André pour sa part a émergé en foot-balleur doué á l’Institution Saint Louis Gonzague. Et fit montre de ses aptitudes au ‘’Land Dessalines’’. C’est ainsi qu’après avoir en compagnie de Cator dominé les ébats athlétiques au pays, ils furent avec Armand sélectionnés pour les Jeux Olympiques de Colombes en France, en 1924. Arrivés á Paris, ils furent intégrés au sein du Club Athlétique des Sports Généraux (CASG), sous la houlette de l’instructeur Lambergeon. Malgré une préparation physique laissant á désirer, l’équipe haïtienne termina quand même en troisième position. Après la fin des Olympiades, Théard et Cator décidèrent de rester en France. André pour parfaire ses études de génie. Tout en continuant á se bonifier avec le C.A.S.G; remportant certaines compétitions post-olympiques. Spécialement dans les épreuves du Sprint dans lequel il fut au dessus de Cator.
En 1926, c’est en Allemagne que Théart en fit voir de toutes les couleurs á ses compétiteurs. Notamment, l’Allemand Koerning qu’il battit á plate couture, après que ce raciste avait préalablement dédaigné de lui serrer la main. Ainsi dix ans avant les prouesses du noir états-unien Jessie Owens, Théart avait déjá jeté le gant aux Allemands. Une année plus tard, il réitéra en Italie pour les Jeux Universitaires, lorsqu’il fut inclus au sein d’une sélection universitaire française; gagnant la main haute les Jeux de Rome dans les cent mètres en 10’’ 3/5’’. En 1928, á Paris où il fut toujours étudiant, il retint son titre, et au moment de recevoir sa médaille, l’orchestre faisant mine d’ignorer que c’est un Haitien qui venait de pulvériser le record, exécuta plutôt l’hymne états-unien. C’est alors que A. Théart hors de lui-même ordonna á la fanfare d’arrêter l’hymne de la Bannière Étoilée. Lorsqu’on lui fit comprendre que ‘’La Dessalinienne’’ ne fut pas disponible. C’est alors qu’il permit á l’orchestre d’interpréter l’Hymne Royal.
Le lendemain, c’est un Mussolini radieux qui lui envoya un drapeau Italien estampé de l’emblême de La Jeunesse Fasciste. Sur cette lancée, il remporta á Bundapest le tournoi en éliminant sous les yeux de son public le champion Hongrois. Toujours incorporé au sein d’une sélection universitaire française, il parcourut toute l’Europe, remportant des victoires spectaculaires ici et lá. Paré de son titre de champion universitaire, il est choyé en Europe et en France et inspire respect aux hôtes qui y voient l’image d’une Haiti émancipée. Il fut aussi vénéré aux Antilles Françaises qui en firent leur grand représentant. En 1928, il fut rejoint par son illustre compatriote Cator en vue des préparations pour le compte des Jeux Olympiques d’Amsterdam; desquels Haïti sortit deuxième, bien que Cator eut aussi la malchance de rater de peu la médaille d’or á cause d’un faux pas. L’année suivante, Théart retrouva son titre de champion du monde universitaire, demeurant le meilleur sprinter jusqu’en 1931, lorsqu’il retourna au bercail muni de son diplôme d’ingénieur (et de sa femme française).
Il fut reçu triomphalement par le public sportif. Installé dans son patelin, il continua á s’entrainer en vue des jeux olympiques de 1932, malgré l’absence d’infrastructures adéquates et de ressources matérielles qui perturbèrent les préparations. De ce fait, une somme de $1.600. 00 dollars fut difficile á collecter á cet effet. Encore une fois, il a fallu la générosité de la population dont la cotisation fut déterminante pour cette dernière participation des deux héros nationaux aux olympiades. Et ce fut dans des conditions exécrables que Théart et Castor prirent part aux jeux de Los Angeles. Lesquels il loupe piteusement. De retour au pays, et après avoir raccroché les chaussures sportives, il apporta son expertise á la consolidation du sport, mais sans omettre de pointer du doigt les responsables qui ne faisaient que s’asseoir sur leurs lauriers et ne faisaient rien pour sortir le sport des rancarts de l’immobilisme. Subséquemment, il devint administrateur au Département des Finances. Puis, Ministre de Commerce et d’Industrie de ‘’papa doc’’. Il devint successivement dirigeant du Racing Club Haïtien, ensuite celui du Violette Athlétic Club. En deux occasions il fut président de la Fédération Haïtienne de Foot-ball et, á la ronde: Secrétaire d’état, Ministre et Ambassadeur á Washington. S’impliquant dans des entreprises qu’il savait, sans fondement et viciées. Jusqu’à ce qu’il disparut dans la pénombre de l’oubli.
- *Maints détails sont extraits de l’ouvrage de Pascal Médan:’’Gouverneurs de la cendrée’’.