Haïti, un état en désarroi

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Haïti est malmenée, maltraitée et conditionnée à voir son destin déterminé par les américains et surtout par les agents subalternes de cette puissance occidentale

L’inéluctable influence des États Unis qui étouffe la gouvernance d’un pauvre petit pays depuis si longtemps, se reflète jusque dans l’irrespect d’institutions non-gouvernementales comme l’Organisation des États  Américains (OEA) qui a octroyé le droit de déterminer quand un chef d’État d’un pays membre, souverain, doit laisser le pouvoir. Droit très offensif et gênant dans la gouvernance de chaque pays membre pour gérer ses propres affaires souverainement.

Luis Almagro de l’OEA et Jovenel Moïse

L’histoire nous rappelle le passé nocif, macabre des invasions américaines en Haïti et la disparition complète du pouvoir souverain suite à l’installation au palais national de présidents nuls contre toutes les aspirations du pauvre peuple souverain. Le dernier épisode de ce livre noir est l’anticipation de la date du prochain départ de l’actuel président Jovenel Moise en siège depuis le 7 février 2017 pour un mandat constitutionnel de 5 ans. Se dresse alors l’ambiguïté de la durée du mandat de 5 ans commençant par l’actuelle date de l’investiture face à la régulation constitutionnelle qui oblige le président à siéger le 7 février, après chaque période de 5 ans.

Vu le marasme du départ de l’ancien président bobo Michel Martelly, installé par Madame Clinton en 2011 qui a laissé le  pouvoir en 2016 suivi par l’intérimaire Jocelerme Privert qui a présidé transitionellement jusqu’à 2017, date à laquelle M. Moise à finalement prêté serment. Ladite date, doit-elle être considérée de jure constitutionnellement or de facto politiquement ? Le conondrum face au peuple haïtien pour M. Moise est le suivant: 7 février 2021 ou 7 février 2022 pour faire la passation du pouvoir.

L’ancien président bobo Michel Martelly, installé par Hillary Clinton en 2011

Le président de l’OEA Luis Almagro a déclaré dans un communiqué personnel et officieusement mais non pas officiel que M. Moise a le droit de rester au pouvoir jusqu’au 7 février 2022 parce qu’il avait commencé son mandat en 2017. De quelle autorité se permet M. Almagro de s’immiscer dans la gérance interne d’un pays membre pour décréter une opinion relative à la future passation de pouvoir. Une déclaration qui offense la souveraineté de l’état Haïtien et se substitue au contraire au code de conduite des autorités de l’OEA qui doit rester apolitique aussi bien que respecter les affaires internes de chaque pays membre.

Le cas d’Haïti présente une rare opportunité pour les serviteurs de l’impérialisme comme l’OEA incapables de résister à la tentation de s’immiscer dans les affaires de notre pays. Depuis trop longtemps, Haïti est malmenée, maltraitée et conditionnée à voir son destin déterminé par les américains et surtout par les agents subalternes de cette puissance occidentale ce pays dont l’éternel souci est de maintenir Haïti dans une abjecte pauvreté.

Instrument intransigeant d’une analyse philosophique rigide, une constitution est le  document par excellence qui gouverne les droits suprêmes d’un pays et de ses citoyens. Elle garantit sans ambiguïtés toutes les libertés et les limites et pourvoit un mécanisme efficace pour clarifier en cas de doute, à travers la Cour de cassation, les opinions appropriées sur les cas qui le requièrent.

Le plus audacieux des impérialistes argumenterait-il jamais que l’ancien président des États Unis, George W. Bush pourrait prêter serment après le 20 janvier 2000 à cause du délai juridique de la détermination des résultats de l’élection tenue en novembre précédent ? Laquelle élection n’avait produit un gagnant définitif qu’une semaine avant la date d’investiture. Alors, aux États Unis, la constitution doit être respectée mais dans un pays pauvre et instable comme Haïti, elle peut être violée surtout avec l’approbation des colons de l’OEA.

Le bilan des trois dernières années M. Moise est pitoyable.

La lecture de la constitution haïtienne est claire. Le nouveau président doit siéger pour une période de 5 ans après la date de la passation du pouvoir de son prédécesseur. Que les déboires politiques politiciens aient empêché une passation datée juste après le départ du prédécesseur est purement anodin parce que la date du 7 février est spécifiquement respectée pour garantir que chaque investiture présidentielle doit se tenir 5 ans après la dernière. Et l’on doit se rappeler que M. Privert n’a pas bénéficié d’une investiture officielle mais d’un diktat officiel de gérance par intérim.

Le bilan des trois dernières années M. Moise est pitoyable. Penser que lui accorder 12 mois de plus changerait le sort des Haïtiens dans la perspective de lendemains meilleurs ne peut être qu’une majuscule illusion. Obliger M. Moise à céder le pouvoir le 7 février 2021, serait plutôt dans la ligne politique de garder une démocratie de fait et illustrerait la confiance d’un État où la constitution est vivante et respectée.

L’intrusion irrespectueuse des colons, particulièrement les américains via leurs agents comme l’OEA, doit être rejetée, dénoncée et la constitution haïtienne doit être respectée et M. Moise doit remettre le pouvoir le 7 février 2021. Point barre.

9 Juin 2020

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