Haïti Top 10: Orchestres et Groupes Musicaux: Numéro #5

Ensemble Sélect, Ex-aequo – Les Frères Déjean

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Ensemble Sélect
(1970’s – 2000- Port-au-Prince)

« Le koupe au panthéon musical national »

 Koupe Kloure

Du « Trio Select » de la fin des années 1950, à l’ « Ensemble Select » du début des années 1970. Quel parcours époustouflant pour Gesner Henry, troubadour de son état qui au pinacle d’une carrière existante avec son « Trio Sélect », alla éventuellement s’impliquer au seuil des années 1970 á se réinventer dans la mouvance « big band ». Au cœur d’une mutation des données symétriques par rapport à la pop music. Ainsi ‘’Coupé Cloué’’ s’est aussi mis au remue-ménage. En assemblant une brochette de musiciens dont les guitaristes Bellerive Dorélien au toucher subtil, et l’autre Jean Pierre Rigal,un autre as des cordes, Daniel Dalcé un bassiste inspiré, de même que Edner Salomon, Edner Saintine , Serge Bernard , Ernst Louis etc. Et, parmi eux l’as du bongo René Pétion s’amenant avec ses douces rêveries schématiques 3/5- 3/6; une cadence métronomique liée á des percussions imagées; ayant codifié l’allure koupe; en plus des arpèges de guitares et une basse bourdonnante; permettant au roi de tenir la garde avec ses prechi-precha musicaux et ses onomatopées. De même que ses tics interprétatifs; mettant en évidence les sujets tabous de la société, pour un auditoire qui prenait goût aux mœurs exposées. Tout en offrant des morceaux et remake à qui mieux-mieux: Sosis, Banbou, Tomazo, Limyè rouj, Map di (Saint Antoine), Sosis (Chanm gason), Mon Konpè, Pita pitris, Ka pèdi, Pwoblem gason, Oumen m avè m, Ti sourit et tant d’autres.

Ce qui eut pour effet de complètement métamorphoser la démarche rythmique du groupe, lequel passa d’un style anba-tonèl à une alternance syncopée et ternaire dans laquelle le bongo prit la fonction de métronome. C’est ainsi que l’ « Ensemble Sélect » captiva d’aplomb la scène musicale du terroir, dans l’emballement des orchestres traditionnels et la ferveur des mini jazz. Partout la contagion koupe avait fait des traces ; pendant que le konpa et les groupes traditionnels subissaient les assauts des brass-bands antillais tels: « Grammaks »., «Aiglons »., « Exile one » etc .Pour s’impatroniser d’ailleurs comme le seul rampart local, durant l’invasion antillaise du milieu des années 1970. Sur cette lancée, il fit appel au leader et chanteur du « Super 9 » Assad Francoeur qui se montra dans ses compositions un tantinet romantique: Marie Jocelyne, Myam myam,Kokiyaj, Souvenir d’enfance etc. donnant au groupe une plus large audience .Puis, ne voulant point dormir sur ses lauriers, le groupe s’est attelé dans la deuxième moitié des années 1970 à conquérir le marché international. Après avoir séduit les Antilles, l’Amérique du nord. Il connut un succès monstre en Afrique. Spécialement en Côte d’Ivoire où épris de sa musique, ‘’Coupé’’ fut proclamé Roi dans l’Alma mater.

La fin des années 1970 a vu le groupe gratifiant des disques à succès tels que :Fanm Kolokent, L’essentiel, Azoukenken, Back to the roots. Véritable faiseur de tubes la bande á koupe n’avait pas fini de tailler la route, pondant des hits tout aussi spectaculaires: Roi Coupe, Select International, Anderdan, Bagay la domine m, Madan Masèl, Ayiti, Bèlmè, Gason kolon, Kenyenk kenyenk, Full Tank, Mango, Sa depan, Donki, Tu peux mettre, Titèt la, Espyon etc. Éventuellement, entre les désistements, désertions et décès, la bande à « Coupé »  a fini par faire peaux neuves avec de nouvelles venues. Et Gesner Henri continua à trôner à la tête de son « Ensemble Sélect », lequel entretemps influence toute la musique de climat; qu’il était devenu une normalité pour des groupes au pays et en diaspora d ‘imiter ses paramètres musicaux. Lesquels, ils s’arc-boutaient à faire danser, interpréter, explorer et réinventer.

Ainsi, deux décades après l’avènement du konpa avec Nemours; Gesner Henry devint le deuxième contemporain à doter le patrimoine musical national d’un nouveau rythme: le koupe, dont claironnait l’ « Ensemble Sélect ». Lequel, malgré une certaine baisse de régime à cause de la santé chancelante du maestro, n’en demeurait pas moins une force à part entière. Après avoir conquis différentes contrées de la planète, le groupe dut finalement se reposer sur son auréole; d’autant que les rumeurs circulaient, que les jours de son fondateur étaient comptés. Et, lorsque finalement Gesner Henry passa de vie au trépas au début de l’année 1998, son ensemble avait déjà inscrit son estampille, d’une façon indélébile au panthéon de la musique haïtienne. En témoignent l’adaptation á outrance de ses notions et la prolifération de groupes: « Wanga Nègès », « Sélect de NY », « Kalito Koupe », « Sweet Sélect », « Konpa Manba » etc, qui avaient fait de lui leur modèle de prédilection.

