient dotées de vraies casernes de Sapeurs-Pompiers. Il est tout à fait ridicule de savoir qu’en Haïti le gouvernement paie tous les mois une centaine de Sapeurs-Pompiers installés au Bicentenaire à Port-au-Prince (centre-ville), occupés à ne rien faire.

Puisqu’ils ne disposent d’aucun camion pour exercer leur métier, ces soldats du feu appartenant à la police nationale s’ennuient  désespérément dans leur caserne située à deux pas du bureau du Premier ministre (la Primature) au boulevard Harry Truman. Alors qu’un marché public est en train de se consumer en plein jour juste à côté d’eux. Pourtant, cinq camions pompiers sont stationnés sur le parking de la caserne. Le problème est que ces cinq camions sont tous en panne depuis des années et ne sont jamais réparés malgré les appels réitérés des responsables du corps des Sapeurs-Pompiers. Du coup, les centaines de fonctionnaires habilités à combattre le feu regardent impuissants et la mort dans l’âme des marchés publics et autres bâtisses et maisons d’habitation partir dans les flammes sans pouvoir intervenir. En réalité, Haïti compte 140 Sapeurs-Pompiers formés pour le compte de l’Etat . Ils sont soit des anciens militaires des FADH soit des policiers issus de diverses promotions.

Une centaine d’entre eux sont abandonnés à leur sort dans leur caserne à la capitale, au bord de la mer, les quarante autres sont  aussi largués à l’abandon un peu partout sur le territoire, plus précisément dans les chefs lieux de département. Sans camions ni bouches d’incendie dans la ville où ils sont affectés, ces Sapeurs-Pompiers qui ont tous reçu une formation sont payés à ne rien faire faute d’équipements pour remplir leur mission. Le moindre début d’incendie dans la capitale ou en province prend tout de suite l’allure de fin du monde faute d’infrastructures nécessaires et manque de matériels appropriés. Les Sapeurs-Pompiers de Carrefour dont on parle tant pour leur exploit ne sont équipés que de deux malheureux camions dans une caserne totalement vide. Cette caserne de pompier, comme toutes les autres construites dans le pays par l’ambassade américaine à travers l’USAID, devrait être équipée en camions, mobiliers et autres matériels d’incendie par le gouvernement haïtien. Cela ne s’est jamais fait. Les casernes demeurent vides et sans aucun camion ni Sapeurs-Pompiers. La bouche d’incendie de Diquini 63 à Carrefour où en principe les pompiers de Carrefour font le plein est loin d’être fonctionnelle 24/24 comme on dit. Comme les deux autres du centre-ville de Port-au-Prince, ces bouches d’incendie peinent à remplir correctement leur mission.

Sinon, il faut recourir aux camions citernes pour accompagner les camions pompiers. Un comble pour des camions qui devraient être de vrais bolides dans leur genre pour arriver au plus vite sur le lieu du sinistre.  Les deux uniques camions de pompiers de Carrefour deviennent à leur corps défendant le symbole de la République en matière de lutte contre les incendies dans pratiquement tout le pays. C’est plus que ridicule, c’est totalement dingue, surtout quand on sait que ces camions sont aussi appelés pour des incendies dans la ville des Cayes à plus de 250 km de leur base. Quant aux quarantaines de soldats du feu de Carrefour, ils sont aujourd’hui les « héros » de tout un peuple. Si certaines villes comme Cap-Haïtien, Jérémie, Hinche ou Jacmel peuvent se targuer de disposer d’un unique camion de pompier qui en général ne sert pas en grand chose faute de bouche d’incendie et d’eau disponible, d’autres comme Gonaïves, Les Cayes, Fort-Liberté ou Port-de-Paix ne font pas partie de ce club très fermé des villes haïtiennes ayant leur propre camion de pompier.

Bref, c’est un pays abandonné en matière de protection contre les incendies.

Bien que la quasi-totalité de ces villes dispose d’une caserne de Sapeurs-Pompiers flambant neuve mais laissée à l’abandon faute de personnel et de matériels d’incendie adéquats. Pétion-Ville et Delmas avec un camion chacune pour des superficies énormes ne peuvent non plus faire face à des incendies à répétition. En plus il y a la question de la formation de ces Sapeurs-Pompiers créés par les municipalités. Tous les maires le reconnaissent, il ne suffit pas d’avoir des camions de pompier même accompagnés des camions de citerne pour éteindre un incendie. Il faut au moins que les Sapeurs-Pompiers soient formés. Or, à part ceux de Carrefour qui reçoivent une formation sommaire, aucun des Sapeurs-Pompiers de Pétion-Ville, de Delmas et autres ne reçoit la moindre formation dans la lutte contre les incendies. Ils sont courageux et veulent être utiles à la Communauté mais cela ne suffit guère. Les maires demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités. Ils sont prêts à construire des casernes et font des efforts pour avoir un camion de pompier. En retour, ils demandent à l’Etat de prendre en charge la formation des jeunes Sapeurs-Pompiers.

Bref, c’est un pays abandonné en matière de protection contre les incendies. Aucune leçon n’a jamais été tirée des divers feux incendiaires enregistrés dans l’agglomération de Port-au-Prince. Les gouvernements qu’ils soient légitimes ou issus d’un coup d’Etat ne se soucient guère de ce problème dont l’origine reste une énigme pour la population. Voilà un domaine qui mérite d’être pris en compte par le Président Jovenel Moïse dans le cadre de sa « Caravane du changement » et ce, pour le plus grand bien des citoyens. Cela ne sert à rien de construire, rénover et moderniser les infrastructures si le lendemain de leur inauguration tout part en fumée soit par un accident soit par un acte de malveillance faute d’un Service d’incendie capable de venir à bout du sinistre. Avant même de penser à construire des tours pour installer les  institutions et les bureaux de l’Etat comme c’est en cours maintenant avec les nouveaux ministères, il faut plutôt prévoir les moyens de les protéger contre les incendies qui font depuis trente ans partie de la vie des port-au-princiens surtout en période de contestation politique contre les gouvernements et de grands mouvements de réjouissance populaire type carnaval ou festivités de fin d’année.

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