Jean Bélony Murat dit « Belo » (Croix-des-Bouquets, 1979)
« Un troubadour moderne »
Dans la galère des assonances orchestrales qui ont dominé l’environnement au cours des dernières décades, il parait que l’artiste soliste semblait devenir comme une espèce en voie d’extinction. Pendant que les stars des groupes en vogue: Arly, Pipo, Gazzman, Mc.D, Alan, Pouchon, Fréro etc. s’accaparaient de la part du lion dans l’attention du public. Alors que les chanteurs solitaires se sont fait rarement voir, et entendre. C’est ainsi qu’au comble de tant de dominance nous surgit Bélo comme dans un éclair. Avec son brin de musique en plus exotique, revendiquant cependant une identité bien caribéenne. Toute entretenue d’un cocktail de: rock-steady, reggaie, rock, afro-pop au world beat. Qu’il retransmit d’une voix haute perchée remplie de salvo assortie d’un pitch scellé d’articulation. Tandis qu’il se sert de sa guitare pour illuminer les ébats sous de multiples rythmes allogènes. Et d’attraits artistiques tout en fanfare; qui en on fait un sacré ‘’one man show’’. Bélo s’est donné à la musique à un âge très hâtif. Dès onze ans, il s’est imposé en friand interprète de Buju Bantou, sa première idole. Celui qui lui donna des ailes pour rêver et croire en ses propres possibilités. Mais aussi Bob Marley et Tracy Chapman dont il s’est aussi régalé à grands jets. De cet engouement, il forma en 1994 en compagnie de ses copains le groupe « Mega Boys », de parcours éphémère. Sa rencontre en 1997, avec San et Fabrice Rouzier va lui permettre de sortir des sentiers battus. En effet, avec Fabrice c’est un nouveau palier à atteindre; afin de majorer ses acquis et de se faire d’autres optiques. Pour se distinguer en chanteur, compositeur, guitariste, interprète en verve.
Tout d’abord, après avoir expérimenté avec la basse, il jeta son dévolu sur la guitare, laquelle va devenir sa compagne sonnante et inspiratrice. Il profite aussi pour achever ses études en comptabilité. Et finalement en 2005, il sort son premier cd: ‘’Lakou Trankil’’, dans une introduction remarquée, en recevant l’adhésion du public. Dans une fusion de ragga, rock -steady, reggae alimentée de rythmes traditionnels haïtiens. Ainsi que des sonorités de la diaspora africaine. Une approche qu’il qualifie de ragganga. Une année après, en 2006, il est classé lauréat du ‘’Prix RFI Découvertes’’, qui le propulse en dehors des frontières locales. Son deuxième opus ‘’Référence’’, avec son cocktail de pop, reggae, rock-steady, funk, world beat etc… se fait encore persistant dans ces annotations, mais dans une musique plus structurée; avec un lyrisme exposant les tares sociales de son milieu.
Entretemps. Jean Bélony est devenu une star à part entière, étalant les cris de détresse du monde et de son pays; avec une musique rappelant que l’art n’a plus de confins. Mais l’artiste est le medium lequel de par son inventivité s’emploie au fusionnement des vibrato pluriels. C’est ainsi qu’en 2011, il sort:’’Haiti debout’’, qui s’apitoie sur les ravages causés par le tremblement de terre de 2010. Un événement qu’il a bien entamé. Puisqu’il s’est mobilisé dans l’organisation de plusieurs concerts-marathon en vue des levées de fond pour les victimes. Avec autant de faits saillants en plus motivants; l’ayant catalysé à épurer son âme de troubadour pour en faire une éponge imbibée de larmes. La musique aussi est devenue plus sophistiquée, à travers ces paramètres qu’il a toujours concoctés; et qu’il a qualifiés de ‘’sonorité internationale’’.
Une variation qu’il tient à consolider; en jouant avec des musiciens de divers pays, comme le guitariste camerounais Blick Basy, le percussionniste malien Prince Koné, ainsi que Harouna Samaké, le bassiste béninois Patrick Ruffino. Le pianiste argentin Gabriel Saientz, le batteur costa-ricain Carlonagno Araya, le saxophoniste vénézuélien Ed Callé entre autres. Comme ça, il est satisfait dans sa peau d’interprètre planétaire. Lequel s’en va aux quatre coins du monde: En Afrique où il fut ovationné: Mali, Togo, Ghana. Sénégal, Niger, Burkina Faso, de même qu’en Amérique latine, l’Europe, les EU, Canada. Pour nous rappeler dans l’œuvre: « Natif natal », afin de bien mettre les points sur le I; à savoir que comme ambassadeur itinérant d’un art; même quand elle est d’une connotation distincte, le battement de son cœur demeure indigéniste.
