PetroCaribe est un accord de coopération énergétique lancé en 2005 par le Venezuela avec une quinzaine de pays, dont Haïti. Les bénéfices devaient servir pour financer des projets sociaux et de développement. PetroCaribe a fait l’objet d’un audit de la Cour des comptes haïtienne en 2019.
Trois dates
5 mars 2008 : Première livraison de pétrole vénézuélien.
14 août 2018 : Photo sur twitter de Gilbert Mirambeau JR, lançant le mouvement des Petrochallengers. [Où est l’argent de PetroCaribe ?]
9 février 2019 : opération « pays lock » : le pays est paralysé pendant onze jours.
Trois exemples
Le contrat pour la construction de l’hôpital Simbi continental de Martissant a été signé avant la résolution autorisant le projet. Construit à 70%, le chantier est à l’arrêt depuis 2016 (il devait être achevé en 2015). Il a coûté près de six millions de dollars.
Agritrans (production de bananes) dont Jovenel Moïse était le PDG, a été engagé pour réhabiliter une route. Une autre firme, BETEX, avec le même numéro d’immatriculation fiscale et le même personnel a signé un contrat pour les mêmes travaux. La Cour évoque un « stratagème de détournement de fonds ».
Le mégaprojet touristique de l’Ile-à-vache comprenait la construction d’un aéroport international, d’un port et d’une infrastructure touristique. Le chantier, à l’arrêt depuis 2017, a coûté seize millions de dollars.
Trois chiffres
4,237 milliards de dollars : total des ressources générées de 2008 à 2018.
43,9 millions : nombre de barils de pétrole livrés et commercialisés.
117.115 : nombre de « bénéficiaires fictifs » de trois programmes sociaux du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES) pour 2012-2014.
Trois responsables
Joseph Martelly : Président du 14 mai 2011 au 7 février 2016. Les deux tiers des fonds Petrocaribe ont été transférés sous son gouvernement.
Laurent Lamothe : Conseiller spécial du président, ministre des Affaires étrangères, puis Premier ministre du gouvernement Martelly.
Jovenel Moïse : Président actuel (depuis le 7 février 2017), ancien PDG d’Agritrans, et freinant l’enquête en cours.
Trois conclusions (provisoires)
Il s’agit d’une corruption à grande échelle, systémique et orchestrée. Tous les mécanismes de contrôle et tous les contre-pouvoirs, dont, au premier chef, la Cour des comptes elle-même, mais aussi la Justice et le parlement haïtiens, ont failli.
Les conditions d’un procès ne sont actuellement pas réunies. Manque avant tout la première condition : la volonté politique du gouvernement.
Les avancées obtenues ne l’ont été que sous la pression des manifestations des Haïtiens. Et sans cette pression, il n’y aura ni procès ni justice.
CETRI 18 juin 2019