Les Frères Déjean
(1963 –Pétion-Ville)

  « Signature Déjean, L’International… »

 Freres Dejean

Se situant entre la mouvance yéyé et la génération mini, « Les Frères Déjean » prirent du temps pour s’imposer. A cause de cette posture « big band » qui constitua leur particularité, dont ne s’entichait pas la jeunesse d’alors qui préférait plutôt des groupes plus allégés  comme : Ambassadeurs, Shleu-Shleu, Bossa, Tabou, Difficiles  etc. En y voyant une assimilation à la musique de fanfare.  Tandis que la frappe-Déjean fut auréolée d’envolées extasiées de la ‘’section á vent’’; des saxes de Lyonel le fondateur, et de Fred Déjean, des trompette-trombone  de André Déjean, de la trompette et des vocalises de Isnar Douby, puis les venues de Ernst Ramponnau et De Réginald Benjamin entre autres. Pourtant, il leur a fallu croire en leur art, en plus d’un savoir-faire acquis pour tenir le coup. Eventuellement ce fut finalement la révérence du grand public, dix années après leur naissance. De plus, l’inclusion du crooner Yvon Louissaint et du grand batteur Tico Pasquet alliée á la maestria et au brio de André et Fred Déjean ont fini par apporter la synchronisation longtemps recherchée. Spécialement André, á la trompette et au trombone avec ses mélopées solitaires et sophistiquées et Fred au sax avec sa sonorité tout en sobriété et son phrasé généreux, jouant en tandem, á l’unisson ou en improvisation, avec  accélérations grupeto sur des rebondissements « ellingtoniens ». Faisant palpiter ‘’la ligne de vent’’ la plus originale et la plus colorée des Antilles. Tout en s’acquittant de tubes impeccables.tels: Vive la musique, Marina Vacances La foi, Pa gen pann, Léogâne (remake), Alléluia, Kote menaj ou, Kèlè kèkè, Beauté de la nature, Haiti, Latibonit (remake), Bouki ak Malis, Arete, Qu’est-ce-que la vie? Mots créoles, Debake, Zót.

A cette étape, la marque-Déjean s’avère inarrêtable au fief des Tabou, Skah-Shah, Original Shleu-Shleu à New-York où ils se font aussi prépondérants. De même que les Antilles, qu’ils avaient conquises auparavant. Ensuite, le groupe connut des mutations avec Tuco Bouzi, remplaçant Ernst Ramponnau et Tico Pasquet. De l’intégration de Tipolis l’ingénieux guitariste, ainsi que de la venue du vocaliste Harold Joseph, du bassiste Ernst Vincent etc; l’Ensemble s’infiltre à nouveau à l’avant-scène dans des compositions comme: L’univers, Konviksyon, l’humanité, Eksperyans et Yoyo (remake). Mais, entre de nouvelles controverses, l’International éclata à la frontière canadienne au début d’une tournée en 1979 pour affaires d’’immigration. Ce qui obligea les membres restants à fonder le « System Band ». En effet,, LFD continua à distribuer des tubes tes que: Gladya, Que viva la musica, (What’s happening …?Survive, Jam Session, Malere, Haiti, Belle déesse, Zanmi, An ale, .Et des randonnées moins brillantes dans les albums: Léon et Represyon. C’est ainsi qu’après maintes tumultes et désertions le groupe tomba en débandade, á part quelques réunions sporadiques.

Malgré tout, la « signature-Déjean » a résisté á toutes les tornades; spécialement par l’empreinte indélébile de la trompette colorée de André, au gré d’une caractérisation accentuée, d’un timbre syncrétique, d’une cadence, une mélopée fantaisiste, une envolée jazzée ou d’une trépidance latine. Pendant que le sax de Fred asperge de sa sonorité précise, imprégnée d’un phrasé à la fois discret et sophistiqué; rempli de bonds éloquents. La synthèse solennelle du sax et de la trompette, a mis en relief une approche tonale des cuivres et, dans l’exploration de données énigmatiques correspondant au post-bop. Dans la réconciliation des opposés, avec l’arrière garde qui allume et l’avant-garde qui entame. Une formule qui a échouée dans les Antilles francophones, en Amérique du Nord et en Afrique. Comme l’indique la multitude d’adeptes qui les ont ratifiés et agréés comme modèle d’école tels: Mario Canonge, Tania St. Val, Edith Leffeil, System Band, Dixie band, Channel 10 etc. Il faut dire que toujours actif, André, insiste à distiller son souffle dans des excursions collaboratrices .Quand Fred et André ne trouvent pas une offre alléchante pour une tournée des retrouvailles.

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