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Jean-jean Roosevelt (Jérémie, 1983)
« Une nouvelle étoile scintillante»
Un autre troubadour des temps récents, cet auteur, chanteur, compositeur, guitariste, percussionniste, est arrivé infatué de musique. Né d’une famille inspirée d’eurythmie, sa mère fut un chorège et son père un guitariste. On raconte même à son égard, qu’il est venu au monde pendant que sa maman dirigeait une chorale. C’est ainsi que rompu de sons et de mots, il apprit en autodidacte à jouer de la guitare à six ans. Remportant à cet âge sa première compétition, lors d’un concours organisé par Radio Grand ‘Anse. C’est ainsi que chemin faisant Jean Roosevelt Jean continue à cultiver ce don inné qu’est la musique. Sans pour autant négliger ses études académiques; jusqu’à l’université où il décide enfin de s’acquitter de sa vocation et de son talent de musicien dans l’âme.
Cela dit, il s’est qualifié dès l’enfance à s’imposer en têtes d’affiche des ébauches culturelles environnantes. Pourtant, paradoxalement tout comme son alter-ego, Bélo qui baigne dans l’exotisme au regard de rythmes natifs. Jean-Jean lui même reste un chanteur de prépondérance française. Affirmant avoir fait ce choix pour ne pas être isolé du monde. (pas convaincant). Ou n’est-ce pas une cathédrale chère aux lettrés de la ‘’Cité des poètes’’? Bien que à son crédit sa musique se caractérise d’attestations locales dans une germination de rythmes autochtones: kongo, ibo, nago, raboday, yanvalou, djouba, etc, qu’il s’efforce de valoriser, incorporés dans des accoutrements world-beat et qu’il prénomme ‘’tchaka’’.
Préalablement, en 2003, il s’installe à Port-au-Prince pour majorer son art. Mais son talent de compositeur tape si fort à l’œil qu’il devient très convoitisé pour créer des indicatifs musicaux. Devenant le pourvoyeur exclusif de canal télévisé Télémax, qui va enfin le révéler au public; composant à l’occasion la chanson ‘’Balade Max’’, qui est le générique d’une émission télévisée. Il s’est classé après en 3e place en 2005 du concours ‘’Solèy sounds’’. Son premier cd:’’ Recommencé’’ qui sort en 2007 reçoit un accueil honorable et lui donne l’opportunité d’exposer ses talents en Europe, dans les Antilles et la diaspora. En 2009, il présente:’’Pinga’’, à cette étape ses chansons sont fredonnées dans tous les coins. Et en 2012, l’œuvre ‘’Y’a danger’’ qui le propulse vers le sommet et, conséquemment, il gagne en 2013 comme représentant du pays la médaille d’or aux jeux de la francophonie à Nice en France, parmi 75 pays.
Pour Jean-Jean, c’est un privilège que de pouvoir jouer avec des musiciens de différents horizons:’’C’est un partage culturel parmi les nations, c’est une multitude de richesses. On retrouve les mêmes valeurs entre nous, alors que l’on vient des quatre coins du monde. Nous sommes tous du même grand village’’. En 2015, il fut encore couronné du prix TV5Monde. Depuis, il a connu des fortunes diverses. D’abord un foutu accident de voiture dans lequel il fut sauvé miraculeusement. Un stand-up avec des kidnappers pendant qu’il allait se produire à Mirebalais. Et la destruction systématique de sa Grande Anse native lors du passage de l’ouragan Mathieu. Pourtant, il ne démord pas et persiste dans sa mission et de ses idéaux ’’qu’un monde meilleur est possible’’. Travaillant d’arrache-pied pour la sortie d’un quatrième opus.
S’impliquant en die-hard féministe « Donnez le monde aux femmes» et part en croisade contre le sida. Tout en se donnant bien à la cause des enfants déshérités dans l’organisation des collectes de fond pour des orphelinats: « Les enfants d’abord». Gratifiant à cet effet un cd de 4 morceaux pour ‘’Ti moun yo’’. Il est aussi un défenseur de la francophonie locale et fut nommé ambassadeur de la francophonie. Sans répit, il continue d’exhiber sa musique de vibrations plurielles, avec son timbre pétri de musicalité et de diction, ses chansons rythmées comme testament universel, et dont la résonance a traversé les pénates. Que ce soit en chansonnier ou en show-man, toujours la guitare en bandoulière. Au comble d’acclamation diverses le nourrissant à devenir en ce temps où la place reste encore vacante depuis le départ de Ansy Dérose, le messie de la chanson haïtienne contemporaine.