Honte : la CARICOM est partie sans piper un mot

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Le vendredi 16 août 2024, la délégation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a quitté le pays, sans dire un mot à la presse haïtienne

Le vendredi 16 août 2024, la délégation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a quitté le pays à la cloche de bois, sans dire un mot à la presse haïtienne, tellement honteuse de la situation du pays qui, au lieu de s’améliorer dégénère davantage avec la question de corruption qui déstabilise complètement le Conseil présidentiel de transition auprès duquel il avait joué le rôle d’intermédiaire pour le mettre en place.

Ci-dessous, voici dans son intégralité, le rapport du Groupe de Personnalités Eminentes – Suite à la visite en Haïti, du 11 au 16 août 2024, remis au dirigeant et aux chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) le mardi 20 Août 2024.

 

Le Groupe de personnalités éminentes de la CARICOM

En réponse à une invitation du Président du Conseil présidentiel de transition (TPC) et aux appels des parties prenantes, le Groupe de personnalités éminentes de la CARICOM (EPG) a effectué une visite en personne en Haïti du 11 au 16 août 2024, dans le prolongement des précédentes réunions virtuelles avec le Conseil présidentiel, le Premier ministre et les dirigeants du secteur de nomination. L’EPG a estimé qu’il était nécessaire de vérifier et d’évaluer les progrès accomplis dans le processus de transition pour être en mesure de rendre compte aux chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).

La visite a permis un échange de vues et un dialogue avec des représentants d’un large éventail de la société haïtienne – l’exécutif bicéphale ; le directeur général de la Police nationale haïtienne ; le ministre chargé des affaires féminines, les dirigeants du secteur de nomination ; les dirigeants des partis politiques non représentés au TPC ni au gouvernement ; le secteur de la société civile, y compris les associations de femmes et de défense des droits de l’homme ; les secteurs religieux et privé ; les syndicats ; et un groupe de la diaspora en visite. L’EPG a également rencontré des représentants des principaux partenaires internationaux d’Haïti (Canada, France, USA) ainsi que des représentants du Bureau des Nations Unies en Haïti (BINUH), de l’Organisation des États américains (OEA) et du Commandant de la Force de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSSM).

La visite au TPC et au Premier ministre a permis de faire le point sur la situation générale, leurs activités et leurs plans ainsi que leurs préoccupations. L’EPG a été encouragé par le fait que le TPC semble faire des efforts pour surmonter les retards dans la mise en place d’un certain nombre d’institutions et d’entités clés requises par l’Accord du 3 avril entre les parties prenantes, telles que le Conseil électoral provisoire (CEP), l’Organe de contrôle de l’action gouvernementale (OCAG), le Conseil national de sécurité et la Conférence nationale. La question de l’éloignement entre certains secteurs et leurs représentants au Conseil et des frictions qui en résultent a été soulevée. Le GEP a également discuté du malaise des parties prenantes résultant de la non-publication de l’Accord du 3 avril, de l’absence des institutions critiques proposées, de l’inaction du Conseil et de l’impact négatif sur le Conseil de son inaction face aux allégations de corruption contre trois de ses membres.

Une préoccupation majeure exprimée par les deux institutions de gouvernance était les difficultés rencontrées par la police haïtienne et la force kenyane pour faire face à l’insécurité. Cela reste la principale attente du peuple haïtien. La préoccupation commune exprimée était que la force kenyane était à la fois en sous-effectif et sous-équipée et, par conséquent, n’avait pas la capacité de tenir le territoire récupéré. La nécessité de fournir un financement adéquat au MSSM pour une résolution rapide de ces pénuries d’équipement et de personnel a été soulignée, des nécessités également requises par la police haïtienne.

Pour sa part, le Premier ministre était parfaitement conscient que la fenêtre d’opportunité ne durerait pas longtemps et que la population du pays attendait une livraison. Il a clairement indiqué que le manque de ressources et l’effondrement des institutions de l’État constituaient des obstacles, mais que des efforts étaient en cours pour résoudre les problèmes socio-économiques et humanitaires critiques qui assaillaient la population. Le Premier ministre a souligné que, si le problème de l’insécurité n’était pas résolu, les progrès dans d’autres domaines critiques de l’action gouvernementale seraient très probablement compromis.

Rencontre du Groupe de Personnalités Eminentes de la Caricom avec le Premier ministre haïtien Garry Conille

Lors des réunions avec un large éventail de représentants de la société civile et des partis politiques non représentés au sein du TPC et du gouvernement, il y avait un avis commun selon lequel ce qui était nécessaire était une réinitialisation et une reconfiguration du TPC. Il y avait unanimité concernant les préoccupations et les problèmes soulevés – l’incapacité de l’État à améliorer la sécurité ; la déception face au manque d’impact de la présence des forces kenyanes ; l’érosion de la confiance du public dans le TPC, exacerbée par le scandale de corruption et les demandes stridentes de retrait des trois conseillers ; la crainte croissante qu’en raison des retards, perçus comme de l’inaction, le processus de transition ne respecte pas l’échéance de février 2026 pour l’installation d’un président élu. Les représentants des partis politiques non liés au TPC ont dénoncé le caractère non inclusif du Conseil des ministres et les avantages pécuniaires et autres dont pourraient bénéficier, à l’approche des élections, les partis politiques représentés au Conseil par l’intermédiaire de leurs ministres désignés.

Les retards dans la mise en place des institutions essentielles, la nécessité d’une plus grande efficacité pour atteindre les principaux objectifs dans les délais impartis et l’impact corrosif des allégations de corruption ont contribué à la fragilité du processus de transition. Les allégations de corruption n’auraient pas pu survenir à un pire moment et nécessiteront une résolution rapide afin de préserver l’intégrité de l’institution et la confiance du public dans le processus de transition. À cet égard, l’enquête de l’agence d’enquête anti-corruption sera d’une importance cruciale. Il faut revenir à l’esprit de l’accord de la Jamaïque du 11 mars 2024, qui était fondé sur l’inclusion, le consensus et la responsabilité.

 

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